L’été a été propice aux arbitrages ministériels décisifs. Après la confirmation du transfert des garanties publiques de Coface à Bpifrance, la question du doublon entre Sopexa et Business France dans les activités de soutien aux exportations agroalimentaires françaises a été tranchée par le Premier ministre : Manuel Valls a annoncé le transfert à Business France des activités de Sopexa exercées dans le cadre de sa délégation de service public (DSP) auprès du ministre de l’Agriculture.
L’annonce est passée inaperçue dans les médias, car elle a été faite le 26 août, dans un discours aux ambassadeurs réunis lors de la Semaine des ambassadeurs, et tient dans une toute petite phrase au milieu d’un paragraphe qui aborde aussi le sujet de l’export et de l’attractivité. «Pour plus de cohérence, à partir du 1er janvier 2016, les activités publiques de la Sopexa, l’opérateur de promotion de la filière agroalimentaire française, seront transférées à Business France», a indiqué le chef du gouvernement.
Contacté par la Lettre confidentielle début septembre, Sopexa, qui doit tenir son conseil d’administration fin septembre ou début octobre, n’a pas encore commenté cette annonce. Chez Business France, dont le département Agrotech emploie près de 200 personnes et dont l’agroalimentaire génère 20 % de l’activité, la nouvelle a été accueillie avec satisfaction. « Cela rendra plus lisible le dispositif », nous a confié Muriel Pénicaud, lors d’un entretien exclusif. Le transfert devrait se faire en deux étapes, nous a-t-elle précisé : la première étape, dès 2016, concernera l’organisation des mini salons et expositions, la deuxième étape, en 2017, l’organisation de pavillons sur les grands salons étrangers. Les personnels dédiés chez Sopexa à ces activités de DSP passeront également chez Business France.
Ce transfert va ainsi clore, au profit de l’opérateur national, un sujet qui agitait l’écosystème du Commerce extérieur français depuis des années, avec la rivalité historique que se livraient Ubifrance (devenue Business France) et Sopexa -devenue une société privée très dynamique dans le marketing international des produits alimentaires- sur le marché de la prospection et des pavillons sur des salons étrangers pour les entreprises de l’agroalimentaire. Réclamé par les entreprises pour plus de cohérence et de simplicité, le chantier du rapprochement entre Sopexa et Business France sur ces activités avaient été relancé par l’ancienne ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq. Il faisait ainsi partie des recommandations du rapport sur l’évaluation des dispositifs de soutien à l’internationalisation de l’économie française remis en juin 2013 à la ministre, qui ont inspiré nombre de réformes de simplification menées par la suite, dont la fusion entre Ubifrance et l’Afii*.
Depuis deux ans, les discussions entre les dirigeants d’Ubifrance et Sopexa se poursuivaient, un temps ralenties par les réformes de l’opérateur national. Restait à savoir qui l’emporterait de Business France ou de Sopexa**. Les jeux sont faits, désormais.
C.G et F.P
*Les mesures choc de la Mission Desponts / Bentejac pour réformer le millefeuille
**Exclusif : Jean-René Buisson, président de Sopexa : « Muriel Pénicaud est très diplomate »