La marketplace chinoise Alibaba vient de publier une étude sur les opportunités à l’export créées par l’essor des plateformes multi-vendeurs. Ce baromètre révèle aussi une grande appétence des PME européennes et françaises pour l’export, y compris en Chine. Et pour la co-directrice générale d’Alibaba, Michelle Lau, les PME tricolores peuvent compter sur la bonne réputation du Made in France.
« Si une entreprise doit chercher des relais de croissance, il n’y qu’à l’export qu’elle peut les trouver », estime Michelle Lau. De fait, le baromètre réalisé pour Alibaba par Censuswide dans neuf pays européens* souligne l’appétence actuelle des entreprises européennes pour l’international et leur optimisme pour les mois à venir : 70 % des entreprises répondantes (à 80 % exportatrices) tablent sur une augmentation de leurs exportations dans les 12 mois à venir. Cette part atteint 66 % en France.
Quelle que soit la taille de l’entreprise ou le secteur de l’activité, les 9000 entreprises sondées réalisent en moyenne 52 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger.
Plus du quart d’entre elles (28 %) exportent vers d’autres pays de l’Union européenne, 21 % en Amérique du Nord et 19 % en Chine. La Belgique et le Danemark affichent la plus forte proportion d’entreprises exportatrices (90 %), l’Allemagne (73 %) et les Pays-Bas (70 %) affichant une proportion plus faible, mais tout de même élevée.
Tous pays confondus, l’Union européenne et les États-Unis sont perçus comme les marchés les plus porteurs, mais la Chine est aussi bien cotée.
Deux tiers des entreprises européennes travaillent avec des marketplaces
Mais l’international ne permet pas seulement de muscler son chiffre d’affaires quand le marché domestique fait grise mine, une motivation néanmoins partagée par 79 % des entreprises (67 % parmi les PME et 84 % des grandes entreprises). Elles sont également 80 % à affirmer que l’export a stimulé l’innovation et la même proportion a profité de ses activités à l’international pour étoffer son offre.
Cette appétence générale pour l’export, née de la nécessité d’aller débusquer de la croissance au-delà des frontières nationales, coïncide avec l’essor spectaculaire des marketplaces, ces plateformes multi-vendeurs comme Amazon, Cdiscount, Booking ou le géant chinois Alibaba, présent en France depuis 2015. Le baromètre que ce dernier vient de publier relève que 61 % des entreprises travaillent actuellement avec des plateformes de vente en ligne pour stimuler leurs exportations.
Environ un quart des entreprises interrogées (21 % en France) ont commencé à travailler avec des sites de commerce en ligne pendant la pandémie, la proportion la plus élevée étant observée en Belgique (38 %) et au Royaume-Uni (30 %). Près d’un tiers des entreprises qui travaillent avec des marketplaces déclarent que celles-ci leur ont permis de se développer sur de nouveaux marchés géographiques, grâce à une meilleure planification des stocks, à un meilleur accès à la technologie et aux outils de communication ainsi qu’à une meilleure connaissance de la concurrence et du marché.
5000 marques françaises présentes sur les plateformes chinoises
Si les Européens lorgnent sur les marchés européens et américains, ils sont 22 % selon l’étude d’Alibaba à considérer la Chine comme le marché le plus porteur à l’export. « Notre marketplace en Chine est extrêmement développée, avec un écosystème complet incluant des infrastructures technologiques et logistiques, témoigne Michelle Lau. L’écosystème que nous avons créé ces 20 dernières années est fait pour le commerce transfrontalier et pas qu’avec la Chine. Notre vision c’est de développer l’export partout et de proposer des solutions adaptées à chaque pays. »
Reste que travailler avec une plateforme chinoise pour partir à la conquête de l’Empire du Milieu est bien sûr judicieux. D’autant que les marques françaises sont déjà bien présentes sur Alibaba.
« Sur nos différentes plateformes, comme Tmall Global et Tmall Luxury, nous comptons 5000 marques françaises qui ont représenté 14,5 milliards de dollars de vente en 2022, détaille la dirigeante. La grande spécificité de l’offre tricolore c’est le Made in France qui est une marque très forte pour les consommateurs chinois. C’est un gage de qualité, une référence à l’art de vivre et à l’histoire. Et sur le marché chinois le storytelling est très important. Il y a de la place pour tous les types d’entreprises, du grand groupe à la PME. »
Formidables outils de distribution, les marketplaces ne sont pas non plus magiques et demandent un gros travail d’analyse avant de s’y lancer. « Il est important de bien travailler le positionnement de la maque et du produit, d’étudier la typologie des consommateurs et de savoir rester agile, conseille Michelle Lau. C’est un marché d’un milliard de personnes avec des comportements d’achat très variés. »
D’autant que le marché chinois est devenu plus complexe et requiert de plus grands investissements. « La concurrence y devenue très forte pour les exportateurs. Il nécessite plus de temps qu’auparavant et une vraie stratégie export, mais il y a de la place pour les PME françaises qui ont une importante marge de progression . »
Sophie Creusillet
* Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède