La compétition commerciale au niveau mondial s’intensifie dans l’automobile. C’est le constat établi par le groupe Euler Hermes dans sa dernière étude sur le secteur automobile publiée le 12 septembre. L’étude intitulée Championnats du monde du secteur automobile passe au crible huit marchés qui représentent à eux seuls 70 % des ventes mondiales d’automobiles : l’Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, l’Inde, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni.
Le groupe d’assurance-crédit estime que les immatriculations mondiales de véhicules neufs devraient croître de 2,1 % cette année pour atteindre 95,8 millions d’unités et de +2,5 % en 2018 (98,2 millions d’unités) avant de dépasser la barre des 100 millions d’unités en 2019.
Le marché sera dominé par deux géants d’Asie qui vont tirer les ventes mondiales de véhicules en 2017 et 2018 : la Chine et l’Inde. La Chine sera la locomotive du secteur automobile, en tant que plus gros contributeur à la croissance des ventes mondiales, suivi par l’Inde, estime Euler Hermes.
La Chine et l’Inde en pole position
En Chine, premier marché automobile du monde, les ventes devraient croître de 2 % en 2017 à 28,6 millions de véhicules avant d’accélérer à +3,2 % l’année suivante à 29,5 millions d’unités, estime Euler Hermes. Le spécialiste de l’assurance-crédit prédit ainsi des ventes dépassant les 30 millions de véhicules en Chine d’ici 2019. Car malgré une croissance qui ralentit sous l’effet de la hausse des taxes sur les émissions polluantes et des restrictions sur le commerce de voitures d’occasion en janvier 2017, les ventes de véhicules neufs devraient croître à un rythme modéré soutenu par la demande dans les petites villes et les zones rurales.
Quant au marché émergent de l’occasion chinois, il devrait doubler d’ici 2020, et représenter 24 millions de véhicules, ce qui pourrait affecter le marché du neuf à moyen terme. En effet, l’étude rappelle que la Chine a arrêté d’inciter fiscalement à l’achat de véhicules neufs début 2017.
La Chine, observe l’étude, est la nation disposant de la plus importante flotte de véhicules électriques, « la demande, souligne Euler Hermes, étant tirée par une généreuse subvention gouvernementale (23 % du prix de vente) ». Néanmoins, le pays conserve son retard sur les autres pnations en matière de R&D et de technologie brevetée.
En ce qui concerne l’Inde, avec l’une des croissances les plus rapides au monde, les ventes de véhicules du pays devraient bondir de 10,7 % pour atteindre 4,1 millions d’unités en 2017, avant d’accélérer à 13,5 % en 2018 (4,6 millions d’unités). « L’engagement du gouvernement à investir dans les infrastructures, combiné à une demande croissante provenant d’une population massive et jeune, soutient les perspectives positives de croissance à moyen terme », commente l’étude. Néanmoins, celle-ci souligne le retard indien en termes d’innovation et de dépenses en R&D. En effet, alors que le manque d’énergie et d’infrastructures a entravé l’adoption de la voiture électrique, la flotte de véhicules électriques de l’Inde ne représentera que 10 % de celle de la Chine en 2017, d’après l’étude.
A contrario, le marché automobile américain en déclin devrait cette année se contracter de 2,5 % (17,4 millions d’unités vendues) et de 1,8 % en 2018 (17,1 millions de véhicules). « La montée du marché de l’occasion tire les prix à la baisse, éloignant ainsi les consommateurs du marché des véhicules neufs », constate Euler Hermes. Les États-Unis restent toutefois un leader de l’innovation, en particulier dans le domaine des batteries. L’étude rappelle également qu’en 2015, le montant des dépenses américaines en R&D s’est élevé à 16,8 milliards d’euros soit la troisième plus importante somme derrière l’Allemagne (37 Mds EUR) et le Japon (29,4 Mds EUR).
L’Europe redémarre, l’Italie fait la course en tête, le Royaume-Uni freine
L’Italie enregistre la meilleure croissance des marchés automobiles européens. Les ventes italiennes de véhicules neufs, tirées en particulier par un net regain de confiance des ménages et des entreprises, devraient ainsi croître de 7 % cette année (2,2 millions véhicules) avant de décélérer à +5 % l’année prochaine (2,3 millions d’unités).
Cependant l’étude observe qu’en Italie avec « un soutien gouvernemental limité et des infrastructures qui évoluent lentement, l’adoption de la voiture électrique n’en est qu’à ses prémisses ».
À l’inverse, au Royaume-Uni sous l’incertitude pesante du Brexit, la faiblesse de la livre et la confiance dégradée des ménages et des entreprise, les ventes déclinent après cinq années consécutives de solide croissance. Dans ce contexte, les immatriculations de véhicules neufs devraient cette année reculer de 5 % à 3 millions d’unités. La situation ne devrait pas évoluer puisqu’un recul net de 6 % est de nouveau attendu en 2018 (2,8 millions d’unités).
Des ventes en hausse en France et en Allemagne
En France, les ventes de véhicules devraient elles croître de 3 % en 2017 à 2,5 millions d’unités avant de fléchir (+2 %) l’an prochain (2,6 millions d’unités). L’étude rappelle que les constructeurs français ont compensé des ralentissements brusques en Russie et au Brésil en se recentrant sur l’Europe, leur principal marché. En 2016, 78 % des véhicules fabriqués dans l’Hexagone par des constructeurs tricolore ont été commercialisés à l’export, 49 % de ces ventes étaient destinées à des pays membres de l’Union européenne (UE).
Les constructeurs ont dépensé 6,1 milliards d’euros en R&D en 2015 et ont déposé 858 brevets en 2016, classant la France à la quatrième place derrière l’Allemagne, le Japon et les États-Unis en termes de dépenses R&D et de brevets déposés.
L’étude observe également que les équipementiers nouent des partenariats stratégiques avec des fournisseurs de technologies dédiées à la voiture autonome et connectée. En mars 2017, Valeo a ainsi acquis 100 % du capital de la start-up allemande Gestigon, spécialiste du traitement d’image en 3D de l’habitacle. En juin 2017, Cisco et Valeo ont signé un accord de coopération pour le développement d’innovations stratégiques au service de la mobilité intelligente.
Quant à l’Allemagne, malgré le scandale des émissions et les suspicions d’ententes, elle a vu ses ventes de véhicules neufs progresser de 2,1 % au 1er semestre 2017 à 2,4 millions d’unités. Les ventes devraient croître de 2,2 % en 2017 et de 1,7 % en 2018 prédit Euler Hermes. De plus, l’Allemagne, a fortement misé sur l’électromobilité et les systèmes de conduite hybride, deux objectifs principaux du virage technologique entamé. Au cours des six premiers mois de l’année, les ventes de voitures électriques, boostées par le scandale diesel, ont enregistré un bon de +115,5 % caracolant à 22 453 voitures. Surfant sur cette dynamique, les ventes devraient dépasser la barre des 50 000 unités cette année, prédit Euler Hermes.
« L’Europe va mieux, et les constructeurs produisent à nouveaux des véhicules innovants et tendance », a déclaré Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes, cité dans le communiqué de présentation de l’étude. « Cependant, nuance-t-il, le secteur automobile atteint seulement la moitié de sa croissance de 2016, handicapé par le déclin des nouvelles immatriculations aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’envolée des ventes de véhicules d’occasion dans le monde et l’arrêt des avantages fiscaux pour l’achat de véhicules neuf en Chine cette année ».
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consulter l’étude de Euler Hermes dans le fichier attaché joint ci-dessous
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