Le nouveau secrétaire d’État au Commerce extérieur Thomas Thévenoud va trouver une bonne nouvelle dans les dossiers laissés par son prédécesseur Fleur Pellerin : le nombre d’exportateurs semble à nouveau augmenter durablement, un signe -certes très fragile- que la mobilisation engagée par les pouvoirs publics depuis deux ans commence peut-être à porter quelques fruits.
En témoignent deux études récentes, l’une des Douanes, l’autre de la société d’information Ellisphere.
Le retour des « primo-exportateurs »
Ainsi, selon une étude des Douanes publiée en août, malgré la baisse des exportations (- 1,4 %) enregistrée en 2013, la hausse du nombre d’exportateurs s’est poursuivie l’an dernier pour atteindre 121 500 (contre 119 500 en 2012), soit une croissance annuelle de + 1,7 %.
Ce résultat, expliquent les Douanes, reflète « le surcroît d’exportateurs de taille modeste ». Le nombre d’ exportateurs de moins de 20 salariés a progressé de 3 % en 2013 par rapport à l’année précédente.
Le retour des « primo exportateurs » explique aussi la tendance : les nouvelles entreprises« entrantes »qui étaient 30 300 l’an dernier contre 29 800 en 2012, dont les deux tiers exportaient pour la première fois. Et cette hausse correspond principalement à un afflux de petites entreprises tournées vers l’Amérique, notamment les États-Unis, où les ventes sont bien orientées, et vers les pays hors Union européenne.
Bémol à cette tendance positive : dans un contexte d’incertitudes quant à la croissance mondiale, le nombre d’exportateurs employant plus de 20 salariés est resté quasiment stable (- 0,3 %). Si les PME (- de 250 salariés) et les micro-entreprises (- de 10 salariés) représentent 88 % de l’ensemble des sociétés exportatrices (121 500), les grandes entreprises (5 000 salariés et plus), elles, ne représentent que 2,6 % du total des entreprises exportatrices, soulèvent les douanes.
Autrement dit, la concentration du commerce extérieur par un petit nombre de grands opérateurs reste entière : les entreprises de moins de 20 salariés, majoritaires dans l’effectif (76 %), ne génèrent qu’un cinquième des flux (23 %). En outre, il faudra voir si les « primo-exportateurs » se transformeront en exportateurs durables : selon des études faites par le passé par les Douanes, un tiers disparaît des statistiques au bout d’un an…
Les PME exportent davantage que les grandes entreprises
La prédominance des entreprises de petite taille dans l’effectif des exportateurs est confirmée par le pôle « études et statistiques économiques » de la société spécialisée dans l’information BtoB Ellisphere (anciennement Coface services) dans une étude publiée en août sur le profil des exportateurs tricolores.
Basée sur des données datant de fin 2012 et intitulée « Portrait des entreprises exportatrices françaises« , cette étude, la 17ème publiée par l’Observatoire de l’économie d’Ellisphere, montre que sur un total de 116 700 entreprises ayant déclaré un chiffre d’affaires à l’export à fin 2012, les entreprises de taille modeste (1 à 9 salariés) représentent 52 % du total.
Ces PME sont même plus ouvertes sur l’export que les grandes : ainsi, 22,6 % des entreprises de 1 à 2 salariés et 29,4 % des entreprises de 3 à 9 salariés exportent contre seulement 1,8 % pour les entreprises de 250 à 4 999 salariés… Autrement dit, les ETI (entreprises de taille intermédiaire de moins de 5 000 salariés) ont encore du pain sur la planche à l’international.
En revanche, Ellisphere pointe -à l’instar des Douanes- que le chiffre d’affaires global à l’export est essentiellement réalisé par des sociétés de plus de 50 salariés : celles-ci totalisent 70,2 % des revenus liés aux exportations. Pour Ellisphere, la raison principale est que ces entreprises bénéficient de capacités matérielles et financières plus importantes.
Venice Affre
Retrouvez les deux études, celle des Douanes et celle d’Ellisphere, dans notre rubrique « Etudes et rapports » sous format Pdf. Pour les consulter cliquez ICI