Selon les premières estimations du conseil spécialisé « grandes cultures-marchés céréaliers » de FranceAgrimer, la campagne de commercialisation 2022-2023 devrait voir passer les ventes de blé français hors Union européenne de 8,8 millions de tonnes (Mt) à 10,3 Mt, enregistrant une progression de 14,6 %.
Le blé français a la cote. Le démarrage de la campagne, début juillet, s’est avéré particulièrement dynamique vers l’Afrique subsaharienne, le Yémen, le Maghreb et l’Egypte, premier importateur mondial. Ce dernier pays a acheté a lui seul 530 000 t au cours de deux appels d’offres portant sur un total de 1,3 Mt. La production française bénéficie d’un « effet report » en raison des sanctions internationales à l’encontre de la Russie et d’exportations ukrainiennes très limitées.
En outre, « à 352,50 €/t selon les cotations Euronext au 08/07/2022 et un prix équivalent en dollars/t, le prix du blé meunier français est redevenu très attractif pour les pays importateurs en quête de blé panifiable », explique FranceAgrimer. D’autant plus que des coûts de fret élevés rendent les céréales d’origine plus lointaine beaucoup moins intéressantes sur des destinations de proximité comme le Maghreb, l’Afrique et le Moyen-Orient, des régions du monde particulièrement dépendantes des importations de céréales.
La Somalie importe ainsi son blé d’Ukraine à plus de 80 %, le Liban à plus de 60 % et l’Algérie, la Lybie et la Tunisie à plus de 40 %. En 2022/2023 la Russie devrait pouvoir exporter 41 Mt de blé selon France Agrimer tandis que le cabinet Ukraine Agro Consul estime à 16 Mt la disponibilité de la production ukrainienne à l’export. A l’heure actuelle entre 20 et 25 Mt de céréales sont immobilisées en raison du blocage du port d’Odessa.
Les exportations depuis les ports de la mer Noire devraient reprendre
D’une part, les exportations ukrainiennes se font désormais au compte-gouttes (1 Mt par mois tous modes confondus contre 6 Mt en maritime avant la guerre) et, d’autre part, même si les navires russes sont autorisés à rentrer dans les ports européens s’ils transportent de la nourriture ou des médicaments, faut-il encore pouvoir payer ces livraisons. Le 19 juillet, la Commission a proposé aux Etats membres de débloquer « certains fonds » de banques russes qui sont actuellement l’objet de sanctions pour faciliter le paiement des importations de produits agricoles.
Les accords signés par l’Ukraine et la Russie le 22 juillet à Istanbul avec la Turquie et les Nations unies devraient permettre la reprise des exportations de céréales via la mer Noire grâce à l’ouverture de couloirs sécurisés pour une durée de quatre mois. Malgré le bombardement russe d’Odessa au lendemain de la signature, les autorités ukrainiennes se disent confiantes sur une reprise des exportations dans les semaines à venir. Le 26 juillet, le vice-ministre ukrainien de l’Infrastructure a ainsi déclaré que l’activité des ports de la mer Noire devraient reprendre progressivement dans les deux semaines à venir.
Sophie Creusillet
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