Commerce extérieur / Gouvernance : les passerelles entre le Quai d’Orsay, Bercy, l’Elysée et Matignon

Les Monsieur et Madame « commerce extérieur » des cabinets ministériels sont aujourd’hui mieux connus et l’on discerne, dans leurs parcours, des croisements qui faciliteront sans doute la mise en place de passerelles pour assurer coordination et cohérence à une politique de soutien au commerce extérieur dont on attend encore de découvrir les orientations concrètes.

Comme nous l’avions annoncé dès le 6 juillet*, Anne Boillon a donc officiellement pris la direction du cabinet de Jean-Baptiste Lemoyne le 20 juillet, avec pour difficile tâche de gérer un agenda du secrétaire d’État qui sera partagé principalement entre les dossiers du Commerce extérieur et du tourisme, mais il aura aussi à s’occuper, selon les besoins du ministre, des Français de l’étranger, de la culture et la francophonie. Si l’on en croit les premières déclarations du secrétaire d’État*, son agenda comporte toutefois une forte dominante des premiers sujets sur les seconds.

Avec une double expérience dans les réseaux diplomatique et du Trésor, cette ancienne attachée commerciale des missions économiques d’Alger et Ankara, qui était précédemment en poste à la direction de la Communication du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, pourra toutefois s’appuyer sur Maxence Brischoux, qui a rejoint le cabinet fin juin en tant que conseiller commerce extérieur, politique commerciale, tourisme et Français de l’étranger. Il a permis d’alléger la charge de travail de Jay Dharmadhikari, initialement conseiller du ministre Le Drian en charge des Affaires globales, du développement et et de l’Afrique, qui a été recentré depuis sur l’Afrique, une priorité haute du nouveau gouvernement.

Jeune énarque de la promotion Jean Zay (2012 / 2013), Maxence Brischoux vient de la DG Trésor, où il était jusqu’à présent adjoint au chef de bureau Politique commerciale, OMC et accords commerciaux de l’Union européenne. Son supérieur direct à cette époque n’était autre que Charles-Henri Weymuller, devenu pour sa part, à 33 ans, l’un des dix conseillers que se partagent l’Élysée et Matignon, en charge plus spécifiquement de la diplomatie économique et du suivi des grands accords commerciaux. Sur les dossiers du commerce extérieur, étroitement connectés à la diplomatie économique, Charles-Henri Weymuller est l’un des conseillers clés de l’exécutif, en particulier pour les accords de libre échange.

Trois autres conseillers composent le cabinet du secrétaire d’État : Kibily Touré, en tant que conseiller spécial, Constance Jacquin, chef de cabinet chargée des relations avec les élus et avec la presse, et Gaëtan Bruel, conseiller diplomatie culturelle, influence et francophonie.

Mais il faudra aussi compter avec un autre conseiller commun à l’Élysée et à Matignon, notamment sur les sujets relatifs au dispositif de soutien des entreprises : Pascal Confavreux, en charge de l’export et du tourisme. Lui connaît bien le Quai d’Orsay, où il a travaillé jusqu’en 2016 au sein de la direction des Entreprises, qu’il avait rejointe à sa création en 2013 sous la direction de Jacques Maire. Il avait notamment occupé les fonctions de chef de bureau en charge des secteurs prioritaires à l’export et du tourisme avant de rejoindre le groupe ADP (Aéroports de Paris) comme conseiller de son président, Augustin de Romanet.

Il ne faudra pas non plus oublier Emmanuel Miquel, conseiller Entreprises, attractivité et export au cabinet d’Emmanuel Macron : venu du privé (ancien conseiller Investissement au sein de la société d’investissement Ardian), ce dernier garde un œil sur le dispositif de soutien au Commerce extérieur.

Enfin, dernière connexions à relever, cette fois-ci entre le Quai d’Orsay et Bercy, et pas des moindres : celle entre Jean-Baptiste Lemoyne et le ministre de l’Economie et des finances Bruno Le Maire. Tout deux ont été collègues au sein du cabinet du ministre Dominique de Villepin en 2004. Le début d’un «l ong compagnonnage » selon le secrétaire d’Etat *.

Christine Gilguy

*Lire à la Une de la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : Exclusif / J-B Lemoyne : « Il y a un moment où on a besoin de faire un ‘big bang’ »

Pour prolonger :
Lire dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui :
– International / Diplomatie économique : ce qu’il faut retenir du discours d’E. Macron aux ambassadeurs
–Commerce extérieur / Diplomatie : changement dans la continuité au Quai d’Orsay

Et aussi
–Commerce extérieur / Aides : J-Y Le Drian relance le chantier des «guichets uniques» de l’export
–Commerce extérieur : la nouvelle organisation gouvernementale suscite le scepticisme
–Commerce extérieur : J-B Lemoyne défend une politique de « simplification et rationalisation » devant les CCEF
–La méthode Le Drian, nouveau « boss » du commerce extérieur