Le vibrant plaidoyer de Xi Jinping en faveur du libre-échange à Davos, ne s’est pas concrétisé dans les faits. C’est ce qui ressort du dernier rapport annuel de la Chambre européenne de commerce en Chine (European Union Chamber of Commerce in China) sur le climat des affaires, publié cette semaine à la veille du Sommet Union européenne / Chine, qui s’est tenu à Bruxelles les 1er et 2 juin.
D’autant plus que globalement les griefs exprimés par les entreprises européennes implantées en Chine, restent les mêmes que les années précédentes. Près de la moitié (49 %) des 570 sociétés interrogées estiment même qu’il est devenu plus difficile d’exercer leurs activités en 2016. Si les acteurs du secteur aérospatial ou de l’aviation, affirment que le climat reste inchangé, 70 % des sociétés du secteur de la restauration, de la construction, de l’ingénierie civile, constatent une dégradation de l’environnement des affaires.
Un sentiment de discrimination persistant
Le sentiment de discrimination reste lui aussi persistant : 54 % des entreprises interrogées dénoncent une différence de traitement par rapport à leurs concurrentes chinoises, en particulier dans la sphère environnementales où elles estiment être soumises à des normes plus strictes. Près de la moitié (49 %) se sentent également moins bien accueillies aujourd’hui que lors de leur implantation dans le pays.
« La rhétorique d’ouverture du marché ne donne pas de résultats », souligne le rapport, qui insiste ensuite sur l’absence de réciprocité, un enjeu majeur de la relation sino-européenne. Alors que les investissements en Chine ont connu un bond de 70 %, soit 35 milliards d’euros en 2016, les investissements européens dans le pays ont chuté de 23 %, atteignant seulement 8 milliards d’euros l’an passé.
Une concurrence plus aiguë sur le marché chinois
Autre enseignement du rapport : une concurrence plus aiguë sur le marché chinois : 60 % des sociétés européennes participant à l’enquête pensent que d’ici à 2020, leurs concurrentes chinoises auront rattrapé leur retard technologique, en particulier dans le secteur des services. Une constatation qui doit servir de « signal d’alarme », avertit Mats Harborn, le président de la Chambre de commerce européenne à Pékin, « les acteurs européens doivent dès lors établir leurs projections en conséquence ». Selon lui le gouvernement chinois devrait donc « se rassurer en constatant qu’il n’a pas besoin de protéger ses entreprises ».
Des recommandations relayées par les Européens aux autorités du pays mais qu’ils ont peu d’espoir de voir se concrétiser, du moins dans l’immédiat. Seulement 15 % des sociétés interrogées s’attendent ainsi à une diminution des obstacles réglementaires alors que 40% d’entre-elles tablent sur une nouvelle dégradation.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour télécharger le rapport (en anglais) : http://www.europeanchamber.com.cn/en/home