Après la promotion de la « France créative », celle de « l’atout RSE ». C’est ainsi sur la valorisation à l’export des standards français en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE) et la mise en œuvre de son plan anti-corruption que Matthias Fekl a insisté lors de son intervention devant quelques 250 chefs de Services économiques, le 6 janvier à Bercy, selon le texte de son discours obtenu par la Lettre confidentielle.
Le secrétaire d’État au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger était chargé d’ouvrir une session co-organisée par le Medef et le Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF) et consacrée au thème « De la conformité à la compétitivité : nouveaux cadres de gouvernance et stratégies internationales des entreprises », lors de la convention annuelle des chefs des services économiques, qui se tenait à Bercy, à Paris, cette semaine.
« La France doit désormais mieux projeter ces atouts à l’international »
D’abord un satisfecit pour la France et ses grandes entreprises, qui seraient en pointe en matière de conformité aux standards internationaux de RSE : « 60 % des entreprises françaises de plus de 1 000 salariés ont une politique RSE jugée ‘ performante ‘ ou ‘ exemplaire ‘, plaçant la France loin devant la moyenne de l’OCDE (45 % environ), et des BRIC (13 % environ) », selon le secrétaire d’État, qui cite un rapport de mars 2015 d’Ecovadis et Médiation Inter-Entreprises du ministère de l’Économie.
Et d’estimer que « le cadre institutionnel français est mature : nos entreprises se dotent de politiques ambitieuses, notre cadre législatif national et européen est exigeant et nous avons des lieux institutionnels de débat et de promotion de la conduite responsable des entreprises ». Il faut donc à présent le faire valoir à l’international face à une concurrence pas toujours regardante. « La France doit désormais mieux projeter ces atouts à l’international et les services économiques que vous dirigez peuvent contribuer à cette projection », a notamment déclaré le secrétaire d’État.
Les mesures concrètes du « plan de renforcement de la lutte contre la corruption à l’international »
Pour les « pistes d’action », Matthias Fekl mise avant tout sur la mobilisation « de manière pertinente » de l’existant. Et il n’a pas manqué cette occasion de revenir sur les mesures concrètes de son « plan de renforcement de la lutte contre la corruption à l’international », lancé l’an dernier, mesures inspirées, entre autres services de l’État, par la DG Trésor, et qu’il faut mettre en œuvre.
Ainsi en matière de politique commerciale, « il s’agit de renforcer les dispositions relatives à la lutte contre la corruption dans les accords commerciaux bilatéraux qui seront négociés ». Certains pays européens auraient rallié cette position comme le Royaume-Uni, mais « nous devons en convaincre d’autres pour élargir l’alliance ».
En matière de financements du commerce extérieur, « nous nous sommes assuré que toutes les procédures publiques de soutien opéraient conformément aux plus hauts standards de certification éthique ».
Dans le domaine de la promotion commerciale, ce sont les opérateurs du dispositif de soutien au commerce extérieur qui vont devoir s’activer. Le secrétaire d’État compte profiter de la la prochaine réunion du Conseil stratégique de l’export « pour demander à tous les opérateurs contribuant directement ou indirectement à l’appui aux entreprises, Business France, Expertise France, réseau des CCI en France, de mettre à jour leur politique de conformité éthique ». Matthias Fekl a aussi salué à cette occasion, en s’adressant à Alain Bentejac qui était présent, la mise sur pied par les Conseillers du commerce extérieur (CCE) d’une Commission d’éthique « destinée notamment à prévenir les conflits d’intérêt ».
Agents du réseau extérieur et diplomates n’ont pas été oubliés : « nous avons systématisé un module de sensibilisation à la lutte contre la corruption tant à destination des nouveaux ambassadeurs qu’aux agents du Trésor affectés en poste à l’étranger ».
« Les services économiques doivent toujours être en veille et conseiller efficacement les entreprises à cet égard », a encore insisté le secrétaire d’État, qui a conclu son discours en appelant le réseau extérieur du trésor à « contribuer à mieux faire connaître ces politiques de nos entreprises vis-à-vis des publics et autorités locales, pour en transformer les engagements en avantages compétitifs, en particulier vis-à-vis des bailleurs internationaux actifs en matière de développement ».
Du pain sur la planche. Car si les grandes entreprises françaises internationalisées sont effectivement plutôt avancées en matière de RSE et de transparence extra financière, on est loin du compte dans le tissu des ETI (entreprises de taille intermédiaire) et PME, souvent désarmées face aux problématiques de corruption à l’international. Des priorités du secrétaire d’État, curieusement peu citées dans son discours.
Christine Gilguy