Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) vient de publier une note sur « les défis de la prospérité intérieure et de l’affirmation internationale » de la Chine. La consommation domestique, sur laquelle repose officiellement le modèle de développement, et appelée à rester atone si le gouvernement n’engage pas les réformes sociales nécessaires, estiment ses auteurs.
La « double circulation ». Tel est le mantra du 14e plan quinquennal adopté en 2020. L’ex-empire du Milieu entend ainsi inscrire ses échanges extérieurs dans une stratégie d’influence et développer les échanges intérieurs en favorisant la consommation de la classe moyenne. Bref, ne plus être « l’atelier du monde » et se concentrer sur le marché domestique. Trois ans plus tard, ce dernier affiche toujours un manque de dynamisme qui inquiète les entreprises étrangères.
« Il était espéré que la reprise de la consommation des ménages allait entraîner la demande globale pour pouvoir redresser l’emploi, principalement des jeunes travailleurs. Mais la reprise de la demande domestique ne se matérialise pas pleinement », constate le Cepii. Même si les statistiques montrent un léger mieux depuis cet été, les dépenses de consommation ont baissé de 0,2 % en 2022 alors qu’elles avaient bondi de 6,2 % entre 2015 et 2019.
L’épargne comme caisse de secours
Certes, l’épargne demeure importante, mais, dans les faits, elle sert à pallier les déficiences du système de protection sociale, en particulier des retraites. Pourtant « le renforcement des filets de sécurité est clé ». « Il implique de réduire les inégalités sociales et territoriales et de prendre en compte le vieillissement de la population », ajoutent les auteurs de cette note. Ils précisent également que cet objectif était déjà au menu des priorités du 12e plan quinquennal… qui remonte à 2010.
Pour stimuler la consommation, les autorités ont pris fin juillet 20 mesures allant de l’augmentation de l’offre de logements subventionnés au soutien à la « consommation verte » en passant par l’organisation de grands festivals et événements sportifs. Une annonce qui a suscité le scepticisme chez quantité d’observateurs de l’économie chinoise. Ces derniers sont sceptiques quant au bon fonctionnement de ces mesures.
Les entreprises étrangères dans l’expectative
« Trop sélectives, trop peu nombreuses. Elles ne s’adressent qu’aux symptômes, a ainsi critiqué Rolf Langhammer, professeur d’économie à l’Institut de Kiel, en Allemagne, au lendemain de cette annonce. C’est comme un feu de paille. Il brûle rapidement, mais s’éteint également très rapidement. »
Automobile, habillement, produits alimentaires… L’atonie de la consommation chinoise est notable dans tous les segments des biens de consommation et les grandes entreprises présentes sur place se gardent bien de formuler des pronostics sur leurs ventes dans les prochains mois. Même la niche des produits de luxe n’est pas à l’abri. Ainsi, LVMH, qui a pourtant annoncé pour la période avril-juin des ventes en hausse de 17 % grâce à un rebond du marché chinois, s’est abstenu de donner des perspectives pour les mois à venir.
Sophie Creusillet