En 2013, les filiales des multinationales sous contrôle étranger ont représenté près de la moitié des échanges (importations et exportations) de la France, c’est ce que révèlent les douanes dans leur dernière étude mensuelle parue le 9 janvier.
Les groupes multinationaux sous contrôle étranger ont tendance notamment à importer, « ils représentent la moitié des achats (257 milliards d’euros), contre 41 % des exportations (175 milliards) », précisent les douanes. Ces proportions restent néanmoins proches de celles observées au Royaume-Uni (45 % des importations et 50 % des exportations relèvent de groupes étrangers), mais supérieures à celles recensées en Italie (respectivement 24 % et 40 %). A noter que les données ne sont toutefois pas disponibles pour l’Allemagne et l’Espagne.
Les filiales sous contrôle américain captent le tiers des échanges des groupes étrangers implantés en France, loin devant les groupes allemands (17 %). Celles affiliées à des groupes britanniques, suisses et japonais présentent un poids inférieur à 10 %.
Autre constat, un grand nombre de filiales étrangères intervenant dans les échanges français sont des opérateurs du commerce de gros qui importent pour revendre sur le marché intérieur. A noter que plus de la moitié des importations des groupes étrangers proviennent du commerce de gros, contre 39 % de l’industrie manufacturière.
Pharmacie, chimie et machines industrielles, dominent les échanges
Les échanges des filiales étrangères se concentrent sur la chimie (hors parfums), la pharmacie et les machines et équipements. Ces trois filières représentent plus du quart des flux commerciaux des groupes étrangers.
Dans la pharmacie, les flux d’échanges de marchandises sont constitués par 82 % d’importations et 62 % d’exportations. Dans le commerce des machines et de la chimie, leur poids dans les exportations, comme dans les importations, dépasse 60 %. Quant aux produits de la sidérurgie, « la prédominance des groupes étrangers (70 % des échanges) vient du contrôle progressif des entreprises du secteur par des capitaux indiens (même si leur siège est basé au Luxembourg) et allemands », observent les douanes.
Les grands groupes sont également présents dans les produits de la santé (équipements électromédicaux, instruments à usage médical) et sans grande surprise dans les produits informatiques et électroniques – des filières dominées sur la scène internationale par des Américains, Japonais ou encore des Coréens – et le pétrole raffiné.
Des faiblesses notoires dans les parfums et cosmétiques, matériels de transports, et l’agroalimentaire
A l’inverse, s’agissant des métaux non ferreux, la téléphonie, l’automobile ou encore les parfums et cosmétiques, les grands groupes étrangers ont une présence moins forte. Dans l’automobile, les filiales étrangères ne réalisent que 30 % des exportations et 60 % des importations. Quant à la filière des parfums et cosmétiques, rappelons que celle-ci constitue un des avantages comparatifs de la France qui dans ce domaine dispose d’un positionnement haut de gamme lui permettant de se protéger de la concurrence des pays émergents (voir notre article). De plus, les parfums et cosmétiques génèrent le plus gros excédent de la filière (+ 8,6 Mds EUR en 2013, contre + 5,6 Mds EUR en 2003).
La présence des groupes étrangers est également faible dans les traditionnels points forts du commerce extérieur de la France comme les matériels de transport et les produits agricoles et agroalimentaires. Dans le poste aéronautique et spatial, et les boissons, les groupes étrangers réalisent respectivement 10 % et 21 % des échanges. Les groupes étrangers sont également relativement absents dans les secteurs traditionnels à faible valeur ajoutée comme le textile, l’habillement et le cuir.
Les douanes dans leur étude s’intéressent par ailleurs au solde commercial de ces grands groupes ayant des implantations en France. Il en résulte que dans la pharmacie, les groupes étrangers génèrent un déficit de – 2,5 milliards d’euros (contre + 7 milliards pour les firmes françaises). S’agissant des machines et de la chimie, les soldes sont proches de l’équilibre. En revanche, pour les composants électroniques dont les échanges sont assurés à près de 80 % par des groupes étrangers, leur excédent s’élève à + 1,4 milliard d’euros, contre + 0,3 milliard pour les sociétés françaises.
Au final, les groupes étrangers affichent un solde commercial déficitaire de – 82 milliards en 2013 (équivalent au déficit commercial de la France). En revanche, les échanges des opérateurs français sont équilibrés, l’excédent des groupes multinationaux (+ 26 milliards) compensant le déficit des autres opérateurs français (groupes français nationaux sans filiale à l’étranger et indépendants).
Venice Affre
Pour prolonger :
– Commerce extérieur : le déficit du solde commercial français se réduit à nouveau en novembre
– Business France, nouvelle identité d’Ubifrance et de l’Afii fusionnées