C´est sous le titre très vendeur de «Brésil, Inde, Chine, nouveaux leaders de l´économie mondiale ?» que Euler Hermes a rendu public une étude le 20 mai. Avec les Etats-Unis pour pays comparatif, l´assureur-crédit a aligné les chiffres et s´est livré à de la prospective, sans doute un peu trop flatteuse pour les trois pays étudiés car il a oublié de préciser quelles en sont les faiblesses.
Sans surprise, on y apprend que le PIB par tête va progresser d´ici 2015 (Brésil : 12 000 dollars ; Chine : 11 000 dollars ; Inde : 4 000 dollars), que la Chine a une énorme réserve de change (2 200 milliards de dollars), que les exportations industrielles chinoises ont plus que doublé en cinq ans, et que la Chine attire de plus en plus de capitaux.
Cependant, c´est surtout son analyse des grands secteurs qui se révèle la plus intéressante. En 2014, c´est-à-dire après-demain, les dépenses de construction de la Chine (1 150 milliards de dollars) dépasseront celles des Etats-Unis (1 050 milliards de dollars).
Dans le transport ferroviaire, là aussi la Chine domine (100 milliards de dollars de 2009 à 2011, puis 60 milliards par an jusqu´à 2020) face à l´Inde (9 milliards de dollars cette année, effort poursuivi les années suivantes) et au Brésil (20 milliards de dollars d´ici 2020). Pour la chimie, en 2015, la taille du marché chinois avoisine celle du marché américain. Avec une croissance annuelle autour de 12 % durant les cinq prochaines années, le transport aérien devrait exploser dans les trois pays, le seul frein étant le coût du carburant car tous les trois sont faiblement producteurs.
En revanche, dans les technologies de l´information, à l´échéance de cinq ans, les investissements des trois cumulés seront encore loin des Etats-Unis. De même, en 2015, aucun des pays ne sera un marché de masse pour l´automobile, surtout en Inde. Mais les constructeurs, surtout chinois, ont de grandes ambitions pour les cinq ou dix ans à venir. De même, la pharmacie reste à l´état embryonnaire dans les trois pays. Enfin, dans l´aéronautique civile, seul le Brésil est d´ores et déjà un acteur global grâce à Embraer.
Jean-François Tournoud