Pour le commerce extérieur de la France, l’Allemagne demeure incontournable. Même si son économie souffre aujourd’hui plus que l’Hexagone de la montée du protectionnisme, son poids dans les exportations tricolores demeure fondamental.
Interrogé par Le Moci le 7 février, lors de la présentation des chiffres du commerce extérieur 2019, sur la faiblesse conjoncturelle de l’économie allemande, Jean-Baptiste Lemoyne a semblé plutôt confiant.
Certes, selon le secrétaire d’État à l’Europe et aux affaires étrangères, « il faut se montrer attentif. Par exemple, les exportations de pièces automobiles chez notre voisin ont décéléré de 5 % ». Mais, pour lui, ce dont souffre avant tout la première économie d’Europe, c’est « du marché mondial atone ».
Après 18 mois de baisse de la production industrielle chez ce partenaire, la situation s’est stabilisée, fait-on ainsi remarquer au Trésor, où on met en avant trois facteurs d’explication : le ralentissement de la demande internationale dans l’automobile, qui touche l’Allemagne comme d’autres pays (Royaume-Uni, Turquie) ; le report de productions dans ce secteur d’Allemagne vers l’Europe centrale ; et les difficultés occasionnées par l’adaptation aux nouvelles normes environnementales.
L’Allemagne, premier débouché avec 70 milliards d’euros
Reste que les chiffres de la Douane le montrent : l’Allemagne demeure le partenaire dominant et les évolutions, tant pour les importations de la France (85 milliards d’euros) que pour les exportations (70 milliards d’euros) sont très faibles, légèrement en régression (respectivement – 2 % et – 1 %).
S’agissant de l’export de la France, l’Allemagne compte ainsi pour 14,1 % du total, soit plus que l’Asie (13,7 %), avec la Chine (à elle seule 10,8 % du total), ou plus que l’Amérique (11,9 %), avec les États-Unis (à eux seuls 8,5 %).
Si l’Union européenne (UE) est demeurée le premier client de l’Hexagone en 2019, avec une part de 59 %, ses livraisons aux États-Unis se sont envolées de 9,7 % à 42,1 milliards d’euros. Un satisfecit pour la France, qui a pu profiter de la guerre commerciale entre Washington et Pékin. Mais Jean-Baptiste Lemoyne appelle à la « prudence » et la « vigilance » compte tenu des menaces qui pèsent sur plusieurs produits sensibles à l’entrée sur le marché de l’Oncle Sam pour les Allemands ou les Français, comme l’automobile, le vin et le fromage.
Le Royaume-Uni, premier excédent avec 12,5 milliards d’euros
Dans l’UE, les grands marchés méditerranéens sont demeurés des débouchés majeurs en 2019, avec aussi l’Italie absorbant 7,6 % des ventes de la France dans le monde et l’Espagne 7,5 %. En valeur, les exportations de l’Hexagone chez ses deux voisins du sud ont atteint respectivement à 37,6 milliards et 37,3 milliards d’euros, ce qui resterait, toutefois, supérieur au montant de 33,7 milliards réalisé avec le Royaume-Uni.
Avec ce partenaire, a indiqué clairement Jean-Baptiste Lemoyne, alors que les négociations pour un éventuel accord commercial post-Brexit vont débuter avec l’UE pendant la période de transition, « il y a un enjeu, puisque c’est avec le Royaume-Uni que nous avons toujours notre premier solde commercial positif en 2019, avec 12,5 milliards d’euros ».
La France profite des accords commerciaux
Pour le secrétaire d’État, le bilan des accords commerciaux passés par l’UE avec une série de pays est aussi un motif de satisfaction pour la France. Ainsi, avec le Canada et le Japon, les ventes de l’Hexagone en un an ont bondi respectivement de 11,4 % à 3,8 milliards d’euros et de 16,7 % à 7,7 milliards d’euros.
Avec le Canada, a précisé Jean-Baptiste Lemoyne, « notre excédent commercial de 553 millions d’euros l’an dernier correspond à une augmentation de 61,3 % sur 2018 ».
Le constat est le même avec le Mexique, pays avec lequel l’UE est en train de négocier la révision d’un accord déjà existant. En 2019, les expéditions françaises y ont progressé de 12 %, à 3,7 milliards d’euros.
La France redresse la tête en Afrique
Interrogé par Le Moci sur l’érosion des parts de marché de la France en Afrique, Jean-Baptiste Lemoyne a jugé qu’il était indispensable de « repenser la relation » avec ce continent qui bouge. Les États africains se sont, entre autres, engagés à créer une Zone de libre échange continentale, la Zleca, thème central du Forum Afrique Moci Cian 2020, qui s’est tenu le 7 février.
Pour autant, le secrétaire d’État s’est félicité qu’après trois ans de baisse, les exportations de la France se soient redressées en Afrique en 2019, avec une hausse de 4,5 %. Elle se sont ainsi élevées à 25,9 milliards d’euros. Du coup, son déficit commercial est tombé en un an de – 1,7 milliard à – 0,3 milliard d’euros.
Pour montrer un nouveau visage de la France, Jean-Baptiste Lemoyne compte sur le Sommet Afrique France, qui se tiendra à Bordeaux du 4 au 6 juin sur le thème de la ville durable. Ce sera l’occasion de présenter des succès en la matière et de nouer des liens autour de projets concrets. Présenter des solutions partagées serait ainsi le meilleur moyen de réussir « un partenariat » qu’il appelle de ses vœux.
François Pargny