En visite officielle au Common Wealth d’Australie du 30 avril au 2 mai, dans le cadre de son déplacement d’une semaine dans le Pacifique qui se poursuit actuellement en Nouvelle-Calédonie, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de renforcer, notamment dans les domaines de la défense et la sécurité, les liens forts qui unissent la France et l’Australie dans cette zone où l’influence chinoise grandit. La diplomatie économique n’a pas été absente de cette visite officielle, alors que Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères et ancien ministre de la Défense, faisait partie du voyage, lui qui avait finalisé en 2016 le contrat géant des 12 sous-marins de nouvelle génération.
Le président français, qui a tenu à effectuer cette visite en Australie dès la première année de son mandat, s’est entouré d’une importante délégation ministérielle avec une autre volonté clairement affichée d’élargir le partenariat bilatéral à de nouveaux domaines de coopération. Outre le patron du Quai d’Orsay, le président était ainsi accompagné de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, du secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, et de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
La visite présidentielle a été marquée par la signature d’une quinzaine d’accords institutionnels et commerciaux dans des domaines aussi variés que la défense, la santé, l’enseignement supérieur, la culture.
La coopération en matière de défense renforcée
À son arrivée à Sydney, le chef d’État français a été reçu par le Premier ministre australien Malcolm Turnbull. Les deux dirigeants ont signé le 2 mai un accord de soutien logistique mutuel entre les forces armées françaises et les forces armées australiennes. La coopération en matière de sécurité et de défense constitue le fondement des relations franco-australiennes depuis plus d’un siècle. À cet égard, l’Australie est un important client pour les industries aéronautiques et d’armement françaises. En témoigne encore récemment le contrat signé, le 26 février dernier, par le français Thales pour fournir à Canberra, qui souhaite moderniser l’espace aérien civil et militaire australien, son système de contrôle du trafic aérien ‘OneSKY’.
Le groupe industriel Naval Group (ex-DCNS) avait, lui, remporté le 26 avril 2016 un méga-contrat de 34 milliards d’euros pour construire la prochaine génération des 12 sous-marins de la marine australienne pour les cinquante années à venir. L’Australie avait retenu le champion français du naval de défense et son sous-marin nucléaire ‘Barracuda’. Un an plus tard, le 3 mars 2017, Jean-Marc Ayrault, le dernier ministre des Affaires étrangères et du développement international sous la présidence de François Hollande, signait à Sydney une déclaration conjointe de partenariat stratégique rehaussé entre la France et l’Australie ouvrant la voie à une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.
La visite de trois jours d’Emmanuel Macron aura donc permis d’approfondir cette coopération en matière de défense, de sécurité et de lutte contre le changement climatique (protection des récifs coralliens) tout en impulsant une nouvelle dynamique en l’élargissant à des nouveaux domaines de coopération. Objectif de Paris : la construction d’un partenariat franco-australien global pour l’innovation, l’éducation, la recherche, la culture, la santé.
Vers un partenariat franco-australien global
Les deux pays ont ainsi acté une coopération nouvelle dans le domaine de la cybersécurité, « visant à renforcer la coopération entre l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) française et le centre de cybersécurité australien (ACSC) », selon des informations du Monde.
La coopération devrait également s’élargir au domaine de la mobilité des jeunes. « Nous sommes très heureux que 200 000 jeunes français aient pu découvrir l’Australie au cours des dix dernières années grâce au Visa Vacances-Travail », a ainsi déclaré Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse conjointe avec Malcolm Turnbull. « Je souhaite aussi, a-t-il ajouté, que nous puissions accueillir beaucoup plus d’étudiants australiens en France ».
À cet égard, plusieurs accords ont été signés ou actés en présence du président français et du Premier ministre australien entre des instituts de recherche français –dont le CEA, le CNRS et le Cnes–, et australiens pour développer les échanges d’étudiants entre les deux pays et la formation d’ingénieurs.
Enfin, la France et l’Australie ont défini une coopération « entièrement nouvelle dans le domaine de la santé pour mieux travailler ensemble et échanger les bonnes pratiques en particulier sur la lutte contre le cancer et le tabagisme », a annoncé le président Macron. En matière de prévention, la France pourrait s’inspirer de la politique de Canberra qui a intensifié sa lutte contre le tabagisme.
L’Australie est le 36ème client de la France à l’exportation et les échanges sont dynamiques. En 2017, les exportations françaises vers l’Australie se sont ainsi élevées à 2,57 milliards d’euros, en hausse de 15 % par rapport à 2016, d’après les statistiques de la base de données GTA-IHS Markit. La France est pour sa part le 15ème fournisseur du pays. « Je souhaite vraiment faire de la France, le seul pays de l’Union européenne présent dans le Pacifique depuis le Brexit, l’un des tous premiers partenaires de l’Australie dans les dix ans à venir », a indiqué Emmanuel Macron.
Venice Affre
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