Trois des six offres présélectionnées pour la réalisation de la structuration technique de la première ligne du métro de Bogotá (PLMB) sont françaises. Il s’agit de celles de Systra, qui a déjà réalisé l’étude de pré-faisabilité de la PLMB, associée à Ingetec, d’Egis et du consortium Artelia-Ingerop. « La procédure d’adjudication sera transparente. Cependant, Systra est bien placé pour l’emporter, d’autant que la municipalité de Bogotá est très satisfaite de la qualité du travail accompli jusqu’ici par cette société », a ainsi indiqué au Moci une source colombienne proche du dossier.
Dans le cadre de l’étude de pré-faisabilité, la filiale de la RATP et de la SNCF a proposé une nouvelle mouture du projet à la demande du maire de Bogotá, Enrique Peñalosa, élu en 2015, qui avait remis en cause le projet de l’administration municipale antérieure. Au lieu d’un tracé entièrement souterrain, le nouveau projet défini par Systra prévoit un métro totalement aérien avec un tracé sur une longueur de 19,5 km (15 stations) pour ce qui est de la première tranche (jusqu’à la rue nº 72). La société française a proposé un projet de métro « lourd », incorporant les technologies les plus récentes (automatisation complète, absence de caténaires, etc.). L’adjudication du contrat de structuration technique est prévue au cours des prochaines semaines et d’autres étapes sont prévues, notamment la structuration juridique et financière.
Le projet, dont la valeur totale est estimée à 3,2 milliards d’euros (au taux de change actuel), sera financé à 70 % par le gouvernement central et à 30 % par la municipalité de Bogotá. Si les Français sont bien positionnés en amont, la concurrence risque d’être féroce pour l’adjudication des travaux et des équipements (matériel roulant notamment), en particulier de la part du constructeur espagnol CAF qui a bénéficié d’un financement officiel espagnol « canon » pour le métro de Quito en Équateur.
Les modalités de l’appel d’offres ne sont pas encore connues. En principe, il s’agira d’un marché public, mais le maire de Bogotá souhaiterait scinder l’appel d’offres en deux grandes tranches : l’une pour le génie civil, qui représente la majorité de la valeur du contrat, sous la forme d’un marché classique de travaux ; et l’autre pour le matériel roulant sous la forme d’un PPP dans lequel le gagnant assurerait la gestion de la ligne. Ce schéma a déjà été mis en œuvre pour la ligne 4 du métro de Sao Paulo au Brésil. A cela s’ajoutent les incertitudes relatives aux délais de réalisation. La municipalité de Bogotá a présenté un calendrier très serré qui prévoit un lancement de l’appel d’offres du projet en septembre 2017 pour une adjudication en mars 2018 et une signature en mai 2018. Il convient de rappeler que Bogotá est la seule grand métropole latino-américaine qui ne dispose pas de métro et que l’accumulation de voitures a conduit à une situation chaotique en matière de mobilité urbaine malgré le déploiement à grande échelle du Transmilenio, le système de Bus à haut niveau de service (BHNS).
Daniel Solano
Pour prolonger :
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