En 2015, les exportations françaises de produits chimiques ont progressé, en valeur, de 1,6 % pour s’établir à 55,6 milliards d’euros, d’après les chiffres présentés, le 22 mars, par Philippe Gœbel, le président de l’Union des industries chimiques (UIC), qui dévoilait lors de la conférence de presse annuelle de l’Union les résultats de l’industrie chimique pour 2015.
En revanche, après deux années de contraction en valeur (-5,6 % en 2013 et -1,8 % en 2014), les importations se sont redressées en 2015 et ont augmenté de 2 % par rapport à 2014 pour atteindre 48,3 milliards d’euros, retrouvant un niveau proche de 2013. Ce sursaut peut s’expliquer, d’après l’UIC, par des approvisionnements extérieurs afin de compenser une partie des besoins français n’ayant pu être fournis du fait des difficultés de production de l’industrie au premier semestre, provoquées par des incidents techniques sur les sites de production.
La baisse de l’euro a soutenu l’activité sur les marchés hors Europe
« Une des caractéristiques importantes de la chimie, c’est son caractère exportateur !», a encore une fois insisté Philippe Gœbel. « Que l’on soit capable, année après année, a-t-il poursuivi, de dégager des excédents du commerce extérieur ». La filière chimique constitue l’un des points forts de la spécialisation française et génère le deuxième excédent commercial après l’aéronautique. En 2015, la filière a dégagé, à nouveau, un solde commercial positif, s’établissant à +7,3 milliards d’euros, après avoir atteint le niveau record de +7,4 milliards d’euros en 2014 (après +5,6 milliards en 2013). « Depuis deux ans, on parvient à dégager plus de 7 milliards d’euros d’excédent commercial », s’est réjouit Philippe Gœbel.
« Nous avons profité de la baisse de l’euro, ça nous a permis d’exporter davantage en dehors de l’Union européenne (UE) », a expliqué Philippe Gœbel. Hors UE, les livraisons ont été principalement destinées au continent américain et asiatique. À l’exportation, l’Amérique représente 11,2 % du total des ventes à l’export, dont 6 % vers les États-Unis. L’Asie (hors Japon) est, elle, destinataire de 9,7 % des livraisons totales depuis la France. « Nos exportations sont restées quasi stables à destination des pays de l’UE », a commenté Philippe Gœbel. En 2015, les ventes vers l’UE, zone où la dépréciation de l’euro n’a pas d’effet, ont stagné en valeur (-0, 1 %) à 34,8 milliards d’euros, et ont progressé de près de 3 % en volume sous l’effet d’un recul des prix.
Les ventes de produits chimiques tricolores vers l’Allemagne, premier partenaire de la France à l’export comme à l’import dans cette filière, ont accusé une baisse de 1 % (en valeur) tandis qu’elles sont en hausse de 1,6 % à destination de l’Italie, deuxième client de la chimie française. Vers le Royaume-Uni, les exportations sont restées dynamiques, avec une croissance de 3,5 % en valeur, soutenue notamment par la dépréciation de l’euro face à la livre. Après un sursaut de 6 % en 2014, les livraisons vers l’Espagne ont décéléré de 0,4 %, en valeur, l’an dernier. Les ventes de produits organiques de base vers l’Espagne ont plus particulièrement accusé le coup, chutant de 15 %. Les expéditions de produits chimiques destinées à la Belgique, ont, elles, décliné de 4,8 % en valeur. À destination de ce pays, les exportations de produits organiques de base et de matières plastiques ont chuté respectivement de 11,8 % et 11,7 % en valeur l’année passée par rapport à 2014.
Les performances réalisées à l’export par la filière de la chimie française varient selon les secteurs d’activité. Les résultats à l’export pour 2015, secteur par secteur, sont analysés par l’UIC dans un rapport détaillé. En voici un extrait.
Les produits en hausse : spécialités chimiques, savons, parfums et produits d’entretien, chimie fine pharmaceutique
En 2015, les spécialités chimiques (produits phytopharmaceutiques, peintures, vernis, colles, lubrifiants…) –dont la production a bondi en volume de 10 %– ont enregistré une hausse des exportations de 6,6 % en valeur à 15,8 milliards d’euros. Les produits phytopharmaceutiques ont affiché un solde de +1,6 milliard d’euros (après +1,3 milliard en 2014). Les peintures et vernis ont également bénéficié d’une hausse de la demande extérieure (+3 % en valeur et +2 % en volume).
S’agissant des livraisons de savons, parfums et produits d’entretien, elles ont augmenté de 4,2 % à près de 13,5 milliards d’euros. Les ventes de parfums ont augmenté de près de 5 % en valeur tandis que celles de détergents et produits d’entretien ont modérément augmenté (+1 % en valeur).
La chimie fine pharmaceutique est pour sa part le secteur qui a enregistré la plus forte hausse des exportations (+10,8 % en valeur) en 2015 par rapport à 2014, mais dont le déficit s’est creusé à près de 4,3 milliards d’euros, après -3,9 milliards en 2014.
Les produits en baisse : chimie minérale et organique
Le secteur de la chimie minérale affiche pour sa part la plus forte baisse des exportations : -5,1 % en valeur à 3,8 milliards d’euros. Les produits inorganiques, qui représentant 61 % du total des exportations du secteur, ont enregistré une baisse des livraisons de 11 % en valeur. Le secteur des engrais a, lui, maintenu un solde déficitaire (-2,1 milliards d’euros) imputable à une hausse des importations (+2 % en valeur). Quant aux achats de colorants et pigments, ils ont augmenté de 5 % en valeur, franchissant le milliard d’euros, « renforçant la position d’importateur net du secteur », analyse l’UIC dans son rapport.
Dans la chimie organique, les ventes à l’export se sont contractées de 3,6 % en valeur, après une hausse de 1,4 % en 2014. Les volumes exportés de produits organiques de base « ont diminué en raison d’un manque de produits liés aux incidents techniques », précise le rapport. Les matières plastiques de base, qui comptent pour 47 % des exportations de la chimie organique, ont vu leurs volumes se contracter à l’export vers l’UE et hors UE, « avec des replis de prix sur la zone euro mais pas sur la zone dollar », détaille l’Union. En ce qui concerne les échanges de caoutchoucs synthétiques, ils se sont réduits en valeur aussi bien à l’exportation qu’à l’importation, « le solde diminuant légèrement à 428 millions d’euros contre 484 millions en 2014 », observe l’UIC.
L’export n’a toutefois pas suffi a permettre une accélération en 2015. Ainsi, après une hausse soutenue de 2,8 % en 2014 (voir notre article), la croissance de l’industrie chimique en France a marqué le pas au cours de l’année écoulée, s’établissant à +0,9 % en volume. Cette légère croissance a été tirée, d’une part, par le rebond de la croissance de la production des spécialités chimiques (+10 %, après +1,8 % en 2014), et d’autre, par la baisse des prix des matières premières. Pour 2016, l’UIC table sur une croissance en volume proche de celle de l’an dernier avec +1 %, mais qui pourrait s’accélérer avec la reprise de l’industrie manufacturière, secteur bénéficiaire de 50 % des débouchés de la chimie française, et de la construction.
Venice Affre
Pour prolonger :
Chimie/International : la croissance va s’essouffler en 2015 (UIC)