Malgré la montée du protectionnisme et les tensions commerciales provoquées par le président américain Donald Trump, les PME et ETI françaises sont les plus optimistes d’Europe et parmi les plus positives au monde sur le sujet de l’environnement du commerce international : 82 % envisagent positivement l’environnement commercial international et son évolution, contre 78 % sur le plan mondial, selon le deuxième HSBC Navigator, une enquête d’opinion menée auprès d’entreprises par la banque HSBC en partenariat avec Kantar publiée le 6 novembre*. Autrement dit, loin des sphères qui s’inquiètent de l’avenir du libre-échange, les entreprises tricolores ont confiance dans leurs perspectives de développement malgré ce contexte.
Montée des inquiétudes sur le protectionnisme
Pourtant, en légère hausse dans le monde (63 % contre 60 % en 2017), selon ce baromètre, l’inquiétude face à la perception d’une augmentation du protectionnisme a aussi significativement progressé en France (62 % contre 49 % en 2017). Toutefois, les entreprises sont aussi respectivement 28 % et 23 % à estimer que ces contraintes sont de nature à accroître leur compétitivité et leur propre valeur sur le marché national.
Y aurai-il un paradoxe français ? « Les entreprises en France sont très positives, mais d’autres adressent un signal clair en rappelant que le protectionnisme est une préoccupation importante, susceptible de freiner leur développement international, commente Sébastien Guillo, Directeur de l’International chez HSBC France, dans un communiqué d’HSBC. À court-terme, le progrès technologique, l’engagement sociétal, la digitalisation et l’exploitation des données joueront un rôle stratégique croissant dans la capacité des entreprises à développer de nouveaux produits et services, à attirer de nouvelles clientèles et à réduire leurs coûts dans une perspective d’excellence opérationnelle ».
La zone euro, principal relais de croissance
Concernant l’environnement international, une entreprise sur trois dans le monde (35 %) estime que la hausse de la consommation est le principal moteur de leur croissance cette année. Pour accroître leur productivité ou développer de nouveaux produits et services, un tiers (31 %) des entreprises comptent sur la conjoncture économique favorable (22 % en France) et un peu moins d’un quart sur les progrès technologiques (23 % sur le plan mondial et 20 % en France).
Pour les entreprises françaises, les relais de croissance perçus se trouvent d’abord au sein de la zone euro : l’Allemagne (15%) et la Belgique (13%) sont ainsi les deux pays les plus couramment cités, devant les États-Unis (12%).
Elles sont en outre nombreuses (41 %) à considérer les récentes évolutions politiques et réglementaires en Europe comme une source d’opportunités nouvelles et comme un facteur de soutien au développement de leurs activités. Seules 21% ont tendance à y voir prioritairement une menace potentielle, relative notamment à l’impact sur les coûts.
L’implantation et la diversification, premiers leviers de développement
L’enquête donne également d’intéressantes tendances sur les leviers que les entreprises utilisent ou envisagent d’utiliser pour leur développement, sans toutefois qu’une dominante claire se dégage des résultats.
Sur le plan mondial, les deux premiers leviers préférés des entreprises sont ainsi l’implantation sur de nouveaux marchés pour plus d’un quart du panel (28%) et la diversification de leurs portefeuilles d’activités (25%). Les stratégies mises en œuvre à cette fin répondent à trois d’objectifs principaux:
– conquérir de nouvelles cibles de clientèle (43 % au plan mondial, 32% en France),
– accroître la compétitivité et réduire les coûts (36 % au plan mondial, 31% en France),
– soutenir une dynamique de croissance sur le long-terme (35 % et 29% en France).
Concernant les perspectives d’avenir, plus d’un tiers des entreprises au plan mondial (31 %) souhaitent privilégier un accroissement des parts de marché, le perfectionnement des compétences et des expertises (29 % sur le plan mondial et 24 % en France) et accorder une attention renforcée à la performance de long-terme (27 %).
Accroître la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement
Autre enjeu clé, le contrôle accru de la totalité des maillons des chaînes d’approvisionnement (supply chain). En France, les entreprises sont 92 % dans l’industrie et 83 % dans les services à déclarer déjà exercer un contrôle sur leurs chaînes d’approvisionnement mais pour une sur trois, ce contrôle n’excède pas 20 % des chaînes…
Enfin, en matière de stratégie de gestion, un quart des entreprises françaises de biens (26 %) et de services (24 %) envisagent d’augmenter la rentabilité, de réduire les coûts associés à leurs chaînes d’approvisionnement (à hauteur de 26% et 32% respectivement) et d’en valoriser la dimension éthique et durable, considérée comme un atout essentiel dans la conduite de leurs activités commerciales (pour 88% et 79% d’entre elles).
La perception des nouvelles technologies : montée des données, petit retard français
Le HSBC Navigator consacre un développement spécifique à la question de la digitalisation et du traitement des données, considérés comme de nouveaux leviers de croissance mais pour lesquelles l’enquête fait ressortir des résultats plutôt émiettés.
Sur le plan mondial, à peine plus d’une entreprise sur cinq (22 %) déclare ainsi avoir investi dans la recherche et la technologie au cours des deux dernières années. Elles sont un peu plus nombreuses, 26 %, à considérer que le progrès technologique et la digitalisation constituent même le troisième critère principal de choix d’un nouveau fournisseur, derrière le coût et la qualité des produits et services fournis.
Si 75% des entreprises sur le plan mondial ont recours aux données pour optimiser leurs performances, les entreprises françaises ne sont que 65 % à agir de façon comparable, en-deçà de la moyenne mondiale et européenne (68 %).
Mais si plus de la moitié des entreprises à travers le monde (52 %) déclare se conformer aux règlementations sur la protection des données, c’est en Europe que cet engagement est le plus abouti (58 %). En France, les entreprises sont 53 % à se déclarer conformes aux règlementations applicables, dont le RGPD.
Desk Moci
*Cette enquête, intitulée HSBC Navigator, dont c’est la deuxième édition cette année, a été menée en août et septembre 2018 auprès de 8600 entreprises réalisant un chiffre d’affaires entre 5 et 50 millions de dollars, dans 34 pays. Parmi les sujets sur lesquels les dirigeants sont interrogés : les perspectives commerciales générales, l’innovation commerciale, la chaîne d’approvisionnement, les politiques commerciales et le recours aux données, selon un communiqué d’HSBC. Elle donne une idée de la température actuelle du business international.