La confirmation de la nomination de Laurent Saint-Martin était attendue depuis plusieurs semaines, après le départ de Christophe Lecourtier pour l’ambassade du Maroc, elle a été officialisée aujourd’hui 6 janvier par un décret du président de la République et rendue publique dans un communiqué de Business France.
« Laurent Saint-Martin est nommé ce jour par décret officiel Directeur général de Business France, en charge de la direction exécutive de l’agence en France et à l’étranger » annonce l’agence nationale en charge du soutien à l’internationalisation de l’économie française. Le conseil d’administration de cet établissement public à caractère industriel et commercial avait, le 22 décembre, « donné un avis favorable, à l’unanimité » à cette nomination proposée par les trois ministres de tutelle de Business France, en charge de Economie et des finances, de l’Europe et des affaires étrangères et de l’Aménagement du territoire, précise le communiqué.
Un parcours de carrière
mêlant expérience privée et publique
Agé de 37 ans, macroniste, cet ancien député du Val de Marne (Renaissance), qui avait perdu son siège lors des dernières législatives, affiche peu d’expérience des problématiques d’internationalisation des entreprises ou d’attraction des investisseurs étrangers, ce qui peut susciter le scepticisme dans les milieux d’affaires. Mais il présente un parcours de carrière mêlant expérience privée et publique, ainsi qu’une expérience solide dans le domaine du financement de l’innovation et des entreprises.
Diplômé de l’Ecole des hautes études commerciales du Nord (EDHEC), le nouveau directeur général a en effet effectué le début de sa carrière chez Bpifrance, à l’époque Oséo : chargé d’affaires innovation à dans le Nord-Pas de Calais, il a ensuite été Responsable Etudes à Oséo Picardie en 2012 et participé à la mise en place dans cette région de la nouvelle Bpifrance (issue de la fusion d’Oséo, CDC Entreprises, le FSI et FSI Régions) avant d’être nommé, en 2013, délégué Innovation en Île-de-France. En 2016, il rejoint la direction de la Relation entreprises d’Euronext.
Son expérience politique démarre à cette époque : élu député du Val-de-Marne en 2017 à la faveur de la vague législative « En Marche » qui accompagne l’élection d’Emmanuel Macron, il fait son apprentissage des arcanes du Parlement et devient rapporteur général de la commission des Finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire à l’Assemblée nationale, et est l’auteur d’un rapport parlementaire sur la fiscalité des Français nés aux Etats-Unis. En parallèle, il se fait élire conseiller régional d’Île-de-France.
Cette double expérience du financement et des rouages administratifs et politiques, à défaut d’une expérience avérée de l’international, sera utile au nouveau dirigeant dans ses nouvelles fonctions pour lesquelles, face aux administrations de tutelles, il faut faire preuve de sens politique et bien connaître les arcanes politico-administratives.
Des enjeux importants pour Business France en 2023
Alors que Business France doit renouveler son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat, arrivé à échéance, elle fait face à des enjeux importants, notamment concernant la pérennité de son modèle public-privé et celle du système de « guichet unique » de la Team France Export, qu’elle a formé avec les CCI, Bpifrance et les Régions dans le cadre d’une réforme lancée en 2018.
La Cours des comptes les avait pointés dernièrement dans un rapport consacré aux dispositifs d’aide à l’export publié le 5 octobre dernier. La réforme de la gouvernance de ces dispositifs « s’est arrêtée au milieu du gué » avait pointé la Cour, en faisant allusion à la création de la Team France Export.
Et à propos de Business France, dont les ressources allouées par le budget de l’Etat sont en baisse constante depuis plusieurs années, elle avait mis en exergue une source de fragilité majeure pour l’agence : « l’opérateur, signataire avec l’Etat d’un contrat d’objectifs et de moyens (COM) couvrant la période 2018-2022, se voit assigner des objectifs en termes de résultat net, l’incitant à maximiser ses recette commerciales » résumait-elle. « Or, les prestations qu’il propose ne permettent pas de dégager des profits, à l’exception du VIE, sur lequel repose l’essentiel de l’équilibre financier de Business France. »
Dans sa première déclaration, citée par le communiqué, Laurent Saint Martin, c’est bien normal pour une première, ne dit mot de ces enjeux et renvoie aux missions générales de l’agence : « Je suis honoré de prendre ce jour la direction de Business France, agence qui démontre au quotidien ses capacités à se mettre au service de la croissance des entreprises à l’export, de l’attraction des investissements internationaux créateurs d’emplois sur notre territoire, souligne-t-il. Dans un contexte international compliqué où l’instabilité de l’économie mondiale et la concurrence particulièrement exacerbée nous poussent à relever d’importants défis, je porterai avec force et conviction l’excellence française partout dans le monde. Je sais pouvoir compter sur l’engagement des équipes de Business France pour y réussir. »
A suivre….
C.G