Clextral, entreprise de taille intermédiaire (ETI) industrielle implantée en région stéphanoise, a souffert de la crise. Mais elle revendique un modèle s’appuyant à la fois sur l’international et le local pour limiter les dégâts provoqués par la crise de la Covid-19.
Moins 10 % ! La baisse de chiffre d’affaires enregistrée cette année est significative pour cette ETI ligérienne de 310 salariés, créée en 1956 au sein de Creusot Loire et exportant aujourd’hui 80 % de ses 60 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais, « l’impact aurait pu être beaucoup plus important si le modèle à l’international avait été différent », assure Eric Colleter, nouveau directeur général de l’entreprise, propriété du groupe Legris Industrie.
Sa spécialité, l’extrusion bi-vis, est méconnue du grand public. Mais sa technologie a des applications diversifiées pour des machines permettant de produire, par exemple, les cracottes, les snacks apéritifs soufflés ou les billets de banque.
Elle dispose de douze bureaux à l’international. Le premier avait été ouvert en 1983 aux États-Unis, le dernier il y a deux ans en Indonésie. Entre temps, le Chili, le Brésil, l’Algérie, le Danemark ou encore l’Australie ont été dotés d’équipes Clextral, dont le management est souvent constitué d’expatriés issus du siège, assistés de quelques V.I.E (volontaire internationaux en entreprise).
« Des bulles de circulation » un peu partout
« En 2020, déplacer des personnes est particulièrement problématique. En revanche, cela l’est moins pour ce qui concerne le matériel. Nous pouvons livrer nos lignes mais pas envoyer nos équipes depuis la France. Idem pour la maintenance », raconte Gilles Maller, Vice-président de l’entreprise, en charge de l’international et Conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF). « Or, on peut faire des réunions virtuelles mais installer une ligne à distance est bien plus complexe, même si nous avons beaucoup développé dans cette période nos outils de SAV à distance ».
Dans ce contexte, l’organisation de Clextral, avec son maillage mondial, a montré toute sa pertinence. « En réalité, hormis pour certains pays complètement fermés, il existe des bulles de circulation possibles un peu partout. Nos équipes des filiales ont ainsi pu rayonner sur leur pays et dans un périmètre un peu plus large ce qui nous a permis de poursuivre notre activité convenablement ».
Modèle local / international
D’autant que dans le même temps, Clextral a choisi déjà depuis très longtemps de s’appuyer sur un réseau de fournisseurs locaux, et de tout produire depuis son usine française.
« Nous n’attendons pas de pièces de l’autre bout du monde. Nos sous-traitants stratégiques sont situés dans un périmètre relativement restreint », souligne Eric Colleter. « Notre modèle s’appuyant à la fois sur le local et l’international a remarquablement bien résisté même si cet impact de moins 10 % n’est pas neutre. Nous sommes moins en forme que les autres années, c’est évident ».
D’après le dirigeant, les ventes se sont bien maintenues cette année en Asie et sur le continent américain. Elles ont en revanche été moins performantes qu’habituellement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Après avoir ajouté en 2020, la Moldavie et Oman à la liste des pays dans lesquels elle compte des clients, Clextral peut désormais se targuer d’avoir des lignes de production dans 98 pays.
Des projets prospectifs en Europe et en Afrique
Investie dans la R&D, l’entreprise de Firminy est impliquée dans un projet de recherche européen, Farmyng, porté par l’entreprise Ynsect. Son enjeu est de fonder la première unité industrielle entièrement automatisée et spécialisée dans la production de protéines d’insectes haut-de-gamme.
« Le marché du ‘food’ représente déjà 70% de notre chiffre d’affaires. Nous sommes attentifs aux innovations sur ce sujet » précise Gilles Maller, ajoutant que le marché des protéines végétales sur lequel Clextral s’est positionné depuis quelques années, est extrêmement porteur. « Ce sont ces projets qui connaissent la croissance la plus importante. Et ce, dans toutes les régions du monde ».
Autre innovation « food » en cours : le projet de ligne d’extrusion à moyen terme pour la Côte d’Ivoire afin d’industrialiser la transformation du manioc en attiéké (semoule de manioc), une opération aujourd’hui complètement manuelle.
Stéphanie Gallo