Va-t-on vers une éclaircie dans l’horizon du commerce extérieur français ? Le fait est que dans sa dernière note de conjoncture*, l’Insee table sur un léger rebond du commerce extérieur en 2017, et notamment des exportations, après une année 2016 décevante.
D’après les dernières livraisons statistiques de la douane française, on s’achemine en effet, pour 2016, vers un déficit commercial bien supérieur à 50 milliards d’euros puisqu’il atteignait déjà 49,8 milliards fin octobre, sur douze mois cumulés (novembre 2015-octobre 2016), soit 4,4 milliards de plus que pour la même période de l’an dernier. En 2015, grâce à une conjonction de facteurs favorables –baisse de l’euro et baisse des prix du pétrole- l’année s’était terminée sur une nouvelle baisse du déficit commercial à 45,7 milliards d’euros**.
Pas d’impact négatif sur la croissance au premier trimestre 2017
En réalité, le mieux vient du fait que les six prochains mois, le commerce extérieur ne pèsera pas négativement sur la croissance. Ainsi, pour l’Institut national de la statistique et des études économiques, « après avoir contribué négativement à la croissance en 2015 (–0,3 point) et en 2016 (–0,7 point), le commerce extérieur aurait une contribution presque nulle à l’acquis de croissance de 2017 à mi-année (–0,1 point) ». Autrement dit, il n’impacterait plus négativement l’évolution de l’économie française.
Un rebond des exportations de 1,1 % est notamment attendu au premier semestre 2017, dans un contexte pourtant marqué par la fin de l’euro bas, tandis que les importations resteraient stables (+0,2 % prévus au premier semestre 2017). Pour l’Insee, deux facteurs principaux tireront cette tendance : d’une part, « la demande adressée aux exportateurs français serait relativement forte, notamment celle en provenance d’Allemagne et d’Espagne », et d’autre part, « elles seraient soutenues par la livraison de plusieurs grands contrats navals et aéronautiques ».
Dans le détail, grâce à une légère accélération de la croissance reposant sur une reprise de la consommation des ménages (+0,4 % par trimestre) et de l’investissement (+1 % par trimestre), la zone euro pourrait accélérer légèrement avec un taux de croissance de 0,4 % par trimestre sur les six premiers mois de 2017. L’Allemagne en serait le principal moteur (+0,5 % par trimestre), l’Espagne étant pour sa part en phase de ralentissement après une période de rattrapage (+0,6 % au premier trimestre, + 0,5 % au deuxième trimestre).
Redressement des exportations aéronautiques
Pour le secteur aéronautique, auquel l’Insee consacre un focus intéressant***, l’année 2017 devrait être marquée par une amélioration sensible à la suite de la résorption de problèmes de demande et d’offre qui ont pesé sur le développement de la filière en France ces deux dernières années, provoquant une érosion de l’excédent de cette branche.
D’abord une bonne tenue de la demande, qui se raffermirait même dans certains segments ayant subi des chutes de commandes ces deux dernières années à cause de la crise (aviation d’affaires, hélicoptères…), et une amélioration de l’offre suite à des investissements, « en particulier pour une nouvelle génération de moteurs en partie produits en France, en service depuis l’été 2016 » précise l’Insee. « Ainsi, la production et les exportations de la branche aéronautique augmenteraient nettement d’ici mi-2017, ne serait-ce que pour rattraper le retard accumulé dans les livraisons ».
En revanche, deux autres grands secteurs traditionnellement exportateurs ne seraient pas au rendez-vous : les produits agricoles, d’abord, car malgré un rebond attendu de la production agricole (+0,3 %), les exportations sont prévue à nouveau en baisse de – 2 %, après un effondrement durant l’été 2016 (–17,5 %) suite à de mauvaises récoltes ; les exportations d’électricité ensuite, qui devraient chuter suite à l’arrêt pour maintenance de plusieurs réacteurs nucléaires.
Un contexte marqué par une légère reprise du commerce mondial
Malgré des incertitudes notamment politiques (« Brexit » et échéances électorales à venir en Europe, élection surprise de Donald Trump à la présidence aux Etats-Unis), le contexte international, du point de vue des affaires, sera aussi favorable : « Le climat des affaires s’améliore depuis l’été dans les pays émergents comme dans les économies développées, estime l’Insee dans sa note. C’est de bon augure pour une reprise du commerce mondial en 2017 ».
Le premier semestre 2017, sera marqué par un redressement des pays émergents suite à la stabilisation des prix des matières premières et des taux changes (un baril autour de 50 USD fin 2016 et la perspective d’un raffermissement progressif du dollar en raison de l’augmentation des taux d’intérêt), et à « la résilience » des économies développées – notamment de l’économie américaine (+05 % par trimestre), on assisterait à une légère accélération du commerce mondial : + 0,8 % par trimestre jusqu’à mi-2017.
C’est deux fois moins vite que durant l’âge d’or des années 2000 à 2007 (les échanges internationaux progressaient alors au rythme effréné de +1,5 % par trimestre) mais cela augure d’une croissance supérieure à celle enregistrée en 2016 qui, avec + 1,2 %, a été l’année de la plus faible croissance du commerce mondiale depuis 2009. Reste à la France à en profiter, et c’est une autre affaire…
Christine Gilguy
*La croissance à l’épreuve des incertitudes- Insee- Note de conjoncture décembre 2016. En ligne sur le site de l’Insee : www.insee.fr/
** Lire : Commerce extérieur : l’euro et le pétrole boostent la balance commerciale
***Dossiers- Après deux ans de turbulence, le secteur aéronautique français peut redécoller. Insee- Note de conjoncture décembre 2016. En ligne sur le site de l’Insee (voir ci-dessus) et également téléchargeable en format Pdf sur notre site : cliquez sur Etudes et rapports.