En termes d’adoption de véhicules à batterie, d’infrastructures de recharge et de coût de détention, les automobilistes européens accélèrent leur conversion à l’électrique, selon l’indice 2023 du loueur LeasePlan. Certains constructeurs, en particulier allemands, continuent cependant de parier sur le développement de carburants neutres.
L’électrique met le turbo, on l’a déjà observé dans la progression des importations européennes et françaises de véhicules à motorisation électrique. Combinant trois critères (le nombre de véhicules en circulation, celui des bornes de recharge et le coût d’achat et d’entretien), l’EV Readiness Index de LeasePlan a bondi en Europe de 12 % en un an avec 72 points combinés.
Suivant l’explosion de la demande, ce sont les infrastructures qui ont le plus progressé dans les 22 pays étudiés (+ 43 % à 45 points), suivies par l’adoption de véhicules (+ 19 %, 42 points). En revanche la crise énergétique a fait reculer de 6 % (14 points), le coût total de détention d’un véhicule électrique.
Au 10e rang, la France gagne une place dans ce classement en améliorant son score de 6 points. C’est la troisième plus forte progression enregistrée d’une année sur l’autre, après le Danemark et le Luxembourg. Cette amélioration s’appuie principalement sur le développement des infrastructures de recharge (+ 4 points) et la hausse de la part des véhicules électriques dans les immatriculations totales de véhicules (+ 2 points), tandis que le coût de détention des véhicules électriques reste favorable aux conducteurs et aux entreprises grâce, notamment, à une fiscalité nationale incitative.
Le thermique résiste grâce à l’e-fuel
En 2022, les ventes de moteurs électriques ont augmenté de 28 % pour atteindre 1,1 million d’unités, selon l’Association des constructeurs européens (ACEA).
Celles de véhicules à batterie ont représenté à elles seules 12,1 % sur l’année (contre 1,9 % en 2019). Ce marché est particulièrement développé en Europe du Nord : Suède, Belgique, Allemagne et (surtout) Norvège. Dans ce pays scandinave, 80 % des voitures neuves vendues en 2022 étaient électriques et les autorités anticipent la fin des ventes de motorisations thermiques en 2025, soit dix ans avant leur interdiction par l’Union européenne.
Plus exactement, Bruxelles a décidé de mettre fin aux ventes de véhicules émettant des gaz à effet de serre en 2035. Ce qui, théoriquement, n’excluait pas les moteurs thermiques classiques fonctionnant au e-fuel (carburant dit « neutre » ou « synthétique »). Un argument mis en avant par l’Italie et l’Allemagne, deux pays à forte tradition automobile, mais également nombre de pays d’Europe de l’Est : la République tchèque, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie.
En décembre 2022, Porsche a ouvert au Chili, en partenariat avec Siemens Energy, Exxon Mobil, Enel Green Power, son premier site de production d’e-fuel qui devrait atteindre une production maximale d’ici à 2026. Mais ce carburant de synthèse est encore très cher à produire et requiert beaucoup d’énergie, pas forcément décarbonée.
Sophie Creusillet