Alors que l’appréciation positive des investisseurs américain s’érode depuis deux ans, c’est un sentiment mitigé qui prédomine dans les résultats du 24ème baromètre de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham), qui sonde chaque année le moral des dirigeants de filiales américaines en France.
Il y a des bonne et des mauvaises nouvelles dans les résultats de ce 24ème baromètre AmCham, réalisé par Bain & Company*. Au chapitre des bonnes nouvelles, le moral se redresse concernant la perception des indicateurs macroéconomiques : ils sont un peu plus à penser que la situation s’est améliorée (33 %) qu’à penser le contraire (32 %) et ils sont encore plus nombreux à estimer que les perspectives à deux ou trois ans sont positives pour la France (36 %).
Du coup, 55 % annoncent une stabilité de leurs effectifs, et 32 % une augmentation. Cette appréciation positive se retrouve aussi chez une majorité des maisons mères, à 52 %, mais leur nombre s’érode (64 % début 2021).
Attention toutefois à la dégradation du NPS, cet indicateur qui rend compte du taux de recommandation de la destination France par rapport à d’autres pays en Europe : celui-ci recule à -22%, en baisse de 10 points par rapport à 2022. Le rebond post-Covid est annulé, cet indicateur revenant au niveau de 2020 (-20%).
La remontée des « irritants »
D’où vient cette contre-performance ?
D’après les résultats du baromètre, tout en continuant à plébisciter les atouts traditionnels de l’Hexagone avec une majorité d’opinions positives – situation géographique, système de formation professionnelle et qualification de sa main d’œuvre, qualité des infrastructures, capacité en matière de recherche et d’innovation– ils sanctionnent davantage les traditionnels « irritants » : coût global de la main d’œuvre (désigné 1er critère de décision dans le choix d’une implantation en Europe), législation sociale, coût des licenciements, climat social (81 % estime que c’est un irritant pour les collaborateurs), complexité administrative et règlementaire, fiscalité.
A noter que si l’écosystème de l’innovation et son régime incitatif (crédit d’impôt recherche et crédit d’impôt innovation) reste plébiscité (84 %), un signal d’inquiétude est envoyé concernant les métiers en tension : 92 % des répondants déclarent avoir été confrontés à des problèmes de pénurie de main d’œuvre dans différents métiers et niveaux de qualification, ce qui est mieux que l’an dernier (98 %) mais encore un taux élevé, reflétant la situation générale. En outre, 47 % estiment la France mal préparée aux métiers de demain.
Comme à son habitude, l’AmCham profite de ce baromètre pour faire des recommandations au gouvernement. La première est de maintenir la « dynamique pro-business » instaurée depuis quelques années est de mener à bien les réformes annoncées. Dans la même veine, la poursuite des efforts de simplification législatives et réglementaires vient en seconde position, qu’il s’agisse des réformes structurantes, de cesser de « surtransposer » des législations européennes ou encore de fiscalité sur les entreprises. L’AmCham recommande également de capitaliser sur les atouts du pays, notamment l’innovation, et de davantage accompagner le déploiement de l’IA, notamment dans les PME. Enfin, elle recommande de résoudre le problème de main d’œuvre en capitalisant sur le système de formation et en l’ouvrant au plus grand nombre.
C.G
*Ce baromètre est issu d’un sondage effectué entre mi-décembre et mi-janvier auprès de plus de 140 répondants dont les entreprises représentent 95 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé et 75 000 emplois en France.