Après un bond de 4,5 % pour les exportations et de 6,8 % pour les importations en 2017, le commerce extérieur de la France aura été en léger retrait en 2018, avec une progression ralentie à 3,8 % dans les deux sens, d’après les chiffres des Douanes dévoilés, le 7 février, lors de la présentation du bilan annuel du commerce extérieur.
Les secteurs qui performent à l’export
Côté importations, dont le montant a atteint 551,5 milliards d’euros (Md EUR), « les hydrocarbures ont gagné 17 % et l’automobile 7,9 % », a relevé le secrétaire d’État à l’Europe et aux affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne (notre photo). Commentant plus longuement les exportations (491,6 milliards d’euros), il a dévoilé les bons résultats de l’automobile (+7,9 % à 35,5 Md EUR), des produits chimiques, parfums et cosmétiques (+3,1 % à 58,3 Md EUR) ou des produits agricoles et agroalimentaire (+2,0 % à 62,4 Md EUR) et du luxe (+ 6,3 % à 51,3 Md EUR).
S’agissant de l’automobile, les Douanes relèvent, toutefois, que le nombre d’exportateurs ne cesse de baisser : – 400 en 2108, après – 300 en 2017. Dans d’autres secteurs, ce chiffre augmente : + 330 dans les sports, jouets et loisirs, + 265 dans l’agriculture et + 255 dans les instruments de mesure, la navigation et l’horlogerie.
Les exportations dans l’aéronautique ont également progressé (+2,7 % à 57,2 Md EUR) grâce à une nouvelle année record pour Airbus, avec 800 livraisons, ainsi que dans l’industrie navale, une filière qui « se structure bien », a relevé Jean-Baptiste Lemoyne.
Le secrétaire d’État a ainsi fait allusion aux comités stratégiques de filière (CSF) mis en place, sous l’égide du Conseil national de l’industrie (CNI), notamment dans le naval. Il s’est encore félicité du bilan de la filière textile-habillement-cuir-chaussures, dont le déficit a reculé (- 6 % à -12,96 Md€).
De son côté Rodolphe Gintz, le directeur général des Douanes, a tenu à rappeler que si le transport dans son ensemble – aéronautique et ferroviaire – constituait un pôle d’excellence, « il n’y a pas seulement Airbus, mais aussi le matériel ». Une manière de rappeler que le commerce extérieur français pouvait compter aussi sur d’autres secteurs que l’aéronautique.
Renchérissant sur Rodolphe Gintz, Bertrand Dumont, le directeur général adjoint du Trésor, a rappelé l’importance de l’aéronautique dans la diffusion des technologies dans le tissu économique.
Un rebond en Amérique du Nord et en Asie
Par grande zone géographique, les ventes tricolores ont bondi de 11 % en Amérique du Nord. Jean-Baptiste Lemoyne s’est arrêté sur le cas du Canada, en raison de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne (Ceta), dont l’entrée en vigueur provisoire remonte au 21 septembre 2017.
Le résultat est favorable à la France, puisque, d’après les Douanes françaises, ses exportations dans ce pays ont augmenté de 7 % pour atteindre 3,4 Md EUR l’an dernier, alors que ses importations ont régressé de 6 %. Les quotas de lait et fromage, en particulier, auraient été presque totalement utilisés.
Mais c’est avec les Etats-Unis que l’Hexagone a enregistré la plus forte hausse de ses exportations (+ 12,9 %), devant la Chine (+ 10,6 % à 20,85 Md EUR). Du coup, la France est passée avec les États-Unis d’un déficit commercial de 1,45 Md EUR à un excédent de près de 3 Md EUR. « Nous y avons livré des bateaux et nos ventes pharmaceutiques y ont aussi augmenté », a confié au Moci Stéphane Colliac, Senior Economist chez Euler Hermes, lors du 8e Forum Afrique 2019, organisé le 8 février par Le Moci et le Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique). Stéphane Colliac a noté aussi une poussée des exportations dans l’UE et une décélération en Afrique.
Autre zone où la performance de la France est marquante, l’Asie, avec une hausse des livraisons de 3,6 % et une belle performance en Chine, déjà citée. A cet égard, Jean-Baptiste Lemoyne s’est réjoui de la signature de l’ALE avec le Japon (Jefta) et, parmi les autres accords en négociation dans la zone Asie-Pacifique (Australie, Nouvelle-Zélande…) du futur accord avec le Vietnam, un État membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (Asean). S’il estime que les entreprises de l’Hexagone doivent sortir de la France et d’Europe, « au grand large, il faut penser à l’Asean ».
Baisse du déficit avec l’Europe
En Europe, c’est une bonne nouvelle, la France a réduit son déficit en un an, passé de 44,6 Md EUR d’euros en 2017 à 42,4 Md EUR. « Nos efforts de compétitivité commencent à payer », a affirmé Jean-Baptiste Lemoyne, qui venait de parler du crédit d’impôt compétitivité (Cice).
Par pays, c’est un État européen, l’Allemagne, qui est demeuré le premier client de la France en 2018, avec 70 Md EUR d’exportations. Elle devançait largement les États-Unis, devenus son deuxième, avec 38 Md EUR, au détriment de l’Italie, avec 37 Md EUR, et l’Espagne, avec 36 Md EUR.
Globalement, selon les Douanes, « la croissance des exportations se concentre sur l’Union européenne (+ 4,5 %, après + 3,5 %), tandis que les ventes vers les zones tierces ralentissent (+ 3,1 %, après + 6,6 % ». Dans l’UE, « elles restent très dynamiques vers l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les ventes de véhicules automobiles constituent le principal contributeur au dynamisme des ventes à l’Union européenne ».
Repli sur l’Afrique et le Moyen-Orient
En revanche, les livraisons « se replient vers l’Afrique (- 2,7 %), l’Europe hors UE (- 1,5 %) et le Proche et le Moyen-Orient (- 5,3 %), notamment du fait de moindres livraisons aéronautiques ». Vers l’Amérique et l’Europe hors UE, le nombre d’exportateurs français aurait progressé respectivement de 2,9 % et 2,1 %, « soit environ 1 000 de plus qu’en 2017 vers ces deux zones », d’après une étude des Douanes (voir fichier joint en pdf).
C’est l’inverse en Afrique, puisque pour la troisième année consécutive le nombre d’exportateurs a diminué : – 850 en 2018, après – 1 440 et – 1 320 les deux années précédentes. Sans doute une petite déception, alors que Paris prépare un Sommet Afrique-France sur la ville durable en 2020. Cet évènement doit être l’occasion d’inverser la tendance.
François Pargny