Sans surprise, le commerce extérieur s’est fortement dégradé en 2020 à la suite de la Covid-19 mais derrière des tendances annuelles catastrophiques pour les exportations, dans un contexte de recul généralisé des échanges au niveau mondial, se dégagent des motifs réels d’optimisme à la suite du mouvement de redressement détecté dès le printemps.
Dans un contexte de repli des échanges mondiaux de biens et services – en baisse de -9,6 % en 2020, selon le FMI, la France a enregistré par rapport à 2019 une baisse de -13 % de ses importations de biens et de -15,9 % de ses exportations, selon les données de la Douane publiées aujourd’hui (voir le document détaillé attaché à cet article).
Le déficit commercial des biens s’est creusé de 7,2 milliards d’euros (Md EUR) pour atteindre – 65,2 Md EUR, mais il demeure au-dessus du point bas historique de – 75 Mds EUR observé en 2011.
La chute des ventes internationales de biens, avoisinant -16 %, est quasi aussi vertigineuse que celle de -17 % enregistrée en 2009, année de la crise financière. Pourtant, ce chiffre annuel ne reflète pas la reprise des exportations entamée dès le mois de mai ayant suivi le premier confinement, pour atteindre un niveau similaire à celui de 2019 en fin d’année.
Après un recul historique des échanges de -43,9 % au premier semestre 2020, ils ont ainsi renoué avec une tendance haussière ininterrompue depuis mai. Le nombre d’entreprises exportatrices (130 000 avant la crise) a certes diminué au cours de l’année, avant de revenir à 128 000 en décembre.
La reprise des exportations de bien tirée par l’UE et la Chine
Cette reprise est essentiellement due à une meilleure résistance des exportations vers les pays de l’Union européenne (UE). Elles ont baissé de « seulement » -13 % sur l’ensemble de l’année, lorsque celles à destination des pays tiers ont chuté de -19,3 %, notamment du fait de l’intégration des chaînes de valeur européennes au sein du marché intérieur européen.
Les ventes à l’export ont également repris tôt et de manière dynamique vers la Chine (+ 20,4 % entre le premier et le second semestres).
La reprise des exportations vers les États-Unis a en revanche été moins dynamique (+ 3,3 % entre le premier et le second semestres).
L’aéronautique durement frappé
A l’exception des produits pharmaceutiques, qui enregistrent une progression de + 4,7 % de leurs exportations par rapport à 2019, l’ensemble des secteurs de biens voient leurs échanges se replier en 2020.
Le secteur le plus fortement touché par la baisse des exportations est l’aéronautique (- 45,5 %), durement frappé par la crise. Moins exposées, les exportations agricoles et agroalimentaires ont mieux résisté (- 3,4 %).
Les exportations du secteur automobile, qui avaient particulièrement souffert au premier semestre (- 37,7 % par rapport au premier semestre 2019), ont bénéficié d’une reprise marquée au second semestre, limitant ainsi la baisse sur l’ensemble de l’année à – 18,7 %.
Du côté des importations, les produits énergétiques enregistrent le repli le plus important (- 39,8 %), permettant un allègement de près de moitié de la facture énergétique.
Les exportations de services touristiques s’effondrent
Les échanges de services ont également fortement ralenti enregistrant un recul de -17,7 % des exportations et de -13,8 % des importations, ramenant ainsi l’excédent des services à 8,3 Md EUR (contre 21,6 Md EUR en 2019).
Cette baisse résulte en particulier de l’effondrement du tourisme international avec une baisse de -49,8 % des exportations de services de voyages.
Les perspectives pour 2021 restent très incertaines, et seront fonction de l’évolution de la pandémie, du rythme de reprise de l’activité mondiale, mais aussi de l’évolution des tensions commerciales et des risques protectionnistes. Les échanges mondiaux devraient rebondir de +8,1 % en 2021 selon le FMI, mais pourraient rester en deçà des niveaux d’échanges atteints avant la crise sanitaire.
De quoi justifier le Plan de Relance à l’exportation lancé à l’automne par le gouvernement.
Sophie Creusillet