L’inquiétude grandit chez les salariés de Business France, sans informations claires sur la baisse de sa subvention et dans l’attente depuis 6 mois d’un ou d’une nouvelle DG à sa tête. Le 3 mars, l’Unsa Finances a lancé une campagne de mobilisation auprès des parlementaires pour s’opposer à la baisse des ressources et appeler à la nomination rapide d’un DG.
Au sein de Business France, le malaise grandit : « depuis que le budget est voté, on ne sait toujours pas comment va se traduire précisément la baisse de la subvention à Business France » confie au Moci Dominique Picard, délégué syndical Unsa de l’agence.
Certes, dans le projet de Loi de finance pour 2025 du gouvernement Barnier, tombé le 4 décembre à la suite du vote d’une motion de censure, il était question d’une baisse de 10 % du montant de la subvention, soit autour de 10 millions d’euros et 10 postes équivalent temps plein en moins. Cette subvention couvre 40 % du budget de Business France. Le PLF 2025 a bien été adopté début février 2025 sans motion de censure, mais depuis, des rumeurs contradictoires circuleraient sur le montant définitif de la coupe : « on a parlé de 6 millions d’euros, puis de 8 millions et aujourd’hui de 15 millions », précise cette source, qui ajoute que « notre direction par intérim n’est pas plus informée ».
En attendant, l’année 2025 est bien entamée en ce début du mois de mars et l’agence, qui s’autofinance à près de 60 % grâce à la facturation de ses prestations aux entreprises, n’a toujours pas de visibilité. « Cela commence à être vraiment gênant pour son fonctionnement : les pavillons sur les salons étrangers, cela se prépare un an à l’avance, sans compter les grosses opérations commandées par l’État lui-même, comme Ambition Africa, dont Business France organise toute la partie rencontre business, ou Choose France », explique Dominique Picard.
L’hypothèse d’une fusion avec Atout France, serait, selon lui, « toujours d’actualité », malgré les récentes déclarations publiques de la ministre déléguée en charge du Tourisme, Nathalie Delattre, disant le contraire, ce qui en rajoute à l’incertitude.
Et pour corser le tout, Business France est toujours dans l’attente de son ou de sa nouvelle directeur/trice général(e), près de 6 mois après le départ de Laurent saint-Martin pour entrer au gouvernement et alors que l’Elysée a annoncé un Conseil présidentiel sur l’export en mai et un nouveau sommet Choose France. « Même si la direction par interim fait son job et gère les affaires courantes, cette absence de directeur ou directrice, fragilise l’agence face à ses grands partenaires » note encore le délégué syndical.
Rappelons que le futur ou la future DG doit être nommée par un décret présidentiel. Devenu ministre en charge du Commerce extérieur après avoir occupé le portefeuille des Comptes publics, Laurent Saint-Martin a été écarté des arbitrages concernant la future gouvernance en raison de son statut d’ancien DG de l’agence.
L’Unsa Finances bas le rappel des parlementaires
Dans son communiqué à l’attention « de tous les présidents et présidentes des groupes parlementaires Sénat et Assemblée Nationale » ainsi que des « présidents des commissions Sénat et Assemblée Nationale », l’Unsa Finances (Union nationale des syndicats autonomes au ministère de l’Industrie et des finances), puissant syndicat de Bercy, reprend l’essentiel des arguments élaborés par les délégués syndicaux Unsa et FO de Business France membres du comité Social & économique de l’agence. « Cette décision de réduction de la subvention de l’État va à l’inverse des intérêts de la France » souligne le communiqué.
« Le budget 2025 prévoit une diminution importante de la subvention publique de l’État alors que l’action de Business France est indispensable au développement économique de la France, et contribue à renforcer la compétitivité et l’influence économique de l’Europe, argumente-t-il. 58 % des projets d’investissements directs étrangers en 2023 proviennent d’une action de Business France ». « Dans une période où l’attractivité économique devient le nerf du développement économique mais aussi influence durablement l’export et les emplois, nous ne comprenons pas cette décision » assène l’Unsa Finances.
Les syndicats de Business France mettent également en avant, dans leur communication jointe au courriel de l’Unsa Finances, le rôle de l’agence dans l’accompagnement à l’export des PME : 13 000 d’entre elles accompagnées l’an dernier, qui ont généré 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires, rendant ces entreprises plus « résilientes ». « Nous comprenons que l’État demande des efforts budgétaires à ses opérateurs mais la subvention à Business France est une goutte d’eau, à peine 0,12 % de ce qui est versé aux opérateurs de l’État, souligne Dominique Picard. Or, nous contribuons à créer de la valeur ».
L’Unsa Finances réclame « la nomination urgente d’un directeur général » et « la préservation des ressources financières et humaines nécessaires pour poursuivre notre mission en tant qu’agence pour l’internationalisation de l’économie française. »
En attendant, chez Business france, l’ambiance est morose : « c’est le désarrois, l’incompréhension, l’incertitude, et cela commence à peser sur le fonctionnement de l’agence, surtout dans le contexte international anxiogène actuel » alerte Dominique Picard.
A suivre…
Christine Gilguy