Laurent Fabius aura impressionné journalistes et chefs d’entreprises invités par le Medef à entendre le ministre des Affaires étrangères sur les enjeux post COP21, le 8 février, soit deux jours avant l’annonce de son départ du gouvernement, le 10 février. Brillant, précis, facétieux à l’occasion, notamment quand il a fait une allusion à peine voilée sur son départ du gouvernement vers le Conseil constitutionnel, l’ancien Premier ministre a donné l’impression de posséder son sujet en expert de la politique, de la diplomatie et de l’économie.
« Ce sera très difficile pour celui ou celle qui sera appelé à le remplacer au Quai d’Orsay », entendait-on généralement à la fin de cette réunion, qui visait à mobiliser le secteur privé autour des enjeux du changement climatique et des investissements dans les énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles*.
L’accord de Paris définitivement signé le 22 avril
Très didactique, le patron du ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi) a détaillé les grandes étapes à venir, après l’accord de Paris entre les 195 ayant participé à la 21e édition de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), à Paris en décembre dernier :
– 1/ Tout d’abord, la signature « juridiquement » de l’accord, de ses 29 articles accompagnés de 140 paragraphes, le 22 avril à New York, au siège de l’Organisation des Nations Unies (Onu) ;
– 2/ Ensuite, les négociations à Bonn, siège de la Conférence des Nations Unies sur les Changements climatiques (CNUCC), du 16 au 22 mai, portant sur les points d’application de l’accord de Paris, ce qui, a expliqué le ministre, va amener à « prendre toute une série de décisions » concrètes pour assurer la transparence ou effectuer les revues périodiques prévues dans l’accord ;
– 3/ Également, l’édition de juin-juillet du Dialogue de Petersberg en Allemagne sur le climat, une initiative lancée en 2010 par la chancelière Angela Merkel pour contribuer à la réussite des négociations sur le climat ;
– 4/ Enfin, en septembre, les réunions des Nations Unies, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
Un « carrefour » entre économie numérique et économie verte
Après Lima et Paris, ce sera Marrakech, au Maroc, qui accueillera la 22e COP en novembre. Les grandes villes sont les plus concernées par le développement durable. « Toute la chaîne de valeur est concernée. La mobilisation est générale. En quelques années, une métropole comme Abidjan doublera, passant à 12 millions d’habitants. Et aujourd’hui, 70 % des gaz à effet de serre sont déjà émis par l’activité urbaine », remarquait Gérard Wolf, président de la task force Ville durable du Medef.
Directeur exécutif de WWF France, l’ancien ministre délégué au Développement Pascal Canfin a, pour sa part, évoqué la « rupture » à venir avec l’avènement de « l’économie neutre en carbone dans la deuxième partie du siècle », la « révolution » avec l’économie numérique qui se trouve au « carrefour » avec l’économie verte. Selon lui, il est « probable » que, le 22 avril à New York, la Chine annoncera qu’elle relève son objectif de réduction de l’intensité carbone, en l’avançant de 2030 à 2025. « Si ce signal est envoyé, il aura un impact politique majeur », affirmait encore Pascal Canfin, en rappelant que « le prix du carbone sur le marché chinois est supérieur à celui de l’Europe ».
François Pargny
*Cop 21 / International : Laurent Fabius invite les entreprises à s’engager sans tarder
Pour prolonger :
–Climat / Diplomatie économique : les difficultés et les opportunités de l’Afrique “post Cop 21”
–Énergies renouvelables/Export : l’AFD et le SER vont coopérer à l’international