Deux ans après son lancement, en 2018, dont une année plombée par une crise sanitaire inédite, la Team France Export publie une étude de l’impact de ses actions sur l’internationalisation des PME et ETI française. Résultat ? Réunir sous l’autorité des Régions, Business France, les Chambres de commerce et d’industrie ainsi que Bpifrance, pour ne proposer qu’un seul interlocuteur aux entreprises, ça fonctionne ! Chiffres à l’appui, le nombre d’exportateurs est en hausse, et ils sont mieux préparés à repartir après le trou d’air du confinement.
Christophe Lecourtier, directeur général de Business France ne boude pas son plaisir en commentant pour Le Moci le premier « bilan export des PME et ETI françaises » accompagnées à l’international par la Team France Export (TFE)*. En effet, en décortiquant les données de la Douane pour observer l’évolution de ces entreprises à l’export il s’avère qu’entre 2018 et 2019 700 nouveaux exportateurs accompagnés par la TFE ont fait leur apparition.
Toutes tailles d’entreprises confondues, la Douane a comptabilisé pour l’année 2019 129 200 entreprises exportatrices, 3800 de plus (+ 3 %) qu’en 2018. La TFE aurait donc accompagné environ un sur cinq de ces nouveaux exportateurs.
Autre bonne nouvelle : les performances de ces entreprises sont pérennes. Si 20,6 % des exportateurs en 2018 n’étaient plus présents dans les effectifs en 2019, ce « taux de sortie » est trois fois moins élevé pour les entreprises accompagnées par la TFE (6,8 %).
« La Team France Export a accompagné 50 % d’entreprises en plus qu’en octobre 2019 »
Toujours selon les données de la Douane, la croissance des montants exportés par ces entreprises (1,6 % entre 2018 et 2019) est deux fois supérieure à celui des entreprises parties à la conquête des marchés étrangers sans la TFE (0,8 %). En outre, les entreprises accompagnées par la TFE déclarent réaliser en moyenne un chiffre d’affaire additionnel de 274 000 euros.
Une pandémie mondiale plus tard, la situation est évidemment tout autre. En avril dernier, au plus dur de la crise, 40 % des entreprises déclaraient avoir mis l’export en pause pour se consacrer aux effets de la crise sanitaire. Et les accompagnements proposés par la TFE avec. Avant un rebond.
« Tout s’est dégelé cet été et le nombre d’accompagnements d’entreprises à l’international est reparti à la hausse entre juin et août », précise Christophe Lecourtier. L’activité de la TFE suit ainsi le cycle économique. Du moins jusqu’à l’automne, période à laquelle elle est devenue contracyclique, aidant les entreprises à repartir. « En octobre de cette année, quand l’économie s’est contractée, la Team France Export a accompagné 50 % d’entreprises en plus qu’en octobre 2019. » souligne le dirigeant.
De bonnes nouvelles donc pour ces entreprises et pour la TFE, selon cette étude dont la publication a été retardée pour cause de crise sanitaire. « Ce bilan devait sortir au printemps, lors du premier confinement, les conditions n’étaient donc pas réunies, explique Christophe Lecoutier. Aujourd’hui il répond à une autre logique : alors que nous sommes plus près de la fin de cette crise sanitaire que de son début, nous commençons à nous projeter au-delà de la situation actuelle et pour savoir où l’on va, il est important de savoir d’où l’on vient. »
Des effets positifs comme la digitalisation
Finis les voyages d’affaires ? « Les entreprises vont conserver ces pratiques digitales en les mixant avec du présentiel en continuant à se rendre sur des salons internationaux, estime le directeur général de Business France. Mais l’époque où les directeurs export passaient leur vie à voyager est révolue, ce qui va dans le sens de l’histoire : nous faisons de plus en plus attention à notre impact sur l’environnement ».
Si la digitalisation était une tendance montante avant la crise, elle est aujourd’hui installée pour durer. Y compris dans les équipes de Business France qui ont suivi des formations accélérées pour répondre aux besoins de leurs clients.
Autre point positif : le temps. « Les directeurs export ont profité de cette période pour faire de la stratégie, ce qu’ils n’ont pas toujours le temps de faire. Pour certaines entreprises, cette crise aura constitué un moment de repositionnement, fondateur pour la reprise » poursuit Christophe Lecourtier.
Aujourd’hui, alors que la fin de la crise sanitaire approche, la situation est aujourd’hui paradoxale : une PME ou ETI sur 7 n’a pas encore repris le chemin de l’export, mais elles sont 70 % à se dire convaincues que l’export est un levier important pour trouver des relais de croissance.
Des fils d’information gratuits et une market place
Actuellement dans le brouillard, les PME et ETI éprouvent plus que jamais la nécessité de s’appuyer sur des informations solides, qu’il s’agisse de la situation sanitaire d’un pays, des évolutions de sa réglementations ou des tendances par secteur. Là encore, le dispositif TFE va y répondre.
« En janvier, nous allons mettre en place sur la plateforme de la Team France Export des comptes personnalisés gratuits qui permettront aux entreprises de customiser leur fil d’informations par pays et par secteur, confirme Christophe Lecourtier. Fin janvier nous lancerons une market place 100 % virtuelle. »
Enfin, depuis deux mois, la TFE propose un chèque relance export qui permet de financer à hauteur de 2 500 euros maximum 50 % des frais d’une mission de prospection (salon international, mission collective, etc.) et peut être cumulé avec une aide régionale. En huit semaines, 1 000 de ces chèques ont été attribués, soit 60 % du taux de consommation annuel prévu par le plan de relance. « Le chèque relance export a trouvé son public et les demandent s’accélèrent », se félicite Christophe Lecourtier.
Un autre chèque vient d’être lancé par Business France : le chèque relance V.I.E (Volontariat international en entreprise), disponible depuis le 1er décembre, un mois plus tôt que prévu. D’un montant de 5 000 euros, cette subvention accordée aux entreprises qui recruteront un jeune diplômé afin de muscler leur organisation à l’export pourra être cumulé avec des aides régionales à ce dispositif. Objectif : 3000 chèques V.I.E distribué d’ici décembre 2021.
Sophie Creusillet
*voir le PDF en fin d’article