La monnaie chinoise, le renminbi (RMB), semble séduire les sociétés de l’Hexagone. En effet, d’après une étude pour la banque HSBC conduite en juillet 2014 par le cabinet Nielsen auprès de plus de 1 300 firmes internationales, 26 des 100 entreprises françaises interviewées ont indiqué avoir réalisé au moins une opération commerciale transfrontalière en utilisant le RMB, ce qui est le niveau le plus élevé pour une nation européenne.
En outre, si parmi elles les grandes entreprises sont bien représentées, les PME aussi, alors que « les ETI de taille moyenne, c’est-à-dire entre 50 et 250 millions d’euros de chiffre d’affaires, semblent avoir pris du retard », commentait Régis Barriac, directeur International d’HSBC France, lors d’une conférence de presse en duplex avec les dirigeants de la banque à Shanghai, le 9 décembre.
Mieux encore, 62 % des sociétés de l’Hexagone employant actuellement la devise chinoise anticipent une croissance future de leurs affaires pendant les douze mois à venir. En juillet dernier, 44 % des paiements entre la France et la Chine étaient réalisés dans cette monnaie, ce qui plaçait encore la France en tête en Europe. Et d’ici un an, près de 30 % du commerce global du géant asiatique devrait être facturé en renminbi.
Des opportunités dans les infrastructures et les villes
« Dans les deux à trois ans, la monnaie chinoise sera convertible », prévoit encore Montgomery Ho, Deputy CEO d’HSBC China, selon lequel la croissance de l’économie devrait s’élever à 7,5 % à la fin de l’année. C’est pour lui « un taux tout à fait respectable ». Certes, reconnaît-il, si on l’avait interrogé il y a un an, il aurait « annoncé 9 % ». Or, depuis, « les problèmes » se sont accumulés : des surcapacités dans l’acier ou le ciment, une consommation pas aussi forte que prévu, des exportations moins dynamiques que par le passé, une économie en très forte évolution difficile à contrôler de Pékin. Maintenant, pointe le dirigeant chinois, « la politique de rééquilibrage de l’économie menée par le pouvoir offre des opportunités réelles aux entreprises étrangères qui peuvent combler la demande locale en matière d’infrastructures et profiter de l’urbanisation et la mobilité sociale pour vendre des biens et des services ».
Tous les grands noms des transports en commun, à l’instar de Keolis, sont attirés par les projets de grande envergure programmés dans les prochaines années dans les villes : plus de 3 000 kilomètres de métro, 2 000 de métros, etc. D’après une étude d’HSBC intitulée « Le monde en 2050 » (janvier 2012), quelque 200 méga-cités rassembleraient plus d’un million d’habitants chacune d’ici 20 à 30 ans. De plus, en 2050, le revenu par habitant devrait exploser, avec + 800 %, alors que la classe émergente dépasserait la barre des 700 millions de consommateurs.
La Chine, deuxième débouché de la France en 2030
Au moment où les observateurs constatent que le président Xi Jiping dispose d’un pouvoir inégalé avant lui en Chine – une autorité qui doit lui permettre d’organiser au mieux le millefeuille régional et de s’attaquer à la corruption et aux pollutions multiples de l’environnement – l’ex-Empire du Milieu serait devenu la première puissance économique mondiale en parité de pouvoir d’achat (PPA), d’après les données du Fonds monétaire international (FMI), avec un produit intérieur brut (PIB) de 17 632 milliards de dollars en 2014, devançant les États-Unis avec 17 416 milliards. Il a aussi dépassé son rival dans les échanges mondiaux de biens, lui ravissant ainsi la première place en 2013 avec 4,16 trillions de dollars. « La Chine continue à être un hub clé pour l’industrie manufacturière et les exportations » et « l’accent mis sur la consommation domestique fait aussi de ce pays une destination idéale pour les importations et les services », observe-t-on encore chez HSBC.
D’après les prévisions de la banque à l’horizon 2030, la Chine deviendra, devant le Royaume-Uni et les États-Unis, le deuxième pays client de l’Hexagone. Au premier semestre de cette année, la France était, après l’Allemagne, son deuxième pays fournisseur en Europe, avec une part de marché de 1,35 %, précédant ainsi le Royaume-Uni (1,2 %) et l’Italie (1 %). A exporter en Chine, elles seraient ainsi 11 500 sociétés tricolores, dont 72 % de PME, et celles établies sur place au nombre de 1 500, à près de 80 % à Pékin et surtout Shanghai.
« Aujourd’hui, assure Jean Beunardeau (notre photo), directeur général de HSBC France, le principal enjeu des banques de terrain est de préparer le secteur privé au changement de règlementation tant pour les importations que les implantations ». En septembre 2013, à Shanghai, a été lancée la première zone franche commerciale (SFTZ) sur une superficie de 29 m2, à côté de la zone de Pudong. Sur le papier, cette zone expérimentale doit offrir une plus grande flexibilité en matière administrative et financière et favoriser les échanges de produits et services innovants. Mais aujourd’hui les observateurs restent dubitatifs. Si chacun comprend que Pékin adopte une approche graduelle – les contrôles sur les taux d’intérêt des dépôts bancaires en devises étrangères ont ainsi été levés au printemps – les entreprises, pour la plupart, restent sur leur fin, affirmant manquer encore de visibilité sur les réformes engagées et leur application.
François Pargny
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