Le déficit commercial abyssal atteint en 2022 (-163,6 Md EUR) masque des évolutions positives à l’exportation, dont la progression a été à deux chiffres (+ 18,5 %). Revue de détail par secteurs et par zones géographiques.
D’après les chiffres publiés par la douane le 7 février, l’année à même été plutôt bonne pour les exportations françaises, malgré les tensions géopolitiques et les perturbations d’approvisionnement en composants et matières premières qui ont pu freiner la production après la forte reprise du second semestre 2021. Elles ont progressé de 18,5 % (FAB), accélérant par rapport à 2021 (+ 17,1 %).
Chiffres clés du commerce extérieur 2022 / 2021
-Importations (FAB) : 758,1 Md EUR (+ 29,1 %)
-Exportations (FAB) : 594,5 Md EUR (+18,5 %)
-Solde FAB / FAB : -163,6 Md EUR (-78,1 Md EUR)Selon la Douane, en incluant le matériel militaire et les données sous le seuil (de collecte), le solde CAF / FAB chute de – 83,9 Md EUR pour atteindre – 189,5 Md EUR.
Hors énergie, tous les secteurs de l’agriculture et de l’industrie ont connu des progressions vigoureuses à l’exportation en valeur en 2022, sans doute stimulée par l’inflation.
Les produits manufacturés
ont progressé de 15,9 % à l’export
D’après la Douane, « les exportations sont portées par le dynamisme des ventes produits manufacturés, qui dépassent leur valeur de 2019, dans un contexte de hausse des prix ». La progression pour les biens manufacturés a été de + 15,9 % (après + 14,9 % en 2021), « due essentiellement à l’augmentation des prix à l’exportation ». En valeur, les exportations de produits manufacturés ont ainsi dépassé leur niveau de 2019.
Les performances export par secteur en 2022
–Aéronautique et spatial : 46 Md EUR, + 21 % (import : + 33 %)
Excédent : + 23 Md EUR (+21 Md EUR en 2021)–Textile-habillement-cuir : 37,8 Md EUR, + 21 % (import : + 23 %)
Déficit : – 11 Md EUR (- 8 Md en 2021)–Métallurgie : 40,9 Md EUR, + 21 % (import : + 23 %)
Déficit : – 16 Md EUR–Agriculture, agroalimentaire : 61 Md EUR, + 14,2 % (import : + 18 %)
Excédent : + 5,6 Md (+ 7,4 Md en 2021)–Chimie, parfum, cosmétique : 78 Md EUR, + 18 % (import : + 30 %)
Excédent : + 12 Md EUR (+ 15 Md en 2021)–Automobile : 48,3 Md EUR, + 9,4 % (import : + 10 %)
Déficit : – 20 Md EUR (- 18 Md en 2021)– Pharmacie : 38,2 Md EUR, + 8,2 % (import : + 8 %)
Excédent : + 3 Md EUR (+ 3 Md en 2021)–Biens d’équipement : + 13 % (import : + 13 %)
Déficit : -43 Md EUR (- 39 Md en 2021)
Par grande catégorie, les produits de la catégorie « autres produits industriels », qui incluent les biens de consommation dont la chimie-parfums-cosmétique, le textile-habillement, la pharmacie, les caoutchouc et plastique, le papier-bois-carton, les produits métallurgiques et métalliques, explique, en valeur et en volume, la moitié de la progression à l’exportation.
Les exportations ont été particulièrement dynamiques pour les produits de la chimie (+18 %), les produits métallurgiques et métalliques (+ 20,5 %), le textile-habillement (+ 20,9 %). Mais elles ont aussi été dynamiques dans le bois-papier-carton (+24,4 %), les parfums et cosmétiques (+18 %), les produits pharmaceutiques (+ 8,2 %), le plastique et caoutchouc (+ 13,5 %), et les produits manufacturés divers (+ 16,5 %).
Concernant les matériels de transport, ils ont également poursuivi sur la lancée de 2021 (+ 17,1 %), mais n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant-crise sanitaire, se situant à 85 % du montant de 2019. Une partie de l’explication réside dans l’évolution des exportations du secteur aéronautique et spatial, dont la forte reprise a été freinée en 2022 par la difficulté à faire remonter les cadences de production et la hausse des coûts de l’énergie et sont encore à 75 % de leur niveau de 2019 ; les livraisons ont néanmoins progressé de 21 %.
La construction navale, pour sa part, a enregistré un bond de 115,5 % de ses ventes (4,8 Md EUR), boostées par la livraison de trois paquebots et les exportations de produits automobiles de 9,4 %. Pour ces derniers, le principal frein a été les difficultés d’approvisionnement en composants, notamment électroniques.
Les exportations de machines (+10,7 %), matériels électriques et ménagers ((+ 14,1 %), électroniques et informatiques (+ 16, 2 %), sont également sur des tendances dynamiques. L’agroalimentaire a pour sa part vu ses ventes progresser de +14,2 %, après + 15 % en 2021. Quant aux exportations de produits agricoles, dopées par les hausses de prix, leur valeur à bondi de +35,6 % en 2022 (+6,8 % en 2021).
L’Amérique et les Etats-Unis, première zone de progression
Par grande zones géographiques, la progression des exportations française a été généralisée, avec toutefois des variations selon les zones et les pays.
Dans le détail, la plus forte progression a été enregistrée vers l’Amérique avec + 28,4 % (65,9 Md EUR), stimulées par les performances obtenues aux Etats-Unis (+ 32,6 %), qui représentent 73 % du total en valeur.
La deuxième meilleure progression a été enregistrée au Proche et Moyen-Orient (+ 25,5 %), mais pour un montant en valeur moindre de 14,7 Md EUR.
Enfin, la troisième meilleure progression a été générée par l’Union européenne (UE), avec + 21,2 %. L’UE est, de loin, le premier débouché des exportations française avec 324 Md EUR, soit 55,5 % du total hors matériel militaire. Les ventes françaises ont progressé notamment vers ses trois principaux marchés que sont l’Allemagne (+ 14,4 %, 80,3 Md EUR), l’Espagne (+ 19,5 %, 44,4 Md EUR) et l’Italie (+ 38,4 %, 54,2 Md EUR).
La quatrième meilleure progression a été enregistrée vers l’Afrique : + 19,6 %, à 28,1 Md EUR.
Vers l’Europe hors UE, la tendance a été plombée par l’effondrement des exportations vers la Russie (-52,6 %, à 3,1 Md EUR), dans le contexte des sanctions et contre-sanctions liées à la guerre en Ukraine : la progression n’a été « que » de 13,4 %, portée notamment par le Royaume-Uni (+18,1 %, à 34,4 Md EUR).
Enfin, les ventes françaises vers l’Asie sont un peu à la traîne (+7,3 %, à 71,9 Md EUR), entravées par la persistance des contraintes sanitaires et de leur impact sur l’activité durant au moins toute la première moitié de l’année. Elles ont même reculé vers la Chine et Hong Kong de -1,1 % (29,5 Md EUR).
A noter que d’après la Douane, la dégradation du déficit commercial en 2022 concerne avant tout les échanges avec les pays tiers, ce qui paraît logique compte tenu du poids des approvisionnement en hydrocarbures et matières premières dans ce déficit (86 %).
Le solde commercial s’est ainsi dégradé de – 72,8 Md EUR en 2022 avec les pays tiers, pour atteindre – 125,5 Md EUR, contre – 9 Md EUR avec l’UE (-63,6 Md EUR). Le plus gros déficit est enregistré avec l’Asie (70,6 Md EUR, dont -48 pour la seule Chine), suivie de l’Amérique (-12,5 Md, dont – 13,5 Md avec les Etats-Unis), l’Europe hors UE (-11,5 Md, malgré le bel excédent avec le Royaume-Uni de 5,5 Md EUR), l’Afrique (-10,8 Md) et le Proche et Moyen-Orient (-3,3 Md EUR).
C.G
Plus de détails dans la note statistique de la Douane, téléchargeable ci-après