Unifrance et le Centre national du cinéma (CNC) ont publié le 4 septembre le bilan 2022 des exportations de programmes tricolores. Si les ventes ont affiché de belles performances, le flux global à l’international reste plombé par le fort recul des préventes et des apports en coproduction.
A 214,8 millions d’euros (M EUR), les ventes de programmes à l’export en 2022 ont grimpé de 15,4 % par rapport à 2021 et pulvérisé leur précédent record de 2017 (205,2 millions M EUR). Autre nouveauté : la répartition géographique de ces ventes a nettement évolué. La part de marché des pays d’Europe de l’Ouest a atteint un niveau historiquement bas, à 40,7 %, soit 2,6 points de moins qu’en 2021.
Après deux années de repli en raison de la crise sanitaire, la Chine effectue un retour progressif tandis que l’activité en Amérique latine est toujours entravée par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Mais la grande nouveauté, c’est la progression spectaculaire enregistrée par le marché américain. Pour la première fois, les États-Unis ont en effet été en 2022 le premier territoire d’export des programmes audiovisuels français, essentiellement grâce à l’appétit des plateformes locales pour la fiction.
La fiction devient le premier genre à l’export
Cette performance a notamment été portée par plusieurs ventes significatives dont celle de la série HPI, avec Audrey Fleurot. L’animation demeure cependant le genre le plus dynamique dans ce pays où il représente 62,2 % des ventes, contre 24,5 % pour la fiction.
Toutes géographies confondues, les œuvres de fiction ont d’ailleurs très bien marché en 2022. Avec 80,7 M EUR de ventes, elles ont affiché un chiffre d’affaires international en hausse de 40,9 % par rapport à 2021. Pour la première fois depuis 1999 (date du début du suivi statistique par genre), la fiction est devenue le premier genre à l’export.
Les ventes de documentaires sont quant à elles reparties à la hausse (+ 32,1 %) pour atteindre 48,6 M EUR, tirée par l’histoire, l’investigation et la nature. En revanche, et pour la deuxième année consécutive l’animation a reculé (de – 5,3 %) avec des ventes s’établissant à 57,6 M EUR. Malgré la reconnaissance internationale de la qualité de la production française, cette dernière pâtit d’une baisse généralisée des ventes de droits dans le monde. La raison est cyclique, selon Unifrance : elles avaient beaucoup augmenté ces dernières années avec pour conséquence le gel des droits sur les œuvres concernées pour plusieurs années.
Les plateformes de vidéos à la demande continuent de progresser
Unifrance et le CNC, qui ont présenté ces chiffres lors des Rendez-vous de Biarritz, événement incontournable pour le marché des programmes francophones, estime que les ventes de droits monde pourraient faire exception dans les années à venir. Les plateformes mondiales sont pour la plupart confrontées à des difficultés économiques et tendent à rationaliser leurs investissements depuis la fin 2022.
Par ailleurs, les revenus issus des plateformes d’AVoD (Advertising Video on Demand, vidéo à la demande gratuite et financée par la publicité) continuent de progresser, malgré les incertitudes qui continuent de planner sur la viabilité de leur modèle économique. Au total, le chiffre d’affaires issu de l’exploitation d’œuvres françaises sur les plateformes à l’étranger continue de gagner du terrain : 43,1 % des montants réalisés à l’export, contre 33,5 % en 2021 et 4,6 % en 2013. Reste que les chaînes de télévision sont toujours les principaux acheteurs de programmes audiovisuels français : les droits TV représentent (avec les ventes globales tous droits) 49,1 % de l’ensemble des ventes de programmes en 2022.
Malgré des résultats présentés comme record à l’export, le flux global de l’audiovisuel français à l’export, incluant, en plus des ventes, les préfinancements internationaux et les apports en coproduction, a baissé de 15 %, à 319,6 M EUR
Sophie Creusillet