La politique protectionniste de Donald Trump franchit une nouvelle étape. À partir de ce mercredi 2 avril, des droits de douane de 25 % s’appliqueront sur tous les véhicules importés aux États-Unis. Début mai, les pièces détachées et composants automobiles subiront le même sort. Si un revirement de la Maison-Blanche n’est pas à exclure, cette décision risque de bouleverser un secteur déjà fragilisé par la transition vers l’électrique, la concurrence chinoise et la faible croissance mondiale. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
L’enjeu est majeur : en 2024, 16 millions de voitures ont été immatriculées aux États-Unis, faisant du pays le deuxième marché mondial après la Chine (26,7 millions). Officiellement, l’objectif de la mesure est double : générer des revenus et inciter à la relocalisation de la production sur le sol américain. Mais ce protectionnisme pourrait bien se retourner contre les intérêts des constructeurs nationaux.
Si General Motors, Ford et Stellantis (Chrysler, Dodge, Jeep, Ram) sont bien implantés aux États-Unis, leur production s’étend aussi au Canada et au Mexique. Résultat : le coût des véhicules va mécaniquement grimper. Selon Les Échos, l’impact pourrait atteindre 5 000 à 10 000 dollars pour un modèle importé, et environ 5 000 dollars pour un véhicule assemblé aux États-Unis mais intégrant des composants étrangers.
Des exemptions partielles pour le Canada et le Mexique ?
Premier exportateur d’automobiles vers les États-Unis, le Mexique risque d’être le plus durement touché. En 2024, il a expédié 2,9 millions de véhicules outre-Rio Grande, pour une valeur de 78,5 milliards de dollars, soit un tiers des importations d’automobiles en 2024.
En incluant les moteurs et pièces détachées, ce chiffre grimpe à 182 milliards de dollars, selon le département américain du Commerce.
Le Canada, lui, s’inquiète aussi. Selon le journal national, La Presse, 93 % des voitures produites dans le pays sont destinées au marché américain.
L’administration Trump a toutefois précisé que, compte tenu de l’accord de libre-échange entre les trois pays, Mexico et Ottawa bénéficieront d’exemptions partielles : la taxe de 25 % ne s’appliquera que sur la valeur des composants non américains.
En Europe, Porsche particulièrement exposé
Au-delà du continent nord-américain, le Japon (Honda, Subaru, Nissan, Toyota) et la Corée du Sud (Hyundai, Kia), respectivement deuxième et troisième exportateurs de voitures vers les États-Unis, devront également payer un lourd tribut, alors qu’en Europe, les craintes se concentrent sur l’industrie automobile allemande (Volkswagen, Porsche, Mercedes, BMW).
En 2024, les États-Unis représentaient 13 % des exportations de voitures neuves allemandes. Selon Bloomberg, les nouvelles taxes pourraient faire perdre un quart des bénéfices d’exploitation de Porsche et Mercedes d’ici 2026, soit 3,6 milliards d’euros. Pour absorber le choc, les constructeurs pourraient être contraints d’augmenter leurs prix ou d’accélérer leur relocalisation aux États-Unis.
Porsche, déjà fragilisé par la chute de ses ventes en Chine, se trouve particulièrement exposé. Contrairement à BMW ou Mercedes, la marque de Stuttgart ne dispose d’aucune usine sur le sol américain.
Face à ces menaces, Hildegard Müller, présidente de l’Association allemande de l’industrie automobile (VDA), a dénoncé un « signal désastreux pour le commerce libre et fondé sur des règles ». Selon elle, ces mesures risquent d’alourdir les coûts pour les constructeurs et les consommateurs, « surtout aux États-Unis », et a appelé à l’ouverture immédiate de négociations entre Washington et Bruxelles.
La Chine peu exposée
Ironie du sort : alors que Donald Trump cible la concurrence étrangère, la Chine pourrait être relativement épargnée. Les États-Unis ne représentent que 2 % des exportations automobiles chinoises, notamment en raison des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois, déjà imposées par l’administration Biden.
Surtout, ces nouvelles barrières risquent d’accroître l’écart entre les constructeurs occidentaux et leurs rivaux chinois. Le Financial Times souligne que, tandis que les marques américaines et européennes verront leurs coûts exploser, des groupes comme Byd pourront continuer de proposer des véhicules électriques abordables et technologiquement avancés.