« L’Afrique est un endroit passionnant pour faire des affaires, mais difficile, résumait Tito Mboweni, président de la compagnie minière AngloGold Ashanti et ancien gouverneur de la Banque centrale d’Afrique du Sud, au cours de l’édition africaine du World Economic Forum. Un certain nombre de pays tirent leur épingle du jeu.
C’est ce qui ressort du classement des pays africains les plus compétitifs, The Africa Competitiveness Report 2011, publié par le WEF, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement à l’occasion de ce forum.
Se fondant sur la compilation de 12 indicateurs (institutions, infrastructures, innovation, environnement macroéconomique, santé et enseignement du premier degré, enseignement supérieur et formation, qualité du marché des biens, marché du travail, développement du marché financier, technologie, taille du marché, sophistication du monde des affaires, innovation) et un sondage mené auprès d’hommes d’affaires, cette étude révèle quelques bonnes surprises. Souvent honnies par les investisseurs étrangers, et les habitants eux-mêmes, les administrations africaines suivent dans certains cas les mêmes standards que les pays développés. Au Rwanda et au Botswana, elles sont « à pied d’égalité avec celles de la France et du Japon ».
Toujours selon le rapport, à quelques exceptions près (île Maurice, Namibie, Tunisie, Afrique du Sud, Égypte et
Gambie), les infrastructures africaines demeurent indigentes. « 65 % des investissements dans les infrastructures sont réalisés dans les télécommunications, car les résultats sont plus rapidement perceptibles que dans les transports, où la prise de risque est plus importante », estime Brian Molofe, président de la société sud-africaine de transport Transnet.
Le marché africain des infrastructures est estimé à 10 milliards de dollars. « C’est énorme, s’enthousiasme Adolfo Hernandez, vice-président d’Alcatel Lucent. En Afrique, il y a plus de gens qui possèdent un téléphone portable que de gens ayant un compte bancaire. Le marché est important mais la vraie question est : comment se faire payer ? »
Partenariats public-privé ? Programmes étatiques ? Le débat sur les modes de financement a animé le forum. Car, hormis en Afrique du Sud, les marchés financiers en sont à leurs débuts sur le continent. Selon le sondage effectué par le WEF, devant la corruption et la bureaucratie, c’est l’accès au financement qui demeure le principal frein au business en Afrique.
Sophie Creusillet
Les groupes sud-africains qui montent
Les seules sociétés d’Afrique qui essaiment sur tout le continent, et au-delà, sont sud-africaines. Tour d’horizon non exhaustif de ces champions.
• Standard Bank Group (banque)
Le groupe bancaire (banques de détail et commerciales) opère dans 17 pays subsahariens et 16 pays hors d’Afrique dont l’Argentine, le Brésil, les États-Unis, la Turquie, le Japon, Singapour et les Émirats Arabes Unis. Leader sur le continent, le groupe a très bien résisté à la crise financière de 2008.
• MTN Group (télécommunications)
Né en 1994, année de l’élection de Nelson Mandela, MTN se présente comme le leader des télécommunications sur le continent. Présent dans plus de 20 pays en Afrique et au Moyen-Orient, l’opérateur de téléphonie mobile revendique 147 millions d’abonnés.
• Napsters (médias)
Conception de sites web, presse, télévision payante, édition… En 20 ans, Napsters, qui était à l’origine un groupe de presse sud-africain, a conquis les marchés subsahariens et opère désormais en Chine, en Amérique latine, en Europe de l’Est, en Russie et en Inde.
• Aspen Pharmacare Holdings (industrie pharmaceutique)
Fleuron de l’industrie pharmaceutique en Afrique, Aspen est présent sur tous les continents. Le groupe a des sites de production au Mexique, au Brésil, au Kenya, en Tanzanie, ainsi qu’en Allemagne, et est également présent au Venezuela, en Australie, à Hong Kong, à Dubaï, en Ouganda et en Irlande.