« Montrer la Chine du doigt ne va pas aider l´économie américaine, mais cette loi pourrait faire perdre des emplois aux Etats-Unis », a tonné John Watkins, le président de la Chambre de commerce américaine en Chine, dans un communiqué. Il réagissait à l´adoption, le 29 septembre, par la Chambre des représentants américaine d´un projet de loi invitant le gouvernement à considérer la fixation du taux de change du yuan par les autorités comme une forme de subvention aux entreprises chinoises.
Ce projet de loi, voté par 348 voix pour et 79 contre, prévoit d´élargir les pouvoirs du département du Commerce, qui pourrait imposer des droits de douanes punitifs aux produits chinois, au motif de cette sous-évaluation du yuan. A l´approche du vote de ce projet de loi, la Banque centrale chinoise a évoqué dans un communiqué une « flexibilité accrue du yuan » et précisé que Pékin « va continuer à parfaire le mécanisme de formation du taux de change du yuan, en continuant à se baser essentiellement sur l´offre et la demande, en l´ajustant à un panier de devises et en accroissant la flexibilité du taux de change ».
Pomme de discorde de longue date entre Washington, mais aussi l’Europe, et Pékin, la sous-évaluation de la devise chinoise face au dollar est estimée de 5 % à 27 % par les économistes du FMI et jusqu´à 40 % par certains parlementaires américains. Actuellement, le yuan ne peut fluctuer que de plus ou moins 0,5 % autour d´un cours pivot fixé quotidiennement par la Banque centrale chinoise.
Hier, le jour même du vote du projet de loi à Washington, la devise chinoise a atteint son niveau le plus élevé face au dollar depuis 2005, à 6,6844 yuans pour un dollar. « Nous pensons que le yuan va toucher 6,60 dans les semaines qui viennent si les Etats-Unis ne se montrent pas trop radicaux sur la politique de change chinoise », a déclaré à l´agence Reuters un cambiste d´une banque américaine à Shanghai.
Ce projet de loi doit encore être voté par le Sénat, après les élections législatives du 2 novembre. Mais pour John Watkins, plutôt que de s’attaquer au système de change de Pékin, « les parlementaires américains devraient se consacrer à préparer une réponse à la myriade de politiques industrielles chinoises, à la faible protection de la propriété intellectuelle et à un accès au marché chinois de plus en plus difficile ».
Sophie Creusillet