C’est un événement dans le petit monde de l’assurance : le fleuron français du courtage en assurance Gras Savoye va être racheté par son partenaire Willis, un des leaders mondiaux du courtage en assurance, réassurance, conseil en gestion de risques et ressources humaines, aux origines britannique mais coté à la bourse de New-York, avec lequel il était lié depuis des années par des liens capitalistiques (Willis détenait 30 % du capital) et de partenariat.
Ce n’est pas une surprise : les discussions avaient commencé il y a deux ans, alors que Gras Savoye traversaient des turbulences et était en pleine restructuration; le pacte d’actionnaire conclu alors avec le Fonds Astorg Partners, entré au capital à hauteur de 31,8 %, prévoyait une option, pour Willis, de racheter 70 % du capital en juin 2016. Mais le groupe a souhaité réaliser l’opération quelques mois plus tôt, pour accélérer son repositionnement comme groupe global.
Hier 23 avril, Willis Group Holdings plc a donc annoncé avoir remis une offre ferme pour acquérir 70% du capital de Gras Savoye, pour 510 millions d’euros. « Le Conseil de surveillance de Gras Savoye a accueilli favorablement cette offre » précise un communiqué du groupe. De même que son conseil d’administration, qui s’en est réjouit, selon Patrick Lucas, son président, représentant de la troisième génération de la famille Lucas aux manettes de cette belle société aux origines patrimoniales, comme Willis. « Nous travaillons ensemble depuis 40 ans et cette opportunité représenterait la suite logique de notre relation, estime-t-il dans le même communiqué. Ensemble, nous serions plus forts et nous pourrions proposer à la fois une offre globale exceptionnelle à nos clients et de belles opportunités de carrière aux collaborateurs de Gras Savoye et de Willis ».
Willis s’est en outre engagé à ce que Gras Savoye conserve sa dénomination sociale et sa marque sur des marchés-clés, notamment la France. « Paris deviendrait ainsi l’un des centres d’expertise mondiaux pour le nouveau groupe » assure-t-il dans son communiqué. Autant d’éléments qui devraient favoriser l’issue positive de cette transaction d’ici fin 2015. Elle doit être encore validée par les autorités règlementaires et de la concurrence et l’acceptation des autres actionnaires de Gras Savoye (famille et Astorg, essentiellement).
Au plan stratégique, ce rapprochement est présenté comme le moyen de renforcer l’offre des deux groupes et de donne naissance à un nouvel acteur global dans ses métiers, « grâce à un ancrage fort à
l’international ». Une fois les réseaux réunis, le nouveau groupe afficherait une présence dans 131 pays, dont 84 filiales détenues en propre. Il disposerait notamment d’un « réseau solide » sur le marché français -5ème marché au niveau mondial pour l’assurance-, où Gras Savoye est déjà leader, d’une offre renforcée pour les groupes internationaux (en France, sont basées 31 des 500 sociétés du classement Fortune Global 500, rappelle-t-il), d’un accès élargi aux économies et aux marchés d’assurance à forte croissance (Europe centrale et de l’Est, Moyen-Orient, Afrique). En Afrique, où Gras Savoye est bien implanté, notamment dans toute la zone francophone et au-delà, à eux deux, les deux courtiers possèdent 42 bureaux dans 31 pays.
C.G