Confronté aux incertitudes économiques et aux velléités expansionnistes de Donald Trump, le Canada accélère ses discussions avec l’Union européenne (UE) en vue d’un rapprochement stratégique dans le domaine de la défense. Le point dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
La ministre fédérale des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé jeudi dernier [20 mars], que les négociations étaient à un stade avancé pour l’adhésion du Canada à un nouveau partenariat de défense avec l’Union européenne (UE). Une initiative motivée par l’intensification de la guerre en Ukraine et les déclarations répétées de l’ancien président américain sur une éventuelle annexion du Canada.
« Notre objectif est de nous rapprocher plus que jamais de l’Europe », a affirmé Mme Joly ans un entretien accordé à La Presse canadienne. L’UE, de son côté, multiplie les efforts pour renforcer ses capacités militaires face à la menace russe et à l’incertitude croissante sur l’engagement des États-Unis dans l’OTAN.
Mercredi 19 mars, la Commission européenne a présenté sa stratégie « Préparation 2030 », qui met l’accent sur l’achat conjoint d’équipements militaires. Ce plan repose sur le dispositif financier SAFE, doté de 150 milliards d’euros de prêts destinés à soutenir les investissements des États membres et à favoriser des projets de coopération en matière de défense.
Pour bénéficier de ces fonds, les acquisitions devront être réalisées conjointement par au moins deux pays, dont un État membre de l’UE. D’autres partenaires, comme les membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE) – Suisse, Norvège, Islande, Liechtenstein –, les pays de l’Espace économique européen (EEE) ou encore l’Ukraine, pourront également participer.
D’autres pays tiers ayant signé un partenariat de défense avec l’UE – tels que la Moldavie, l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Corée du Sud, le Japon et la Norvège – pourraient également participer aux marchés publics communs. En outre, les membres de l’UE doivent acheter au moins 65 % de leurs équipements militaires en Europe pour être admissible aux prêts.
Diversifier ses alliances stratégiques
Dans ce contexte, un partenariat entre le Canada et l’UE permettrait à Ottawa de diversifier ses alliances stratégiques. « Nous avons besoin de nouveaux partenariats, a insisté Mélanie Joly. Notre dépendance aux marchés publics américains, notamment dans le secteur de la défense, est excessive. »
Selon les informations du New York Times, en passant un tel accord, le Canada serait en mesure de faire partie de la liste des fabricants militaires européens, en commercialisant ses installations industrielles pour construire des systèmes européens tels que l’avion à réaction Saab Gripen, concurrent du F-35 américain, qui est fabriqué par Lockheed Martin.
L’achat de F-35 américains est justement remis en question par le nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, qui a demandé un examen du projet. Le gouvernement canadien avait annoncé il y a deux ans l’achat de 88 F-35 américains dans le cadre d’un projet d’une valeur de 19 milliards de dollars. Une dynamique qui pourrait profiter aux constructeurs européens, notamment au suédois Saab, à l’anglais Eurofighter et au français Dassault Aviation.