Alors que la riposte de l’Union européenne (UE) à la politique protectionniste de Donald Trump va se mettre progressivement en place, la Chine a annoncé dès le 4 avril une première salve de mesures de rétorsion s’appuyant sur les droits de douane et de nouvelles restrictions aux exportations de terres rares qui devraient également toucher les industries européennes.
[Mis à jour le 09/04/2025, 09h00, droits de douane supplémentaires]
Le nouveau tarif additionnel infligé à la Chine par les États-Unis, dans le cadre de sa politique de « droits de douane réciproques », est de 34 %, qui s’ajoute aux 20 % déjà en vigueur, portant le taux de droit de douane sur les produits chinois importés outre-Atlantique à 54 %. On comprend pourquoi la Chine a été la première grande puissance économique à annoncer des contre-mesures.
Notons que les taux de droits de douane annoncés le 2 avril sont sujet à évolution, notamment car de nombreux pays ont sollicité une négociation. A court terme, ils ont ainsi évolué pour la Chine, en guise de rétorsion à sa riposte annoncée le 4 avril : aux 34 % additionnels du 2 avril, le président Trump a ajouté 50 % supplémentaires, portant à 104 % le taux de surtaxe des marchandises chinoises importées.
Œil pour oeil dent pour dent. Le 4 avril, le ministère chinois des Finances a annoncé que tous les produits américains importés se verront appliquer des droits de douane additionnels de 34 % (s’ajoutant donc aux tarifs existant) à partir du 10 avril prochain, soit le lendemain de l’entrée en vigueur, côté États-Unis, des nouveaux droits de douane réciproques, annoncée pour le 9 avril.
Le même jour, le ministère chinois du Commerce a annoncé la mise en place, dès le 4 avril, de nouveaux contrôles à l’exportation sur sept types de terres rares moyennes et lourdes, ainsi que des produits liés, dont le samarium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium, le lutécium, le scandium et l’yttrium. Ces matériaux sont désormais placés sur une liste de contrôle des exportations. Ils sont clés pour certaines industries : le gadolinium est notamment utilisé en imagerie par résonance magnétique (IRM), et l’yttrium, dans l’électronique grand public.
Contrôle des exportation accru
Il faudra donc désormais obtenir une licence d’exportation pour pouvoir se les procurer. D’après l’agence Reuters, qui cite des données de l’US Geological Survey, près des trois quarts des terres rares importées aux États-Unis entre 2019 et 2022 provenaient de Chine. Et si cette mesure cible d’abord les importations américaines, elle touche les industriels d’autres pays, notamment d’Europe.
Pékin avait déjà pris de telles mesures en février dernier, en rétorsion à l’imposition de droits de douane additionnels de 10 %, avec des interdictions pures et simples d’exportation de trois métaux vers les États-Unis et des contrôles à l’exportation sur une vingtaine d’autres dont le tungsten, l’indium, le bismuth, le tellurium et le molybdenum, des matériaux et leurs dérivés essentiels pour l’industrie de défense et les énergies renouvelables, entre autres. Cette fois ci, les restrictions frappent aussi des produits finis tels que les aimants permanents.
Une chose est sûre. Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle démonstration de force de la Chine, qui utilise ses terres rares comme une arme de négociation, devrait encourager ses partenaires à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement.
C.G