Bien que la conjoncture soit morose, avec un déficit commercial au plus haut et une inflation qui bondit depuis le début du conflit en Ukraine, l’enquête annuelle réalisée par Bpifrance et Le Lab auprès de 550 entreprises de taille intermédiaire (ETI) est plutôt encourageante pour l’année en cours avec une progression du chiffre d’affaires et de l’export.
« Malgré les difficultés de recrutement et d’approvisionnement freinant leur activité, les ETI font preuve de résilience : les perspectives d’activité et d’emploi restent bien orientées en 2022. Dans un contexte de hausse des coûts de production, la situation financière des ETI se dégrade logiquement mais partant d’un niveau particulièrement confortable », estime le directeur des études de Bpifrance Philippe Mutricy dans un communiqué.
Après un rebond de l’activité en 2021, les ETI françaises se portent bien : 52 % d’entre elles prévoient une progression de leur chiffre d’affaires. Les perspectives à l’export vont dans le même sens avec un solde d’opinion à + 38, en hausse de 9 points sur un an. Cela s’accompagne de créations d’emplois. Le solde prévisionnel des effectifs en France augmente de 18 points sur un an pour dépasser le niveau de 2019 (+ 35). Point négatif : trois quarts d’entre elles déclarent faire face à des difficultés de recrutement.
Un contexte difficile en raison de la hausse des coûts de production et des difficultés d’approvisionnement
Pourtant, Bpifrance et le Lab, le laboratoire d’idées de la banque publique destinée aux PME et ETI, penchent plutôt vers un tassement de l’activité cette année. Les carnets de commande sont, dans l’ensemble moins bien orientés qu’en 2021, le solde prévisionnel diminuant de 13 points à + 17. Les ETI font face à d’importantes difficultés d’approvisionnement et deux tiers d’entre elles confirment que cela limite leur activité.
50 % précisent que l’impact passe par une hausse des prix des intrants non-énergétiques et les délais de livraison. Et 62 % des dirigeants interrogés pensent que cette situation va perdurer au-delà de 2022.
Côté trésorerie, la situation des ETI se dégraderait en 2022, en raison des tensions des coûts de production. Parmi les plus pessimistes, on trouve les dirigeants des petites ETI et des entreprises de l’industrie, du commerce et du tourisme.
Le niveau de liquidité est cependant encore élevé selon les auteurs de l’étude, grâce à la mobilisation des dispositifs de soutien mis en place lors de la crise sanitaire, en particulier le PGE. En avril, 56 % des ETI avait consommé la majorité voire la totalité de leur prêt, contre 33 % un an plus tôt.
Pour limiter l’impact des hausses de coûts de production, trois quarts des ETI prévoient une hausse de leurs prix de vente. Certaines affirment qu’elle ne compenserait que partiellement celle des coûts et prévoient donc de rogner sur leurs marges d’exploitation.
L’investissement n’est pas en reste en 2022 et augmenterait au même rythme que l’année dernière. 39 % des ETI prévoient même une hausse de leurs investissements, contre 9 % une baisse. S’agissant de leur croissance externe, une ETI sur cinq envisage de créer une filiale en 2022, un chiffre en léger repli.
C.P.