Avec 6,54 milliards d’euros d’exportations réalisées par la France en Pologne entre janvier et novembre 2014, cette nation d’Europe centrale est devenue le 10e débouché de l’Hexagone dans le monde aux dépens de la Russie, rétrogradée au onzième rang avec 6,3 milliards. D’après les statistiques des Douanes françaises compilées par la base de donnée GTA-GTIS, les expéditions de la France y ont grimpé de 4,41 % alors qu’elles reculaient dans le même temps de 12,77 % dans la patrie de Vladimir Poutine.
L’embargo décrété par Moscou sur les produits alimentaires occidentaux n’est pas la cause de cette chute des ventes françaises. Le recul de l’Hexagone en Russie est en effet plus ancien. Car, si les livraisons tricolores entre les onze premiers mois de 2013 et de 2014 ont régressé de 900 millions d’euros, elles avaient déjà diminué de 1,2 milliard entre les périodes correspondantes de 2012 et 2013. Sans être négligeables, les achats de produits alimentaires solides par Moscou sont loin de constituer le cœur des exportations recensées par Paris.
Chute des ventes tricolores dans tous les grands secteurs
Toutefois, les sanctions et restrictions aux exportations instaurées par l’Union européenne, qui frappent en premier lieu les biens à double usage- ont certainement pesé sur la tendance 2014. Seul poste d’exportation française de marchandises à dépasser la barre du milliard d’euros, les machines, chaudières et produits mécaniques ont reculé de près de 4 %. Plus préoccupant, le poste navigation aérienne et spatiale a encore régressé d’environ 6 % à 828 millions d’euros, après avoir diminué de plus de moitié un an plus tôt : la suspension du contrat des navire BPC de type Mistral ne devrait pas arranger cette tendance.
Troisième secteur d’excellence de la France en Russie, la pharmacie a chuté de 16,36 % de janvier à novembre 2014, avec un montant de près de 670 millions d’euros. C’est moins que le matériel électrique (- 19,56 %), mais plus que les huiles essentielles (- 7,35 %) et même l’automobile, qui a, pourtant, ralenti aussi fortement (- 13,23 %). Même les boissons alcooliques et vinaigres, bien qu’épargnés par le Kremlin, sont touchées avec un retrait de 15 %.
Si les fournitures de la France à la Russie devaient continuer à se contracter, le Japon, qui a absorbé pour 6,29 milliards d’exportations tricolores au cours des onze premiers mois de 2014, pourrait se hisser à la onzième place des clients français aux dépens de la Russie. Pologne, Russie et Japon demeurent, toutefois, des marchés encore limités relativement à l’Allemagne, qui domine largement dans le Top 10 des clients de l’Hexagone (65,4 milliards d’exportations françaises captées).
Derrière, la France a acheminé pour plus ou moins 28 milliards d’euros de biens dans quatre pays européens – Belgique, Italie, Espagne et Royaume-Uni – pour 25 milliards aux États-Unis, 16 milliards aux Pays-Bas, 14,4 milliards en Chine et 11,9 milliards en Suisse. Globalement, les exportations françaises dans le monde ont fléchi légèrement de 0,76 % à 390,94 milliards d’euros de janvier à novembre de l’an dernier.
François Pargny