Chimie : la filière des couleurs, enduits et vernis réussit au grand export

La Fipec, qui réunit cinq syndicats professionnels* des industries des peintures, encres, couleurs, résines, colles et adhésifs, a publié le bilan 2023 du secteur. Déficitaire au niveau européen, sa balance commerciale passe en revanche au vert sur les marchés tiers. Revue de détail.

Très dépendants de la santé du bâtiment et de la construction mais aussi de celle d’un éventail de secteurs allant de l’automobile aux loisirs en passant par l’aéronautique, les secteurs représentés par la Fipec ont réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros (Md EUR) dont 38 %, soit 1,9 Md EUR, à l’export.

Tous produits confondus, les entreprises ont exporté pour 677 millions d’euros (M EUR) vers des pays tiers, tandis que les pays de l’Union européenne ont absorbé presque le double, 1216 M EUR, soit 64 %. Si le solde commercial avec les pays membres de l’UE est déficitaire de 230 M EUR, il demeure excédentaire avec les pays tiers, de 143 M EUR. Toutes destinations confondues la filière accuse toutefois un déficit de -87 M EUR.

« Le chiffre du déficit est à nuancer car la part des flux intragroupes est très importante en Europe, analyse Gilles Richard, le délégué général de la Fipec. De plus, si on regarde les statistiques de chaque segment, on s’aperçoit que ce déficit est essentiellement le fait de celui des colles ».  En revanche, les peintures, enduits et vernis ont enregistré un excédent de +145 M EUR avec des exportations ayant atteint 1,1 Md EUR, un niveau stable par rapport à 2022.

« Les intrants restent entre 30 % et 70 % plus chers qu’avant la crise sanitaire »

Ce dernier secteur, le plus important des 150 entreprises réunies dans la Fipec, a réalisé 67 % de ses ventes internationales en dehors de l’UE. Autre segment excédentaire (d’un petit million d’euros), les couleurs pour artistes ont réalisé 56 % de leurs exportations au grand export. Toutes les activités représentées dans la fédération professionnelle doivent faire face à une conjoncture compliquée.

Même si ces activités ne sont particulièrement électro-intensives, les tarifs de l’électricité ont été multipliés par trois entre l’été 2019 et 2023. Dans ces métiers de la chimie de formulation, les prix des intrants ont grimpé en flèche à partir de décembre 2020. « Après la flambée des prix pendant la pandémie, la guerre en Ukraine a redonné un coup d’accélérateur, observe le délégué général. Depuis, les intrants restent entre 30 % et 70 % plus chers qu’avant la crise sanitaire. En revanche les problèmes de disponibilités ont disparu à part pour quelques substances. »

De plus, le retard de la reprise des secteurs comme l’aéronautique, l’automobile et le BTP continue d’impacter les entreprises de la filière. Le secteur de la peinture décorative, fortement dominé par des groupes étrangers tels que les américains PPG Industries, Sherwin Williams et Axalta Coating Systems ou encore le néerlandais AkzoNobel, comporte néanmoins quelques groupes tricolores qui réussissent à l’international comme Cromology.

Cette ETI de 3000 personnes est présence dans 8 pays (Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Maroc, Portugal et Suisse). Les peintures Maestria sont quant à elles proposées dans 25 pays où elles réalisent 17 % du chiffre d’affaires.

Sophie Creusillet

*La Fipec représente les industries des peintures, enduits, vernis (Sipev), des encres d’imprimerie (Afei), des couleurs pour l’art, le loisir et l’enseignement (Afcale), des colles, adhésifs et mastics (Aficam) et des résines (Snfores).