Renault avait pris de l’avance, la marque au Lion devait réagir sans tarder. Le groupe PSA Peugeot Citroën a confirmé le 19 juin son projet d’investissement industriel de 557 millions d’euros au Maroc, avec la signature à Rabat d’un important accord pour l’installation d’une unité d’assemblage à Ameur Seflia, dans la région de Kenitra, a environ 200 km au sud de Tanger.
L’accord a été signé au Palais Royal, en présence du Roi Mohamed VI, par Carlos Tavares, président du directoire de PSA Peugeot Citroën et Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. L’usine sera dotée, dans une première phase, d’une capacité de 90 000 moteurs et véhicules devant à terme atteindre 200 000 unités. Elle doit assembler, à partir de 2019, des moteurs et des véhicules des segments B et C (modèles citadines et compact) des marques Peugeot et Citroën.
Pour la filière automobile marocaine, et au-delà la stratégie du gouvernement marocain de faire du pays un hub industriel et commercial tourné vers les marchés de la région, c’est une bonne nouvelle : le constructeur français a annoncé un taux d’intégration local de la production de 60 % au démarrage, devant atteindre 80 % à terme. Autrement dit, il s’appuiera sur les sous-traitants installés au Maroc. Moulay Hafid Elalamy, ne s’y est pas trompé en déclarant que « cet investissement industriel démontre une nouvelle fois la pertinence de la politique mise en place, qui favorise les investissements des plus grands constructeurs mondiaux, faisant du Maroc le pôle automobile en développement du continent Africain, grâce à l’existence d’un véritable écosystème automobile, rassemblant toutes les compétences nécessaires en matière de fabrication, d’ingénierie et de sourcing »
Une véritable stratégie de reconquête commerciale sur le continent africain et au Moyen Orient
Pour le constructeur français, c’est la première brique d’une véritable stratégie de reconquête commerciale sur le continent africain et, au-delà, le Moyen Orient : déjà présent au Nigeria, PSA a en effet entrepris, dans le contexte d’un allègement des sanctions économiques occidentales sur l’Iran, de reprendre ses activités industrielles dans ce pays qui constituait jusqu’en 2012 son premier débouché mondial à l’exportation. Le constructeur s’en était retiré pour permettre un rapprochement avec l’Américain General Motors qui s’était finalement conclu par un divorce à l’amiable, fin 2013. Les négociations sont en cours avec Iran Khodro, son partenaire industriel iranien, et les autorités de Téhéran et ont été officialisées par le groupe en mars dernier.
C’est sur ces trois implantations industrielles -Nigeria, Maroc, Iran- que le constructeur français mise désormais pour repartir à l’offensive dans une zone historique pour lui, et surtout en forte croissance, où ses ambitions sont importantes. Alors qu’il estime que ce vaste marché atteindra 8 millions de véhicules annuels à l’horizon 2025, il s’agit « de préparer dès aujourd’hui les conditions de réalisation de l’ambition commerciale d’un million de véhicules sur la région Afrique – Moyen-Orient à l’horizon 2025 » indique le communiqué de presse de PSA Peugeoy Citroën.
« L’Afrique et le Moyen-Orient sont des marchés historiques pour le Groupe, en particulier pour la marque Peugeot dont la notoriété est établie de longue date, rappelle encore le groupe français, qui occupe également des positions fortes sur certains marchés (1er en Tunisie, 2ème au Maroc), et la marque Peugeot est numéro 2 en Algérie « . Et de conclure : » L’Afrique et le Moyen-Orient sont des marchés historiques pour PSA et cette région doit devenir un levier d’internationalisation rentable de notre plan Back in the Race, a notamment commenté Carlos Tavares au moment de la signature de l’accord. Cet accord signé aujourd’hui avec le Royaume du Maroc nous permettra d’avoir des capacités de production au cœur de la région pour réaliser notre ambition d’y vendre un million de véhicules en 2025 « .
C.G