Le dernier baromètre de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham) fait état d’une baisse du moral des investisseurs américains dans l’Hexagone, notamment en raison de la récente instabilité politique.
Les turpitudes du gouvernement français depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier ont visiblement laissé des traces. Selon le dernier sondage publié par l’AmCham, 51% des investisseurs américains estiment que la dissolution de l’Assemblée nationale en juin a affecté négativement leurs investissements ou l’attractivité du pays. Même perception pour 78 % d’entre eux au sujet de la chute du gouvernement Barnier en décembre.
De fait, 47 % des répondants considèrent que l’environnement politique et institutionnel présente un risque significatif pour l’année à venir. Cette crainte de l’instabilité politique, bête noire de tout investisseur, concentre les reproches puisque 75 % expriment leur manque de confiance dans la capacité du gouvernement français à réformer efficacement les domaines qu’ils considèrent comme essentiels à l’attractivité économique, dont la simplification des procédures et la réduction de la fiscalité des entreprises.
Inquiétudes sur la main d’œuvre
Sur le plan économique, la France ne semble pas lever plus d’enthousiasme puisque pour 45 % des investisseurs interrogés, soit 21 points de plus qu’en 2024, la situation économique est appelée à se dégrader au cours des deux ou trois prochaines années.
Résultat, leur propension à ne pas recommander l’Hexagone à des collègues ou des amis s’est amplifiée l’an dernier. Mesurée grâce à un indicateur baptisé Net Promoter Score (NPS®), elle a reculé de 22 points par rapport à 2023 pour atteindre – 44 %.
Sans surprise, la stabilité politique prend la première place des critères d’investissement, suivie de la qualification de la main-d’œuvre et du contexte économique. La disponibilité de la main-d’œuvre et son coût global viennent compléter le top 5. C’est donc la disponibilité de la main-d’œuvre qui importe davantage aux investisseurs américains cette année dans le contexte d’une pénurie qui ne s’est toujours pas résorbée, analyse l’AmCham.
L’innovation à la française continue de séduire
Tout n’est pas si sombre dans les résultats de ce baromètre. Des atouts de longue date pèsent toujours autant en faveur de la France aux yeux des investisseurs américains, comme la qualité de vie, des infrastructures de premier plan, une capacité d’innovation et l’excellence de la main-d’œuvre. L’écosystème technologique et de recherche reste ainsi un point fort, avec 76 % d’opinions positives.
« Les investisseurs américains reconnaissent les atouts structurels de la France et, maintenant que le budget est adopté, nous avons un gros effort de pédagogie à mener auprès de tous les investisseurs internationaux », a commenté le ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l’étrangers Laurent Saint Martin dans un entretien aux Echos publié mardi 4 mars. Quant à la guerre commerciale qui s’annonce avec les États-Unis le ministre estime que « l’Europe a une opportunité historique » pour « jouer cette nouvelle compétition » dans un contexte de tensions commerciales exacerbées ».
Laurent Saint Martin a d’ailleurs annoncé dans cet entretien des « Assises de la politique commerciale » rassemblant « les filières, le patronat, nos partenaires européens et des économistes » autour « des besoins de diversification de l’Union ». Il devrait également présenter prochainement le bilan 2024 des investissements directs étrangers en France, dont les États-Unis demeurent le premier pourvoyeur avec un stock de 142,1 milliards d’euros en 2023. Le désamour des investisseurs américains semble plus général car le nombre de décisions d’investissements internationaux a baissé de 7 % l’an dernier a dévoilé le ministre.
Sophie Creusillet