Destinataire de 10,8 milliards d’euros d’exportations françaises l’an dernier, le Royaume-Uni est de loin le premier excédent bilatéral au monde de la France, devant Hong Kong (3,8 milliards) et les Émirats arabes unis (3 milliards), ont indiqué les Douanes dans leur dernière étude mensuelle* consacrée au Royaume-Uni, publiée le 9 septembre.
L’excédent dégagé par la France avec son voisin d’outre-Manche s’est consolidé au cours de la dernière décennie, passant de 8,6 milliards d’euros en 2004 à 10,8 milliards en 2014 mais un parcours non sans embûche, rencontrant sur sa trajectoire quelques turbulences dont une baisse marquée en 2009 (6,2 milliards) avant d’atteindre un plancher en 2011 (5,8 milliards).
Cette consolidation de l’excédent peut s’expliquer par le poids de l’industrie dans le PIB, qui recule de façon très marquée au Royaume-Uni depuis le début du siècle, passant de 18 % en 2002 à 14 % en 2012. « Cette tendance à la désindustrialisation, rappellent les Douanes, touche également la France et la plupart des grands pays industrialisés, à l’exception notable de l’Allemagne ».
Touché par un déficit manufacturier chronique, le Royaume-Uni est ainsi très dépendant des importations de biens. « Il présente le plus gros déficit commercial européen, soit – 134 milliards d’euros en 2014, suivi par la France (- 71 milliards), alors que l’Allemagne enregistre le premier excédent commercial avec 220 milliards », renseignent les Douanes.
Cinquième client de la France, derrière l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et l’Espagne (sources : GTA-GTIS/Douanes), le Royaume-Uni est un partenaire privilégié de la France comptant pour 7,1 % des exportations tricolores et se positionnant au 8ème rang des fournisseurs (3,9 % des achats).
L’excédent tricolore repose sur les produits manufacturés (agroalimentaires, automobiles, luxe)
L’excédent de la France provient essentiellement des produits manufacturés, notamment dans les industries agroalimentaires (vins, cognacs, fromages), l’automobile et le secteur du luxe, indiquent les Douanes.
Les produits agroalimentaires génèrent un excédent conséquent avec 2,6 milliards d’euros. Les boissons représentent un tiers des ventes et contribuent au tiers de l’excédent agroalimentaire. Le Royaume-Uni est en effet la première destination des ventes de vins français au monde, devant les États-Unis et l’Allemagne. « L’excédent agricole, marginal (0,2 milliard d’euros), commentent les Douanes, tient principalement aux céréales, la France étant le premier fournisseur du Royaume-Uni ». Le Royaume-Uni achète également à la France des produits laitiers (notamment fromages), des préparations alimentaires (café, chocolat, sucre) et des aliments pour animaux.
L’automobile (véhicules et équipements) représente le second excédent manufacturier avec le Royaume-Uni (1,5 milliard en 2014). Cependant, l’excédent automobile accuse le plus gros recul du solde depuis 2004 (-2,3 milliards entre 2004 et 2014). Ce repli traduit le processus de réindustrialisation engagé au Royaume-Uni dans les années 2000, grâce à l’amélioration de la compétitivité permise par la faiblesse du coût salarial horaire (24 euros dans le secteur manufacturier, contre 37 euros pour la France selon l’enquête sur le coût de la main d’œuvre d’Eurostat).
Outre les vins et fromages et l’automobile, les produits de luxe, points forts habituels des exportations françaises, contribuent aussi à l’excédent bilatéral avec le Royaume-Uni : habillement/chaussures, maroquinerie/bagagerie, parfums/cosmétiques, joaillerie/bijouterie.
Des échanges de biens manufacturés similaires
« Les échanges de biens manufacturés entre la France et le Royaume-Uni, soulignent les Douanes, portent sur des produits similaires, ce qui reflète un commerce intra-branche très important ainsi qu’une forte proportion d’échanges intra-groupes ». C’est le cas notamment de la chimie, deuxième produit d’exportation et d’importation. L’aéronautique et la pharmacie se classent également parmi les premiers produits échangés entre les deux pays. Ces trois postes (chimie, aéronautique et pharmacie), où dominent les échanges intra-groupes, représentent ensemble près du quart des exportations et des importations.
Le solde énergétique est, lui, déficitaire (- 1,5 milliard), bien qu’en nette réduction depuis 2012, grâce à la chute des approvisionnements en produits pétroliers (brut et raffiné).
Venice Affre
Pour en savoir plus :
*Consultez l’étude mensuelle n° 60 des Douanes, en fichier PDF ci joint, intitulée Le Royaume-Uni, premier excédent bilatéral de la France.