La conjoncture économique pèse sur la croissance et donc sur
les risques de paiements. Côté conjoncture, Coface prévoit un ralentissement de
la croissance économique dans toutes les zones, de l’ordre de « 1 à 1,3
points » a détaillé aujourd’hui Jean-Marc Pillu, directeur général de Coface, lors de
la présentation des résultats semestriels du groupe.
D’après les prévisions du
groupe, qui s’inscrivent dans le consensus des économistes, la croissance mondiale
pourrait tomber à 3,2 % en 2011 (après 4,3 % en 2010), dont à peine 1,5 %
pour les pays industrialisés (après 2,6 % l’an dernier), plombés par l’atonie
de la croissance en Europe et la faiblesse de la consommation aux Etats-Unis. Pour les pays émergents, le taux de croissance serait de 5,8 % (7,1 % en 2010). Dans les BRICS, les taux de
croissance, bien que ralentis, restent enviables, s’échelonnant entre 9 %
(prévus pour la Chine)
et 4 % (Brésil).
Conséquence immédiate pour le risque de paiement :
« la courbe des incidents de paiement remonte », a observé Jean-Marc
Pillu. Pour le moment, la progression n’est pas spectaculaire : + 12 %
pour l’ensemble du monde au premier semestre 2011. « Mais on n’est plus
dans cette période de baisse des impayés que l’on a connue en 2009 et 2010 ».
Signe des temps : les sources de préoccupation sont dans les pays de la
zone euro, où la crise de la dette et les plans d’austérité budgétaire plombent
la conjoncture et où les entreprises rencontrent des problèmes d’accès au
crédit et de trésorerie.
La progression des incidents de paiement atteint ainsi
71 % au Portugal, 29 % en Italie, 28 % en Grèce. Elle reste en dessous de la
moyenne mondiale en Espagne (10 %). « On sent des grumeaux se former dans
la sauce » a commenté le directeur général de Coface, citant également la France, où la progression
des incidents serait supérieure à la moyenne mondiale.
Dans ce contexte, le groupe entend poursuivre le recentrage
stratégique qu’il a engagé cette année, après le départ de Jérome Cazes,
prédécesseur de Jean-Marc Pillu, et la nomination de ce dernier à la tête du
groupe. L’assurance-crédit redevient son cœur de métier et la priorité de son
développement, tandis que les activités de services et d’affacturage seront,
pour reprendre une expression du responsable, soit cédés, soit externalisés,
soit « autonomisés ».
Dans l’affacturage, Coface ne conservera ses
filiales qu’en Allemagne et en Pologne, où elles sont bien positionnées et
rentables. Dans le recouvrement et l’information, l’heure est également au
recentrage : dans les pays où des
activités pour compte de tiers ont été développées, celles-ci seront
« autonomisées », c’est-à-dire séparées des activités
d’assurance-crédit. L’objectif, a rappelé Jean-Marc Pillu, est de rendre le
groupe plus profitable en vue d’un désengagement futur de Natexis, son actionnaire principal, sur tout ou partie du capital lorsque « les
conditions de marché seront là ». « C’est mon mandat », a
rappelé le dirigeant.
Au premier semestre, le chiffre d’affaires de Coface a cru
de 8 % (764 millions d’euros), dont 7 % pour l’assurance (primes acquises), qui
représente près de 94 % de son activité. Et son ratio combiné brut (cost ratio + loss ratio avant réassurance), qui mesure la sinistralité globale
et la rentabilité opérationnelle, s’est amélioré, passant de 90, 8 % au 1er semestre 2010 à 78,3 % au 1er semestre. Le loss ratio (ratio de perte) est, lui, passé de 65,2 % à 52,5 %. Le
résultat opérationnel a progressé de 65 %, à 34 millions d’euros et son résultat
net de 121 %, à 35 millions d’euros.
Christine Gilguy