L’OSCI, qui regroupe les sociétés privées d’accompagnement et de commerce international, a accueilli plutôt favorablement les annonces du Premier ministre du 23 février sur la nouvelle stratégie pour le commerce extérieur*. Ce n’est pas une surprise : son président Étienne Vauchez faisait partie des quelques représentants de cet écosystème -dont les dirigeants des réseaux consulaires Pierre Goguet et Arnaud Vaissié– conviés à s’exprimer devant les étudiants de l’Edhec sur « la culture de l’export : formation, jeunes et international », lors d’une conférence animée par la députée Marie Lebec et le directeur général de Business France Christophe Lecourtier, avant l’intervention d’Édouard Philippe**. Tout un symbole – voulu par les organisateurs- pour ces « privés » de l’accompagnement à l’export habitués à se tenir sur la défensive vis-à-vis des opérateurs publics et des réseaux consulaires souvent soupçonnés de fausser la concurrence.
« La première fois que les opérateurs privés ont été associés à la réflexion »
L’OSCI ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Dans un long communiqué publié le 27 février, c’est ainsi d’abord « de la manière dont le gouvernement aborde le sujet » qu’elle se réjouit, observant que « c’est la première fois que les opérateurs privés [qu’elle représente] ont été associés à la réflexion du gouvernement sur l’évolution de l’exportation française » et en remercie tous les représentants. Saluant la pertinence de « l’intervention du Premier ministre et de ses équipes » sur un sujet « transversal » comme l’est le commerce international, elle espère que celui-ci « pourra continuer à inspirer l’évolution du dispositif export ».
Applaudissant également à la constitution du groupe d’études parlementaire -que préside Marie Lebec- sur « Attractivité de la France-export-Investissement-Compétitivité », l’OSCI note avec satisfaction que la « clarification des rôles des acteurs publics » s’opère « dans un esprit de respect réciproque et de création de collaborations avec les acteurs privés ». « Nous plaçons beaucoup d’espoirs dans cette relation nouvelle », insiste le communiqué.
« Force de proposition sur certains sujets sensibles »
Dans le même communiqué, l’organisation montre toutefois qu’elle garde une certaine distance avec les orientations prises en matière de réforme du dispositif public d’accompagnement, signe que ses membres, pour lesquels les questions de concurrence sur les marchés de l’accompagnement restent très sensibles, en suivront la mise en œuvre avec beaucoup d’intérêt.
De fait, avertit-elle dans son communiqué, l’OSCI, qui souhaite néanmoins se monter constructif des pouvoirs publics, « sera force de proposition sur certains sujets sensibles », indique le communiqué. Quels sont-ils ?
Réseau public privé, assurance prospection, formation, DSP…
Sans surprise, le premier point sensible est la constitution « d’un véritable réseau de compétences public-privé », qui implique, selon elle, que « le dispositif public coopère réellement avec les opérateurs privés » et que les deux « apprennent à se connaître de façon suffisamment fine, en région et à l’étranger ».
Également sensible le sujet de l’amélioration de l’assurance-prospection, pour laquelle l’OSCI relève des points négatifs comme la dégradation de « l’aspect assurantiel » ou le maintien « d’anomalies anciennes pourtant connues », citant « différents plafonnements qui réduisent de facto la prise en charge des risques ou limitent le choix entre différents modes d’entrée sur les marchés ».
Autre point sensible, la « formation des VIE », insuffisante en matière de commerce international à ses yeux. « L’OSCI proposera à Business France, en partenariat avec les enseignants-chercheurs de l’association francophone de management international, un dispositif de formation des VIE », souligne le communiqué, sous la forme de stages avant le départ des jeunes à l’étranger et de webinars pendant leur mission.
La formation des chefs d’entreprises au commerce international est également un sujet sur lequel l’OSCI souhaite faire entendre sa voix. Cela passe, selon elle, par « de nouveaux types d’expérience d’apprentissage », citant en exemple les clubs Stratexio qui font du coaching d’entrepreneurs en petit comité. Il faut donc « diversifier ce type d’offre », estime l’OSCI.
Enfin dernier point sensible, la « mise en place des DSP » (Délégation de service public) via des appels d’offres dans les pays étrangers dont Business France doit se retirer. Les sociétés privées qui se porteront candidates seront en concurrence avec les Chambres de commerce et d’industrie françaises (CCIFI) qui ont beaucoup développé leur offre de services aux entreprises ces dernières années. La crainte de l’OSCI ? « Le choix de l’attributaire ne doit pas déboucher sur la captation de tous les exportateurs par cet opérateur ». D’où la nécessité, selon elle, d’inclure dans le périmètre de la DSP « un travail de recensement des compétences sur le pays et de fléchage de chaque entreprise vers les meilleures solutions possibles » et « un rôle de régulateur dans chaque pays ».
Les acteurs privés de l’accompagnement sont donc positifs sur les orientations affichées, mais demandent à voir la mise en œuvre concrète. Et pour en rajouter une petite couche sur ce sujet décidément très sensible, parmi les nouveaux sujets qu’ils proposent de mettre sur la table « pour aller plus loin », la création « d’une instance légère de gouvernance de la relation public privé » avec toute une série d’engagements à respecter de part et d’autre. A suivre…
Christine Gilguy
*Commerce extérieur : les 19 mesures de la nouvelle stratégie de soutien à l’export
**Commerce extérieur : E. Philippe lance une nouvelle stratégie pour doper l’export
Pour prolonger :
Lire dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui :
–Commerce extérieur : 19 mesures pour réduire le millefeuille et doper les exportateurs
–Les Régions apportent leur soutien à la réforme
–Les CCI se réjouissent de l’alliance avec Business France
–Le président des CCE salut la réforme mais liste ses « points de vigilance »
–L’État veut aussi simplifier le millefeuille des filières sectorielles