Après deux levées de fonds en 2016 et 2017, PhysioAssist, entreprise spécialisée dans les appareillages médicaux respiratoires pour le traitement de pathologies chroniques pulmonaires, s’attaque au marché chinois en s’employant à franchir une première étape déterminante : celle des essais cliniques précédant la phase d’enregistrement de ses équipements. La Chine représente un marché gigantesque pour la société et sa machine phare le Simeox. La cohorte potentielle de patients est estimée à 100 millions de personnes en raison du tabagisme et de la pollution urbaine chronique.
Fondée en 2012, la société a déjà complété deux levées de fonds organisées coup sur coup en 2016 et 2017. Si Mérieux Equity Partners est le plus important actionnaire de PhysioAssist, c’est Sham Innovation Santé, fonds de capital-risque à caractère évolutif, conseillé par Turenne Capital, qui a été le premier à investir dans la société présidée par Anne Reiser, ancienne présidente d’Emea-Apac-Japan chez ResMed Inc. et dirigée par Adrien Mithalal, ingénieur diplômé de l’ESIEE Paris et de l’ESSEC Business School et spécialiste du développement de dispositifs médicaux.
Au cours de ses 9 ans d’existence, la société basée à Aix-en-Provence a aussi su attirer des investissements de la part de CAAP Création, l’un des fonds d’investissement de Crédit Agricole Alpes Provence, de Banque Populaire (groupe BPCE) ainsi que de la Région Sud investissement, fonds d’investissement de la région Paca, également conseillé par Turenne depuis 2010.
PhysioAssist n’est plus la microstructure que Bpifrance et ses investisseurs ont aidée à obtenir le marquage CE à ses débuts. Elle emploie désormais 95 personnes et exporte dans 15 pays d’Europe et du Moyen-Orient. Elle ne communique malheureusement pas sur son chiffre d’affaires pour des raisons de confidentialité exigées par ses actionnaires. Mais la volonté de croissance à l’international de la jeune entreprise montre que le produit Simeox n’a pas épuisé ses marchés applicatifs et que les résultats opérationnels sont bien orientés à la hausse.
Des autorités chinoises très attentives aux essais en laboratoires
Le génome de la population chinoise ne comporte pas le gène de la mucoviscidose dont le traitement peut faire intervenir les appareils de PhysioAssist. Ceux-ci servent par exemple à liquéfier le mucus directement dans les bronches, notamment pour les patients atteints de mucoviscidose ou de BPCO (bronchopneumopathies chroniques obstructives).
En revanche, les pathologies liées à l’exposition à un environnement pollué constituent un problème de santé chronique que les autorités sanitaires devront prendre à bras le corps.
« Le marquage CE est un sésame pour accéder aux marchés domestiques de nombreux pays en Europe. Mais le Brésil, les Etats-Unis et la Chine se réfèrent à d’autres systèmes. Nous avons donc développé une preuve de concept marché en 2018 et, en 2020, nous avons décidé de partir à la conquête de ces nouveaux marchés », explique Adrien Mithalal. Pour approcher le marché chinois, PhysioAssist a dû repartir de zéro et relancer les batteries de tests déjà faits en Europe, la Chine étant particulièrement regardante sur les essais en laboratoires. « Même si ces essais ont déjà été conduits en Europe en appliquant des standards internationaux, le ministère de la santé et du bien-être chinois a des exigences spécifiques qui conduisent à mener localement de nouveaux essais en laboratoire », ajoute le directeur général.
Se faire accompagner au lieu de partir à l’aveuglette
Des essais cliniques sont ainsi en cours à l’hôpital de Shanghai. Une fois cette étape franchie, l’enregistrement du Simeox devrait prendre encore un semestre environ au fabricant aixois. Le développement du volet distribution est travaillé en parallèle.
Pour cette société, la Chine constitue un vrai millefeuille en termes de distribution avec son réseau et ses sous-réseaux. C’est un peu comme s’attaquer à l’équivalent d’une dizaine de pays en un seul. C’est la raison pour laquelle PhysioAssist a choisi de se faire accompagner par le cabinet VVR International, société de conseils et de services spécialisée dans l’accompagnement des sociétés européennes dans leur développement industriel et commercial en Chine.
« L’idée est de s’appuyer sur eux pour sécuriser notre projet à l’export sur le marché chinois pendant les 4 ou 5 premières années. Ils pourront même nous aider sur le recrutement de salariés sur place par la suite. Ils ont déjà les bons réseaux notamment auprès des key opinion leaders (KOL) du secteur scientifique », déclare Adrien Mithalal qui réfléchit aussi au marché nord-américain.
Cette destination réservera aussi son lot de difficultés au jeune patron trentenaire, notamment celles liées aux questions réglementaires et juridiques. Le recours à un cabinet spécialisé dans l’enregistrement des dispositifs médicaux auprès du régulateur américain (FDA) sera un passage obligé. Et probablement coûteux…
Emmanuelle Serrano