Dans un contexte économique et géopolitique particulièrement incertain en ce début d’année, les chefs d’entreprises français affichent « un volontarisme prudent », selon le dernier Baromètre des dirigeants français réalisé par Euroconsulting avec les réseaux consulaires et les CCEF. Les entreprises, en particulier celles de taille intermédiaire (ETI), misent sur l’international pour continuer à se développer.
Les crises qui s’enchainent depuis la pandémie de Covid-19 auront au moins permis à nombre d’entreprises de se lancer à l’export, voire de s’implanter sur de nouveaux marchés. Ainsi, 34 % des dirigeants français sondés par Euroconsulting pour son baromètre annuel, réalisé avec les réseau CCI France, CCI France International et les CCEF (Conseillers du commerce extérieur), envisagent une expansion hors des frontières hexagonales d’ici à la fin 2025.
Cette part grimpe à 47 %, si l’on considère uniquement les réponses des patrons d’ETI. Leur taille leur permet en effet plus facilement qu’aux PME de bâtir des stratégies intégrant l’international ou de prospecter de nouveaux pays. « Il est utile de rappeler qu’une ETI sur deux réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’export et que 34 % des exportations françaises sont issues de nos ETI, analyse le président de CCI France International Arnaud Vaissié. Il s’agit donc d’une catégorie d’entreprises essentielle pour notre commerce extérieur. ».
Des doutes sur la souveraineté économique européenne
Sans surprise, toutes tailles de société confondues, le contexte économique (80 %) ainsi que la sécurité juridique et règlementaire et l’allègement de la charge administrative (44 %) sont les deux facteurs déterminants dans le choix d’une implantation.
A contrario, seuls 2 % des répondants estiment que l’accès à l’énergie décarbonée est un facteur de compétitivité. Cette dernière ne peut se maintenir que grâce à une politique de souveraineté économique, estiment par ailleurs 61 % d’entre eux. 82 % pensent que les mesures en place en France et en Europe sont insuffisantes comparées à celles instaurées dans le reste du monde, en particulier aux États-Unis.
Des dirigeants prudemment optimistes
Par ailleurs, la perception des risques a nettement évolué depuis l’an dernier. Le risque géopolitique et sanitaire a en effet bondi à la première place. Il est cité par 74 % des sondés, contre 22 % en 2024. 68 % citent le risque économique (vs 66 % en 2024) tandis que le climat n’est évoqué que par 13 % des répondants. La décarbonation, grand sujet du monde des affaires lors de la sortie de la crise sanitaire ne fait apparemment plus florès.
Enfin, la majorité des entrepreneurs interrogés affichent un « volontarisme prudent » selon Eurogroup : 51 % se déclarent neutres, confiants ou optimistes. Bonne nouvelle, 15 % se déclarent optimistes, contre 8 % l’an dernier. Leur moral n’est pas non plus pour autant à l’euphorie. Ils sont en effet 41 % à se déclarer incertains, soit 6 points de plus qu’en 2024.
Bref, l’année 2025 sera charnière et ce sont les entreprises les plus à même de naviguer dans un contexte instable qui sortiront sûrement leur épingle du jeu. En attendant, ils estiment qu’ils auront trois principaux défis à relever cette année : l’évolution de l’activité (citée par 51 %), la préservation des marges (74 %) ainsi que les ressources humaines (47 %).
Sophie Creusillet