Les entreprises françaises implantées en Chine ont le moral en berne, inquiètes en raison de la persistance de l’épidémie de coronavirus Covid-19 et de ses effets paralysants pour l’économie chinoise. Ainsi, 61 % d’entre elles prévoient une baisse de moitié de leur chiffre d’affaires au premier semestre, d’après le sondage « Covid 19* – Impact sur les entreprises françaises en Chine »**.
Cette enquête d’opinion a été réalisée les 12 et 13 février dernier, par les Conseillers du commerce extérieur (CCE), le Service économique, les consulats français, Business France, CCI France Chine et la French Tech, auprès d’un échantillon de 466 entreprises, en majorité des PME et TPE (83 %). Sur place, les sociétés de l’Hexagone sont au total 2 100, selon le Service économique, et emploient 80 000 personnes.
Ses résultats confirment l’ambiance morose qui règne actuellement dans les milieux d’affaires français en Chine, alors que Business France elle-même a du réduire la voilure, comme nous l’a confirmé Christophe Lecourtier, son directeur général, dans un récent entretien.
Les entreprises de services les plus pessimistes
D’après le sondage, « les entreprises de services sont plus nombreuses que les entreprises industrielles à anticiper de plus fortes baisses, c’est-à-dire allant jusqu’à 80 %, voire 100 % ». Les sociétés de l’Hexagone en Chine sont aussi 21 % à déclarer n’avoir aucune visibilité sur leurs ventes futures.
Au demeurant, près des trois quarts des entreprises industrielles, 83 % exactement, prévoient un retour à la normale avant la première quinzaine d’avril, une proportion qui n’est que de 61 % pour les spécialistes de services.
Sans surprise, les déplacements professionnels arrivent en tête des préoccupations des sondés (33 %), devant la mobilisation des employés chinois (19,2 %). Les approvisionnements (16,8 %) et la trésorerie (15 %) arrivent ensuite.
En fait, les trois quarts des sondés avouent n’avoir aucune visibilité sur leurs besoins de trésorerie, alors que pour le reste, ces besoins sont estimés au total à 360 millions de renminbi (47,67 millions d’euros). Autres problèmes cités, mais souvent, la mobilisation des employés étrangers et la pénurie de main d’œuvre (8,9 % à chaque fois).
Les approvisionnements, premier souci de la Chine
Autre enseignement intéressant du sondage, les entreprises ont été interrogées sur l’impact réel du coronavirus en dehors de Chine.
Pour 30 % d’entre elles, ce sont les approvisionnements de et vers la Chine qui vont le plus souffrir, devant l’investissement qui devrait diminuer (20 %). Délocalisation de production et baisse des exportations vers la Chine seraient aussi à prévoir (cités par 10 % des sondés dans les deux cas).
Si l’épidémie devait se poursuivre, l’économie chinoise, qui tourne déjà au ralenti, pourrait encore reculer. De quoi remettre en cause les objectifs économiques fixés par le président Xi Jinping.
Oxford Economics vient d’ailleurs de revoir à la baisse ses prévisions de croissance mondiale : l’épidémie de coronavirus pourrait l’amputer de 0,5 % (pour la ramener en dessous de 2 %) si la pandémie s’installe seulement Asie, mais la perte pourrait grimper à 1,3 % de croissance (à moins de 1 %) si la pandémie devenait mondiale. La prévision de croissance pour la seule Chine est désormais de 5,4 %, au lieu de 6 % initialement prévu par l’institut britannique.
François Pargny
*Covid-19 est la maladie que provoque le virus, pas le virus lui-même
**Les résultats de l’enquête sont dans le document Pdf joint à cet article