Interrogés sur la menace protectionniste de Donald Trump, les Français s’avèrent beaucoup plus favorable à cette arme commerciale que leurs voisins allemands et britanniques, d’après les résultats d’une enquête d’opinion d’iBanFirst publiés le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. En revanche, ils sont tout aussi inquiets que leurs voisins de l’impact géopolitique de cette nouvelle donne aux Etats-Unis.
Les Français plus protectionnistes que leurs voisins allemands et anglais ? Ce n’est pas surprenant au vu de l’unanimité constatée il y a quelques semaines dans le rejet de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur latino-américain, rare vote transpartisan majoritaire au Parlement. Les résultats du sondage d’iBanFirst réalisé par Cluster 17 auprès d’un panel de 1000 adultes représentatif de la population en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, et rendus public le jour même de l’investiture du président Donald Trump, le confirment nettement.
Ainsi, 44 % des Français disent comprendre la position très protectionniste du président Donald Trump, près du double des Allemands (24%) et, dans une moindre proportion, des Anglais (38 %). Et concernant la stratégie de riposte en retour, une immense majorité –70 %– des Français sont favorables à des mesures de protectionnisme en réaction aux mesures américaines, contre seulement 45 % des Allemands et 43 % des Britanniques « car ils craignent les conséquences d’une guerre commerciale » selon IbanFirst.
Dans le même ordre d’idée, contrairement à leurs voisins britanniques et allemands, une majorité de Français ne voient pas l’intérêt que leur pays tire du libre-échange : 67 % des Français estiment ainsi que les règles du commerce international sont plutôt désavantageuses pour leur pays, contre 27 % des Britanniques et 16 % des Allemands. Au contraire, 57 % des Britanniques trouvent ces règles équilibrées et 47 % des Allemands estiment qu’elles sont favorables à leur pays.
Logiquement, 45 % des Français ont une perception positive du protectionnisme, contre 8 % des Allemands et 31 % des Britanniques, « révélant une volonté de protéger les productions nationales, quitte à limiter les échanges commerciaux » note iBanFirst.
Une perception mitigée du commerce international
D’une façon générale, les Français ont une perception très mitigée du commerce international : seuls 43 % en ont une perception positive, deux fois moins que les Allemands (83 %) et les Britanniques (71 %). Le libre-échange suscite encore plus de défiance en France avec seulement 27 % d’opinions positives, contre 76 % au Royaume-Uni et 72 % en Allemagne.
Un « scepticisme » qui s’explique, selon iBanFirst, par « le sentiment d’injustice ressenti face aux règles du commerce international, les deux tiers des Français estimant qu’elles désavantagent leur pays ». Ils ont également majoritairement confiance dans la capacité de la France à « remplacer les produits importés par des produits nationaux (55 %), bien plus que les Allemands (31 %) et les Britanniques (39 %) ».
Les Français pensent que le protectionnisme protège l’emploi
Cela posé, l’ultra-protectionnisme de Donald Trump suscite de l’inquiétude, tant en France que dans les pays voisins concernant l’inflation, mais les Français sont davantage à penser que cela serait finalement bénéfique pour l’emploi.
Une large majorité des personnes sondées anticipent ainsi une hausse des prix liée au protectionnisme : 82 % en France et au Royaume-Uni, 87 % en Allemagne. Mais des divergences apparaissent quant aux conséquences de cette inflation : 55 % des Français estiment que cela pourrait nuire à l’emploi, contre 69 % des Allemands et 61 % des Britanniques. Et 44 % des Français pensent qu’une hausse des droits de douane pourrait « mieux défendre les salariés », un avis peu partagé en Allemagne (15 %) et au Royaume-Uni (29 %).
Les droits de douane qui seraient imposés par Trump inquiètent également, mais avec moins d’intensité. Si 7 sondés sur 10 expriment leur inquiétude, la part de « très inquiets » est moindre : 35 % au Royaume-Uni, 32% en Allemagne et seulement 25 % en France.
Davantage d’inquiétude sur les sujets géopolitiques
Au-delà de la seule question du protectionnisme, l’appréhension des sondés est nette, notamment dans l’Union européenne, quant à l’impact de la réélection de Donald Trump sur le plan géopolitique.
Ainsi, elle est perçue très majoritairement comme une « mauvaise nouvelle » tant en France (75 %) qu’en Allemagne (79 %), plus modérément au Royaume-Uni (62 %). Les Britanniques ne sont que 27 % à juger cette élection comme une très mauvaise nouvelle alors que 38 % des Allemands sont dans ce cas.
Plusieurs sujets d’ordre géopolitiques suscitent de l’appréhension chez les sondés. L’éventuel retrait des États-Unis de la défense européenne et du soutien à l’Ukraine inquiètent 7 sondés sur 10 dans les trois pays, 4 sur 10 se déclarant très inquiets »se déclarent inquiets, et 4 sur 10 « très inquiets ».
Concernant la remise en cause des accords climatiques, 49 % des Français, 51 % des Allemands et 38 % des Britanniques expriment une forte inquiétude, et dans les trois pays, « ceux qui se disent très ou assez inquiets avoisinent 70 % ».
C.G