Les dernières statistiques trimestrielles d’échanges de biens publiées par les douanes le 7 août confirment que le redressement du solde commercial est une œuvre de longue haleine : plombé par une facture énergétique à nouveau à la hausse et un creusement du déficit des biens manufacturés, le déficit commercial a augmenté de 1,6 milliard d’euros (Md EUR) au 2e trimestre 2018 pour atteindre -17,5 Md EUR (FAB-FAB).
Le regain de dynamisme des exportations de marchandises (+2,4 % à 122, 8 Md EUR), avec des résultats remarquables dans plusieurs secteurs comme l’aéronautique ou l’électronique, a été insuffisant pour compenser l’accélération des importations (+3,2 % à 140,3 Md EUR).
Aggravation du déficit des biens et services d’un semestre à l’autre
Au total, sur l’ensemble du 1er semestre 2018 (janvier-juin), le déficit des échanges de biens, symptôme d’un manque de compétitivité globale de l’appareil productif et d’une certaine désindustrialisation, a donc atteint -33,5 Md EUR. Et s’il marque une légère baisse par rapport à la même période (janvier-juin) de 2017 (-34,1 Md EUR), il est en nette progression par rapport au semestre précédent (juillet-décembre 2017) au cours duquel il avait été ramené à -29,6 Md EUR.
De quoi doucher les espoirs de ceux qui espéraient assister cette année aux premiers signes d’amélioration. Car les résultats sont tout aussi mitigés du côté des services, dont les statistiques ont été publiées par la Banque de France au même moment, selon les détails livrés par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, en charge du Commerce extérieur.
En effet, au premier semestre 2018, les échanges de services, toujours excédentaires mais montrant des signes d’essoufflement, ont seulement permis d’atténuer ce mauvais résultat, n’évitant pas un nouveau creusement du déficit global des échanges biens et services : ce dernier a ainsi atteint -13,6 Md EUR au 1er semestre 2018, après – 8,9 Md EUR au précédent semestre, soit une aggravation de 4,7 Md.
Dans les biens, par grands secteurs, si les échanges de produits agricoles restent légèrement excédentaires (+0,3 Md EUR sur le 1er semestre 2018), le déficit des échanges industriels s’est aggravé d’un trimestre à l’autre pour atteindre -19,4 Md EUR sur l’ensemble du 1er semestre. L’automobile, notamment, creuse à nouveau son déficit sous l’effet de l’accélération des importations avec -6,1 Md EUR.
Dans les services, les excédents dégagés par le négoce international et les services (tourime, transports, etc.)se stabilisent ou sont en recul : +5,6 Md EUR (après 5,5 Md) pour le négoce et +12,8 Md EUR (après 13,6 Md) pour les services.
Tendances positives dans les exportations de certains produits
Dans ce contexte, une tendance reste néanmoins positive : la nette reprise des exportations de biens industriels au 2e trimestre 2018 après le trou d’air du 1er trimestre, même si elle reste moins rapide que l’évolution des importations. Elles ont ainsi progressé de 2,4 % au deuxième trimestre 2018, après un plongeon de -1 % au 1er trimestre. D’après les douanes, ce rebond, tiré par le redressement des livraisons aéronautique et spatiales et la progression des ventes dans la plupart des autres secteurs, est d’autant plus remarquable que le premier trimestre avait été marqué par un montant exceptionnel de livraison de bateaux.
Dans le détail, au 2e trimestre, les livraisons aéronautiques ont progressé de 13,6 % (après un recul de 13,6 % au trimestre précédent) à 14, 2 Md EUR soit un montant supérieur à la moyenne trimestrielle de 2017 selon les douanes. Elles ont été soutenues par les marchés d’Asie et du Proche et Moyen-Orient. Les exportations de satellites ont pour leur part atteint 0,6 Md, le double de la moyenne trimestrielle de 2017. Avec + 5,9 Md EUR, l’excédent aéronautique et spatial a atteint sont plus haut niveau depuis le 3e trimestre de l’année 2015 !
Egalement vigoureuse a été la reprise des exportations de produits informatiques et électroniques (+ 6,4 % après un recul de -2,4 % au 1er trimestre), qui ont atteint le niveau record de 8 Md EUR au 2e trimestre, un montant jamais atteint sur cette période selon les douanes. Du coup, le déficit des échanges de ce secteur a été ramené à son plus bas niveau depuis fin 2014.
Autres tendances positives sur ce second trimestre 2018 la forte reprise des exportations de produits agricoles (+ 6,5 % à 3,8 Md, après -1,3 %), tirées par les marchés africains et du Proche et Moyen-Orient, et le redressement de celles de l’agroalimentaire (+ 1,7 % à 12 Md, après un petit 0,2 %), notamment des boissons.
Ont également accéléré les exportations de produits chimiques (+ 2 % après -0,7 %), de machines (+ 1,5 % après -0,9 %) tandis que les ventes de textile-habillement en sont à leur 5e trimestre consécutif de progression (+2 %, après + 1,8 %). Enfin, les ventes automobiles ont connu une légère embellie, avec une petite augmentation des exportations de 0,5 % (à 12,7 Md EUR), après le recul de -0,6 % enregistré au 1er trimestre de cette année.
Par zone géographique, le rebond des exportations a été généralisé au 2e trimestre 2018 :+ 3,3 % vers l’Union européenne, +2,3 % vers les pays tiers. Le rebond a été particulièrement marqué vers le Proche et Moyen-Orient (+ 25 %, après – 14 %) et l’Asie grâce au marché chinois (+ 1,8 % après -8,4 %). Il a été plus léger vers l’Europe hors UE et l’Afrique, selon les douanes. Seule exception : l’Amérique, où les exportations ont accusé un net recul de -8,6 % (après + 11,6 % au 1er trimestre), après, il est vrai, des ventes exceptionnelles aux Etats-Unis.
Christine Gilguy
*Le détail des statistiques des douanes pour le second trimestre 2018 est dans le document attaché à cet article