Simplification et regroupement des dispositifs de soutien : tel est le mot d’ordre dans les administrations qui servent la diplomatie économique et le Commerce extérieur. Business France : un nom – et un logo – auquel il faudra que les acteurs du dispositif de soutien au commerce extérieur et à l’attractivité ainsi que ses bénéficiaires s’habituent !
Née le 1er janvier 2015 de la fusion/absorption de l’Afii, l’Agence française pour les investissements internationaux par Ubifrance, Agence française pour le développement international des entreprises, le nouvel établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) Business France a été créé juridiquement par un décret approuvé en conseil des ministres le 22 décembre 2014. Si l’on additionne les chiffres clés des deux anciennes agences, la nouvelle affiche un effectif total de 1 535 personnes dans 70 pays, dont environ les deux tiers à l’étranger. Son budget est d’un peu moins de 200 millions d’euros.
Chargé à la fois du soutien à l’export et à l’attractivité, Business France a bénéficié d’un lancement officiel en grande pompe, le 5 janvier à Paris, à l’occasion du dévoilement de son nouveau logo. Pas moins de quatre ministres qui en partageront la tutelle se sont déplacés au siège des ex. Ubifrance et Afii : Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique, Sylvia Pinel, ministre du Logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité, et Matthias Fekl, secrétaire d’État au Commerce extérieur.
« Il est important de montrer que Business France a le soutien du gouvernement » avait alors justifié Emmanuel Macron, qui avait aussi annoncé qu’il veillerait à ce que Coface et Bpifrance « travaillent encore mieux avec vos équipes » et qu’une simplification des 34 plans industriels adoptés l’an dernier sous l’impulsion de son prédécesseur permettrait de « faire plus de place aux PME et plus d’internationalisation ». La mission de Business France, qui couvre le soutien au « in » et celui au « out », – pour reprendre une expression chère à Muriel Pénicaud – a justifié, aux yeux des ministres de tutelle, le choix d’un nom à consonance anglaise, compris dans le monde entier, y compris des Français. « Je le précise, le nom Business France figure dans le dictionnaire », a toutefois tenu à souligner Matthias Fekl, pour calmer par anticipation l’éventuel agacement des défenseurs de la francophonie*. Laurent Fabius, lui, a plutôt insisté sur la « clarification » et la « simplification » que représentait cette fusion, destinée à accroître l’efficacité du dispositif.
Business France doit encore être doté d’une feuille de route définitive, formalisée par le nouveau contrat d’objectif et de performance (COP) 2015-2017 en cours de négociation, dont la signature est attendue avant la fin du premier trimestre. Muriel Pénicaud espère tenir son premier conseil d’administration fin mars début avril. « Les nominations au conseil d’administration sont en cours de préparation » a-t-elle précisé à la presse le 16 janvier. Le conseil d’administration de Business France comporte 22 membres, dont 2 pour chacun des grands pôles de l’État Quai d’Orsay et Bercy, et 1 pour le ministère chargé de l’égalité des territoires, les trois tutelles de l’agence. Le ministère de l’Agriculture est également représenté, de même que les Régions (2 représentants), les réseaux consulaires, les associations patronales (Medef, CGPME), les entreprises et les personnels, entre autres.
Muriel Pénicaud devra, en parallèle, lancer la réorganisation des deux anciennes agences pour harmoniser les statuts des agents et mettre en phase son organisation avec la nouvelle feuille de route, ce qui doit être mené au cours du premier semestre de l’année. Concernant l’harmonisation des statuts et des plans de carrière, la fusion étant techniquement une absorption de l’Afii par Ubifrance, c’est un accord d’adaptation des statuts de l’Afii qui doit être négocié avec les organisations syndicales. Muriel Pénicaud s’est montrée plutôt confiante le 16 janvier : « l’esprit dans lequel on est est qu’il y a des postes ! », car elle dispose de plus de temps – trois ans – pour dégager d’éventuelles synergies. Des redéploiements géographiques sont à attendre dans « 40 pays jugés à potentiels » tant à l’export qu’en terme d’attractivité des investissements étrangers. Les objectifs fixés par le gouvernement à la nouvelle agence devraient être d’autant plus ambitieux que malgré le contexte incertain né du projet de fusion et des remaniements ministériels successifs de l’année 2014, Ubifrance et l’Afii ont chacun dépassé leurs objectifs (encadré). « Cela présente un seul inconvénient : on sera plus exigeant pour l’année qui s’ouvre » avait lancé Laurent Fabius le 5 janvier.
Christine Gilguy
* Le mot « business » est bien dans le Larousse et le Petit Robert, présenté comme un mot anglais d’usage courant…
2014, un bon millésime pour Ubifrance et l’Afii
D’après les chiffres fournis par la direction de Business France, voici les principaux résultats 2014 des deux agences ;
Afii
• 5 000 entreprises étrangères rencontrées, près de 900 offres d’accueil (+ 15 %), 335 visites en France accompagnées (moins de 300 en 2013).
• « Environ 680 nouveaux projets » d’investissements productifs en France enregistrés (chiffres définitifs annoncés en mars). En 2013, les 685 décisions d’investissements enregistrées avaient permis la création ou le maintien de 29 631 emplois en France.
Ubifrance
• Près de 13 600 PME & ETI accompagnées en propre (13 500 individuellement) dont 26,6 % pour le pôle sectoriel Agrotech, 25,4 % pour MHS, 24,8 % pour IRI, 18,8 % pour NTIS, et 4,4 % pour les événements spéciaux. Quelque 4 700 de ces entreprises ont démarré de nouveaux courants d’affaires grâce à ces accompagnements.
• Réalisation de 600 opérations collectives (dont un peu plus de 200 pavillons France)
• Quelque 8 413 VIE en poste pour le compte de 1 848 entreprises fin 2014 (objectif fixé par le Pacte de compétitivité : 9 000).
• Quelque 659 ETI et PME de croissance engagées dans un accompagnement personnalisé et dans la durée à l’international.
Expertise France, nouveau bras armé de la coopération technique internationale
C’est une autre des dernières nées de la volonté simplificatrice du gouvernement. Expertise France, née juridiquement le 1er janvier 2015, est la nouvelle agence publique chargée de vendre l’expertise technique publique française à l’international. Expertise France est issue de la fusion annoncée de plusieurs opérateurs publics – établissements publics ou groupements d’intérêt public (GIP) – qui étaient chargés jusqu’à présent, chacun dans leur domaine, de gérer la coopération technique internationale : FEI (France expertise internationale), ADETEF (Assistance au développement des échanges en technologies économiques et financières), GIP Esther (Ensemble solidarité thérapeutique hospitalière), GIP International, GIP SPSI (Santé et protection sociale internationale), ADECR (Agence pour le développement et la coordination des relations internationales).
Trois grands ministères ont la tutelle de la nouvelle entité : le ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI), celui des Finances et celui de l’Économie. La présidence du conseil d’administration a été confiée à un homme issu du sérail de Bercy et du réseau international de la DG Trésor, principal pilote de cette fusion à partir de juillet 2014, Jean-Christophe Donnellier. La direction générale a été confiée à un homme du Quai d’Orsay, Sébastien Mosneron Dupin, ex-conseiller de Laurent Fabius.
La nouvelle agence est « l’opérateur pivot de la France dans ce secteur stratégique » de la coopération technique internationale, indique un communiqué commun des trois ministres de tutelle, mais aussi « un interlocuteur de référence pour valoriser l’expertise française et mettre en œuvre une réelle complémentarité entre secteurs public et privé ».