Chez CCI France International, l’Assemblée générale est toujours l’occasion d’accueillir de nouveaux membres. La 110e Assemblée générale, la dixième d’affilée pour son président Arnaud Vaissié, n’a pas dérogé à la règle. Depuis le 27 juin, le réseau des Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international (CCIFI) compte ainsi 120 CCIFI dans 90 pays, soit cinq de plus au Kazakhstan, à Macao, au Kenya, en Lettonie et au Guatemala. S’agissant des deux dernières, « une compagnie consulaire existait déjà sans être jusqu’à présent adhérente à l’association », a précisé Arnaud Vaissié devant un parterre de 120 responsables et cadres de la sphère publique et privée invités au déjeuner de clôture.
« L’an prochain, le réseau devrait s’enrichir avec CCI France Mozambique et CCI France Macédoine », a encore annoncé Arnaud Vaissié, avant de commenter un bilan 2016 placé sous le signe de la « fidélité », du « partenariat » et de la « confiance ». Et d’énumérer quelques chiffres clés d’un réseau plutôt en bonne forme : un chiffre d’affaires en hausse de 4,6 % en 2016 à 68,5 millions d’euros, 4 306 évènements organisés, 34 844 entreprises adhérentes, 1 449 sociétés domiciliées, 87 incubateurs (ou centres d’affaires) dans 62 pays, 1 165 collaborateurs… Il « ne coûte rien au pays », puisque les compagnies consulaires à l’étranger, structures privées, s’autofinancent « à 98 % » a souligné celui qui a aussi cofondé le groupe de service International SOS, dont il est P-dg, et préside la CCI France Grande-Bretagne.
Mais ce genre de grand-messe est aussi une occasion de lancer des messages à l’attention de l’écosystème de l’accompagnement export. Dans le contexte actuel de changement de gouvernement et peut être de politique de Commerce extérieur, mais aussi de gouvernance à la tête de Business France, le moment était d’autant plus attendu que la question d’un rapprochement entre cette dernière et les réseaux consulaires refait surface. Et Arnaud Vaissié ne s’est pas privé de laisser entendre que son réseau souhaitait une remise à plat des positionnements de chaque acteur en matière de services d’appui aux entreprises à l’international. Autrement dit, même si cela n’a pas été dit aussi clairement, revoir l’accord de coopération noué avec Business France sous l’égide du secrétaire d’État au Commerce extérieur de l’époque, Matthias Fekl.
Arnaud Vaissié veut « aller plus loin encore »
Ces cinq dernières années, les CCIFI ont, selon celui qui préside celle de Londres, amélioré leurs relations avec les ambassadeurs « de façon spectaculaire » et avec les Services économiques, culturels et consulaires. Mais aussi avec Medef et Medef International. Et encore l’agence publique nationale Business France, déjà citée, avec laquelle CCI France International a signé en mars 2015 une convention cadre de coopération pour créer une parcours de l’export plus simple pour les entrepreneurs -en gros, se répartir les tâches- qui a ensuite fait l’objet d’une quarantaine de déclinaisons locales.
Pour autant, Arnaud Vaissié estime qu’il y a matière « à aller plus loin encore », sous entendu avec Business France et le réseau public. Et, dans son esprit, il faut faire jouer « la complémentarité » et « la subsidiarité », rappelant au passage que « dans certains pays, on n’existe pas » en évoquant la présence de relais français pour les entreprises.
Côté services, après avoir créé l’an dernier CCI Implantion +, une offre de parcours d’accompagnement des entreprises mené de concert entre compagnies consulaires en France et à l’étranger, CCI France International vient de lancer CCI Education Hub, un portail de e-learning pour les entreprises et leurs collaborateurs, offrant une sélection des programmes de formation à distance élaborés en France par les grandes écoles et universités sur des thématiques d’entreprise (commerce international, digital, RSE…).
Le message est clair : les CCIFI sont désormais capables d’offrir une gamme de services d’appui aux entreprises à la hauteur des attentes des pouvoirs publics et des entreprises et comptent bien le faire savoir.
Des relations plus étroites avec les nouvelles Régions et métropoles
Devant le président de CCI France, son homologue pour les CCI de l’Hexagone, Pierre Goguet, qui préside CCI France, et le président du Comité national des CCEF (CNCCEF), Alain Bentéjac, qui se trouvaient tous deux dans la salle, il a souligné que les trois organismes avaient conclu, à l’occasion du rassemblement mondial des CCE à Deauville, en octobre 2016, un accord de partenariat qui devait « en 2017 et 2018 » déboucher vers une « meilleure structuration » et un « renforcement ».
De même, il s’est réjoui des relations plus étroites entre le réseau consulaire et les nouvelles Régions et les métropoles. Et de citer, à cet égard, l’accord entre la Région Hauts-de-France et la CCI France Grande-Bretagne qu’Arnaud Vaissié préside. De façon concrète, la région présidée par Xavier Bertrand a inauguré, le 28 juin, un bureau de représentation dans les locaux de cette chambre, en présence du ministre d’État au Développement international du Royaume-Uni, Rory Stewart, et de la ministre française des Solidarités et de la santé, Agnès Buzyn.
Arnaud Vaissié a reçu un soutien de poids lors du déjeuner : celui de Jérôme Chartier, premier vice-président du conseil régional d’Île de France, de retour sur les sujets de l’international après s’être beaucoup investi dans la campagne de François Fillon pour la présidentielle en tant que porte-parole. Dans le cadre de la stratégie régionale arrêtée sur l’international, a-t-il rappelé, la Région francilienne a signé un partenariat avec la CCI Paris Île de France qui sera l’opérateur de la politique de soutien à l’export. «Nous on se contente de signer le chèque» a-t-il précisé.
Si la Région-capitale conserve la maîtrise de sa politique d’attractivité, elle la mettra aussi en œuvre avec les CCIFI. «Dans le monde, les régions métropoles captent en général 50 % des investissements directs étrangers (IDE) de leur pays; or, pour Paris Ile de France, ce n’est que 30 %, c’est le tropisme Datar de Business France », a déploré l’élu, faisant allusion au fait que l’agence nationale doit veiller à équilibrer les flux d’IDE entre les territoires. «Nous voulons ramener des implantations ici », a encore martelé Jérôme Chartier, et c’est avec les CCIFI que le Conseil régional compte travailler en ce sens : « On veut signer des conventions avec les CCIFI dans des pays étrangers cibles ».
Les Régions, nouveaux arbitres de la remise à plat annoncée des accords de partenariats entre les réseaux consulaires et les opérateurs ? A suivre…
François Pargny et Christine Gilguy